FOCUS – Des chercheurs grenoblois du CEA-Leti sont parvenus à exploiter les rayons X diffusés dans les tissus de glandes mammaires de souris pour lever les doutes sur leur nature saine ou tumorale. Publiée le 26 septembre sur le site du pôle recherche technologique du CEA (CEA Tech), cette avancée augure la possibilité future d'un diagnostic plus précis du cancer du sein par radiographie.
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Alors que depuis 1994, la campagne Octobre rose sensibilise chaque année les femmes au dépistage du cancer du sein, qu’en est-il de la performance de la mammographie ? Sans remettre en cause son indéniable utilité, cette radiographie qui vise le dépistage des tumeurs de petite taille, non palpables, détecte seulement deux tiers des cancers dans les seins denses.
La résolution actuelle des détecteurs spectrométriques de rayons X* permettant de cartographier la densité du sein, peut également conduire l’expert radiologue au diagnostic de faux positifs.
Or ces derniers, qui représentent 10 à 15 % des cas de cancer diagnostiqués, sont sanctionnés par une biopsie. Une marge d'erreur d’autant plus préjudiciable que cet examen, inutile dans ce cas précis, n’en demeure pas moins long, invasif et par conséquent, très éprouvant pour les patientes.
Les faux positifs vont-ils bientôt pouvoir être écartés ? C’est là tout l’espoir des chercheurs grenoblois du Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information (Leti). Ces derniers ont annoncé avoir mis au point une nouvelle génération de détecteurs spectrométriques non refroidis, le 26 septembre dernier, sur le site du pôle recherche technologique du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA Tech).
Leur précision s'avère telle qu'ils permettent de distinguer au premier coup d’œil les tissus sains des tissus tumoraux. Du moins les technologues l’ont prouvé chez la souris, au moyen d’expérimentations réalisées sur des échantillons de glandes mammaires.
Lever les doutes grâce aux rayons X diffusés
Le problème avec la mammographie pratiquée aujourd'hui réside dans l’image de projection sur un détecteur plan de la structure du sein traversée par les rayons X. Celle-ci ne peut en effet s’affranchir de la superposition des tissus liée à l’épaisseur de l’organe.
« Les cellules constitutives des tissus adipeux, fibro-glandulaires et parfois cancéreux du sein se superposant, l’expert radiologue peut dans certains cas avoir des doutes qui le mènent au diagnostic de faux positifs », précise Loïck Verger, chef du laboratoire détecteurs au sein du département orienté technologies médicales (Medtech) du CEA-Leti.
Avec le nouveau détecteur spectrométrique de rayons X développé par le CEA-Leti, la stratégie d'exploration est différente. En effet, cet instrument ne s’intéresse pas à l’atténuation des rayons transmis pour cartographier la densité du sein, mais détecte en revanche les rayons X diffusés, ceux qui ont interagi avec la matière.
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