REPORTAGE - Les salariés de la MC2 ont reconduit, vendredi 15 décembre, le mouvement de grève entamé mercredi matin, après de nouvelles négociations infructueuses avec la direction dans l'après-midi. Trente-quatre des cinquante-cinq membres du personnel avaient alors débrayé, dénonçant pêle-mêle les mauvais résultats financiers, les méthodes de management de la direction et la dégradation du dialogue social et des conditions de travail. Un mouvement qui a entraîné l'annulation des deux spectacles programmés vendredi soir.
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Accrochée au fronton du bâtiment, sur le parvis de la Maison de la culture, la banderole noire siglée “MC2 en grève” aimante les regards.
Faisant les cent pas autour, munis de leur pile de tracts, plusieurs salariés de la MC2 interceptent à tour de rôle les premiers spectateurs, ce jeudi 14 décembre au soir.
Pour ces derniers, c'est d'abord la douche froide : jouée dans une version a minima mercredi soir, la pièce Sombre Rivière, écrite et mise en scène par Lazare, est purement et simplement annulée cette fois-ci. Mais passés les premiers signes de déception, les explications du personnel suscitent, dans la plupart des cas, la compréhension, voire l'approbation du public. Trente-quatre des cinquante-cinq salariés de la MC2 sont en effet en grève depuis mercredi. Un mouvement qu'ils ont décidé de reconduire vendredi soir, faute d'accord avec la direction.
Une situation financière « périlleuse »
Si leurs griefs sont aussi multiples que variés, le malaise, relativement ancien, résulte d'une « situation interne problématique depuis de nombreuses années », selon une gréviste. Premier point, un climat d'incertitude financière devenu très « préoccupant », avec un « déficit croissant ayant atteint un tel niveau que se pose la question des emplois », poursuit celle-ci.
Fin 2016, un rapport de la Cour régionale des comptes pointait déjà la situation financière « fragile » de la MC2, concluant que la priorité devait être donnée à la « résorption du déficit ». Une promesse que le directeur Jean-Paul Angot – ancien directeur adjoint, nommé fin 2012 et réélu en janvier 2017 – s'était engagé à tenir auprès des autorités de tutelle de la structure (Ville, Métropole, Département, Région, État).
En 2016, le déficit était estimé à 432 000 euros, pour un budget global de 10 millions d'euros provenant à 65 % de financements publics. Problème : si ce déficit venait à dépasser les 6 % du budget (soit 600 000 euros), cela justifierait un plan social. Une véritable épée de Damoclès alimentant les craintes du personnel.
« La direction nous dit qu'on est loin des 6 %, qu'il n'y aura pas de plan social, mais en même temps, elle nous dit qu'elle ne connaît pas le déficit réel de la maison », s'agace Nejib Maaroufi, délégué syndical SYNPTAC-CGT (Syndicat national des professionnels du théâtre et des activités culturelles). Inquiètes, les instances représentatives du personnel ont décidé d'exercer leur droit d'alerte économique, mercredi, à l'issue d'un comité d'entreprise extraordinaire.
D'après certains grévistes, l'élément déclencheur est intervenu à l'occasion « d'un des derniers comités d'entreprise, lorsque la direction a évoqué la situation financière “périlleuse” de la MC2. Ce mot-là a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et a déclenché beaucoup d'inquiétude. Suite à cela, il y a eu une demande du CE [comité d'entreprise, ndlr] pour organiser une réunion d'urgence et en savoir un peu plus : que veut dire “périlleux”, pourquoi la situation est-elle périlleuse maintenant ? Est-ce que ça veut dire licenciements, problème de masse salariale, déficit qui se creuse ? »
« Les conditions ont commencé à se dégrader avec l'arrivée de la nouvelle direction »
Pour les salariés, l'inquiétude est d'autant plus vive qu'aux difficultés financières s'ajoute une dégradation des conditions de travail, qualifiées de « déplorables » par Nejib Maaroufi. Un phénomène qui « date déjà de quelques années », affirme une gréviste.
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