EN BREF – On pensait la ligne Gap-Grenoble sauvée. Mais les atermoiements du Département de l’Isère sur la question du financement pourrait bien sonner le glas de cette desserte ferroviaire. Alors que la SNCF s’apprêterait à fermer un croisement stratégique, le collectif de défense des usagers de la ligne tire une nouvelle fois la sonnette l’alarme et appelle au rassemblement samedi 14 octobre. Pas sûr que le millier de passagers quotidiens fasse le poids…
Alors que la Région avait annoncé le lancement d’un vaste plan de sauvetage des petites lignes ferroviaires et que la Métropole de Grenoble, lui emboîtant le pas, avait décidé de mettre la main à la poche, le retrait du Département de l’Isère du plan de financement va-t-il sonner le glas de la ligne Grenoble-Gap ?
Au début de l’été, le conseil départemental de l’Isère (comme celui des Hautes-Alpes) a en effet fait part de ses réticences à financer la ligne qui relie les deux chefs-lieux de département en passant par Veynes. Au vu du montant des travaux à engager (50 millions d’euros en tout) et de la fréquentation de la ligne (entre 600 et 1 000 selon les estimations), priorité est pour l’exécutif départemental clairement donnée au Grenoble-Lyon et ses 20 000 passagers quotidiens.
Un rassemblement à Lus-la-Croix-Haute pour sauver le Grenoble-Gap
Mais voilà, Laurent Wauquiez ayant conditionné sa participation à celle du Département, l’avenir du Grenoble-Gap, seule liaison ferroviaire directe entre Grenoble et le sud des Alpes, paraît bien compromis. Sur le terrain, le collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes qui, depuis des années, se bat pour sauver la ligne, n’en finit pas de tirer la sonnette d’alarme. Samedi 14 octobre, ce groupement d’usagers et de cheminots appelle à nouveau à un rassemblement à 14 h 30, en gare de Lus-la-Croix-Haute (Drôme).
« Encore ? Malheureusement, oui », se désole le collectif dans un communiqué. « C’est que malgré les annonces volontiers rassurantes mais toujours floues des autorités, malgré une fréquentation qui se maintient à mille voyageurs par jour en dépit d’une progressive dégradation du service, malgré la mobilisation des usagers, des cheminots et des élus locaux, la ligne Grenoble-Gap se rapproche pour l’instant d’une mort à moyen terme. »
L’État et les régions accusés de se renvoyer la patate chaude du financement
Le groupement d’usagers et de cheminots précise : « D’une part, SNCF Réseau s’apprête à fermer le croisement en gare de Lus, en aggravant volontairement les problèmes de circulation sur une ligne déjà malade d’être sous-entretenue. Au risque de faire perdre patience aux usagers jusqu’ici fidèles. D’autre part, tout en affirmant la main sur le cœur vouloir “sauver” la ligne, l’État et les deux Régions (Auvergne Rhône-Alpes et Paca, ndlr) concernées se renvoient la patate chaude pour savoir qui déboursera les cinquante millions nécessaires pour éviter la fermeture de la voie d’ici quelques années. En attendant, pas un seul centime n’a été budgété par ces autorités. »
Pendant ce temps, la ligne se dégrade chaque jour un peu plus. Résultat : à partir de la fin de l’année, il faudra compter huit minutes de plus pour faire le trajet Grenoble-Gap. « Ce rallongement entraînant des impossibilités de croisement, deux trajets quotidiens entre Clelles et Gap seront supprimés », souligne le collectif de défense de la ligne qui y voit une mort à petit feu.
« Le paradoxe c’est que, si SNCF Réseau autorisait le croisement des trains en gare de Lus, ces deux trains pourraient peut-être continuer de rouler. En effet, le jeu des reports de croisements vers des gares et des horaires différents permettrait plus de souplesse dans la gestion du trafic. Mais l’entreprise responsable du réseau préfère tirer sur l’ambulance », juge le collectif.
Patricia Cerinsek