EN BREF – Fin novembre, la société meylanaise Koelis, spécialisée dans la chirurgie urologique assistée par ordinateur, a annoncé avoir permis le traitement ultra-ciblé du cancer de la prostate chez un patient. Une première mondiale réalisée à l’hôpital Cochin et rendue possible grâce à la nouvelle technologie d’imagerie médicale par fusion d’images développée par Koelis et intégrée à la plateforme Trinity® existante.
« La prise en charge du cancer de la prostate nécessite la localisation précise de la tumeur et de la zone à traiter », explique Antoine Leroy, président fondateur de Koelis, société meylanaise spécialisée dans la chirurgie urologique assistée par ordinateur.
Confiante en sa nouvelle technologie par fusion d’images intégrée à la plateforme Trinity®, Koelis espère bien relever le défi.
D’autant que, fin novembre, l’équipe du professeur Nicolas Barry-Delongchamps du service d’urologie de l’hôpital Assistance publique – Hôpitaux de Paris Cochin a utilisé avec succès le dispositif. Ce, pour un traitement ciblé exclusivement sur la zone cancéreuse chez un patient atteint d’un cancer de la prostate.
Une première mondiale réalisée dans le cadre de l’étude clinique Fostine lancée en septembre dernier. Cet essai-pilote sur dix patients pendant douze mois est mené dans deux centres en France, dont l’hôpital Cochin, et en Belgique.
Bientôt un traitement révolutionnaire du cancer de la prostate ?
Grâce à l’intégration de la cartographie 3D en temps réel, le dispositif Trinity® ainsi optimisé, a permis aux chirurgiens de localiser, caractériser mais aussi atteindre avec haute précision la lésion tumorale au sein de la prostate au moyen d’une aiguille parfaitement guidée. Ceux-ci ont alors pu administrer le traitement dans la seule zone concernée. Comment ? En y libérant très localement des micro-ondes. Et donc, sans endommager le reste de l’organe.
Si l’étude clinique le confirme, l’utilisation de ce dispositif révolutionnera le traitement du cancer de la prostate. En effet, jusqu’ici, « bien qu’une part importante de ces cancers soit de petite taille et peu agressifs, il n’existe pas d’autre solution validée qu’une surveillance ou un traitement radical de toute la glande, évidemment très morbide », commente le Professeur Nicolas Barry-Delongchamps, investigateur principal de l’étude Fostine.
L’ablation complète de la prostate est particulièrement pénalisante puisqu’elle s’accompagne d’un cortège d’effets secondaires très gênants tels que l’impuissance et l’incontinence.
Un traitement non chirurgical, local, indolore et efficace
Le dispositif d’imagerie médical développé par Koelis est d’autant plus innovant qu’il permet d’améliorer en amont la précision du diagnostic du cancer de la prostate. Ce qui limite, par conséquent, le risque de sur-traitement par ablation complète de l’organe. La plateforme facilite aussi le suivi de la pathologie grâce à la superposition d’images d’anciens diagnostics. Et autorise le prélèvement de petits échantillons de tissus cancéreux au cours d’une biopsie.
Tous l’espèrent désormais, médecins comme patients, il devrait également permettre l’avènement d’un traitement non chirurgical très localisé, indolore et efficace des lésions cancéreuses de la prostate par des micro-ondes. La finesse du dispositif est telle qu’il rendrait possible le traitement précoce des tumeurs de petite taille, de façon rapide et reproductible. De quoi réduire significativement le risque de complications, tant redoutées par les malades.
Véronique Magnin
CANCER DE LA PROSTATE
Les chiffres
Le cancer de la prostate est aujourd’hui la troisième cause de décès par cancer chez l’homme dans le monde. En France, il se trouve au premier rang des cancers, avec 71 000 nouveaux cas chaque année devant les cancers du poumon et colorectal. Il est responsable de 9 000 décès par an.
Dépistage et diagnostic
Deux méthodes permettent actuellement de dépister un potentiel risque de cancer : le toucher rectal et le dosage sanguin d’une protéine spécifique de ce cancer, le PSA (Prostate Specific Antigene). En cas de confirmation du risque, le diagnostic final s’effectue via une biopsie de la prostate. Des échantillons de tissus prostatiques sont alors prélevés puis analysés en laboratoire, où sont déterminées la probabilité de présence d’un cancer et son agressivité.