FOCUS – La réunion publique entre habitants et élus de Grenoble organisée par l’union de quartier Championnet Bonne Condorcet Hoche (CBCH) le 29 novembre dernier a mobilisé une centaine de personnes. Les inquiétudes exprimées ce soir-là vont notamment prendre forme dans deux courriers qui seront adressés prochainement à la municipalité.
Ni « inféodé à une mairie », ni « village gaulois » : c’est ainsi que Thierry Lefebure présente l’Union de quartier Championnet Bonne Condorcet Hoche (CBCH) qu’il préside. Une union de quartier qui tenait son conseil d’administration lundi 11 décembre, faisant notamment le point sur la réunion publique organisée le 29 novembre dernier avec les élus, dont le maire de Grenoble Éric Piolle et l’élu de secteur Antoine Back.
Une réunion – qui a demandé de longues semaines de préparation, entre nécessité de convenir d’une date avec la municipalité et de trouver un lieu pour accueillir les participants – s’est finalement tenue à la Maison des habitants du Bois d’Artas. Plus d’une centaine de personnes étaient présentes et certaines ont dû renoncer à participer, faute de place.
Des échanges tendus… sans foire d’empoigne
Bilan de cette rencontre ? Des échanges de qualité, juge Thierry Lefebure. « Cette soirée était faite pour que les gens s’expriment, insiste-t-il, et ils ont été très professionnels, ont posé des questions sur les sujets importants ». Et si l’ambiance était tendue par moment, le vice-président de l’union de quartier Frédéric Champavier note que la soirée n’a rien eu d’une foire d’empoigne : « Ce n’était pas le but, on a fait en sorte qu’il y ait le moins de heurts possibles. La polémique pour la polémique, c’est trop facile. »
La polémique n’a toutefois pas été absente des échanges. Si l’opposition à la fermeture du bureau de poste du quartier Championnet a fait consensus entre les habitants et la municipalité, il n’en a pas été nécessairement de même sur les autres problématiques abordées durant la soirée. À commencer par les questions d’aménagements urbain, pour la rue Lakanal, le square Silvestri ou dans le cadre de Cœurs de Ville, cœurs de métropole (CVCM).
Entre « zone de rencontre » et bouchons quotidiens
La rue Lakanal, artère stratégique entre le boulevard Gambetta et la place Championnet, serait ainsi vouée à devenir une « zone de rencontre », soit une zone limitée à 20 Km/h avec priorité absolue accordée aux piétons. Une bonne idée ? « À condition que cela ne devienne pas la rue de la soif ! », nuance le président de l’union de quartier, récemment cosignataire d’une lettre interpellant Éric Piolle sur les nuisances, bruits et dégradations, engendrés par l’abondance de débits de boisson.
Les embouteillages à proximité nuisent-ils également au bien-vivre ? C’est l’un des grands motifs de colère des habitants du quartier. Le nouveau plan de circulation CVCM serait cause de bouchons en matinée et en fin de soirée, bien supérieurs à ce qui était observé auparavant. Frédéric Champavier en a fait l’un de ses chevaux de bataille, et pour cause : il est également membre du collectif Grenoble à cœur, pourfendeur du projet de métropolitain.
« Le village Championnet a été sacrifié au dogme Cœurs de ville, cœurs de métropole ! », assène-t-il ainsi, reprenant mot pour mot les termes d’une habitante durant la réunion publique. Et l’argumentaire des élus n’a pas convaincu. « Ils ont répondu que la circulation avait baissé rue Hoche, personne n’y croit… Et ils ont comparé deux mois différents sur deux ans ! », s’agace de son côté Thierry Lefebure.
Le square Silvestri « privatisé » ?
Le réaménagement du square Silvestri, situé en face de la Caserne de Bonne et à proximité de la Maison des associations, agace tout autant. L’idée de la municipalité ? Y installer un terrain de basket-ball et revoir les équipements dédiés à la pratique du skate pour les rendre plus adaptés aux pratiquants chevronnés. Frédéric Champavier, lui, craint surtout la disparition d’un lieu de rencontre au profit d’activités bruyante.
« Pour le coup, c’est une vraie zone de rencontre ! plaide-t-il. Vous avez des personnes qui font leurs courses et se reposent sur les bancs, d’autres qui viennent avec leurs enfants ou petits enfants, des ados qui s’initient au skate, des gens qui viennent jouer à la pétanque, la Maison des associations qui organise des apéros… Et vous avez des arbres, de la verdure. Alors demain, on privatise un espace, on coupe les arbres, avec un îlot de fraicheur qui ne bénéficiera plus à personne ? »
Deux courriers de propositions adressés à la Ville
Quelle suites à cette réunion publique ? Le conseil d’administration de l’union de quartier a validé le principe d’envoyer deux courriers à la municipalité dans les jours qui viennent. Le premier pour demander une étude d’impact sur l’aménagement du square Silvestri. Le deuxième pour proposer la création d’une voie de circulation entre la rue Hoche et la rue Lesdiguières afin de « désengorger Hoche et Gambetta et faciliter l’accès aux différents parkings ».
Et Frédéric Champavier d’ajouter une demande : « une vraie politique de sécurité ». Dernier sujet au cœur des préoccupations de l’union de quartier, les nuisances et le sentiment d’insécurité ont, en effet, alimenté les débats. « Il y a une recrudescence des actes, estime le vice-président. On attend que la municipalité prenne les mesures qui s’imposent et mettent les moyens pour que les gens qui vivent ou viennent à Grenoble et les commerçants se sentent en sécurité ! »