EN BREF – Le musée de l’Ancien Évêché expose « Les Alpes de Jean de Beins, des cartes aux paysages » (1604−1634) jusqu’au 21 mai 2018. Nul besoin d’être féru de cartographie ancienne pour apprécier ces vues de villes, plans et autres cartes “particulières”, dont les qualités esthétiques sont indéniables.
Dans son opération de mise en lumière du duc de Lesdiguières, le département de l’Isère sort de l’ombre un autre personnage : Jean De Beins. À l’instar de celui qui lança sa carrière, l’histoire l’a, lui aussi, quelque peu oublié.
Le musée de l’Ancien Évêché expose donc son travail jusqu’au 21 mai 2018 sous le titre « Les Alpes de Jean de Beins, des cartes aux paysages (1604 – 1634) ».
De fait, Jean de Beins était ingénieur-cartographe. En cette qualité, il dressa la première cartographie détaillée de la province du Dauphiné (correspondant aux actuels départements de l’Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes), dont le duc de Lesdiguières était le gouverneur.
Une exposition de cartes ? Intéressant pour les seuls géographes, pourrait-on redouter. C’est sans compter sur la qualité esthétique desdites cartes. Agé d’une vingtaine d’années entre 1606 et 1609, quand il entreprend cette lourde tâche, Jean de Beins fait alors preuve d’un remarquable souci du détail. Il exécute des dessins dont la délicatesse du trait laisse apprécier ces cartes comme de véritables œuvres d’art.
Un pionnier de la cartographie moderne
Au-delà de leur dimension artistique, les cartes réalisées par Jean de Beins présentent bien sûr un véritable intérêt géographique et historique.
Le roi Henri IV a en effet un besoin urgent de pouvoir lire le nouveau territoire dessiné par la France au lendemain des guerres de Religion (de 1588 à 1601) et du conflit opposant le pays à la Savoie et à l’Espagne (de 1588 à 1601). L’enjeu est d’abord militaire, bien sûr : il s’agit de déterminer quels chemins peuvent emprunter les troupes. Capital dans un territoire au relief aussi tourmenté.
Jean de Beins fait aussi figure de pionnier de la cartographie moderne à travers les trois types de procédés qu’il utilise. Les cartes “particulières”, à moyenne échelle, représentent une vallée ou un “pays” de la province. On devine le nombre d’expéditions réalisées par le jeune homme, qui n’avait alors d’autres moyens que de gravir les sommets pour s’offrir le seul point de vue lui permettant d’appréhender et de mesurer le territoire.
Deuxième procédé cartographique, les plans représentent les places fortes et confirment ses qualités d’ingénieur. Enfin, les vues de villes, à grande échelle et en perspective, délivrent un luxe incroyable de détails. Comme c’est le cas de la très jolie vue de Grenoble, « Paisage de Grenoble » (voir ci-dessus), réalisée en 1604. La première à représenter la ville dans son enceinte montagneuse.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Les Alpes de Jean de Beins, Des cartes aux paysages (1604 – 1634)
Du 21 octobre 2017 au 21 mai 2018
Gratuit