FOCUS – Le langage éclectique de ToinouX ReligieuX s’expose à la galerie Le Mur, au 144 du cours Berriat, jusqu’au samedi 14 octobre. L’artiste ne prétend pas avoir inventé la poudre. Comme bien d’autres avant lui, il réconcilie érotisme et religion. Mais il le fait dans un style qui lui est propre, aussi joyeux que troublant. Il s’en ouvre ici.
Son pseudonyme joint ses deux marottes : érotisme et religion. Deux domaines qui se lient sans s’exclure dans le langage artistique multiple de ToinouX ReligieuX. Comme on l’observera, en partie, sur son blog ou sur les murs de la toute récente galerie associative sobrement nommée… Le Mur, qui expose son travail jusqu’au samedi 14 octobre.
Missives érotico-absurdes au charme désuet, maximes aussi inspirées que lapidaires, dessins, clichés et vidéos décalés, objets aux relents mystiques chinés ici et là… Ce qui semble tenir du désordre le plus assumé fait pourtant corps chez ce jeune homme, dont le quotidien fait perpétuellement l’objet d’exploitation artistique.
Correspondances fantasmées et réelles
Les relations épistolaires n’ont rien d’anachronique chez Antoine – dont on aura aisément deviné le prénom sous l’alias. Il les cultive même au quotidien.
« J’envoie chaque jour des lettres à mes amis, que j’accompagne de tampons, de dessins, d’images en tous genres. Dès que j’ai un moment, j’écris, sinon je suis sujet aux angoisses », confesse-t-il sans fausse pudeur.
Et ses lettres érotiques (voir ci-contre), qui en sont les destinataires ? Il le concède : « Celles-ci sont fantasmées. » À l’instar de celles dont il accompagne l’écriture lors de ses “workshops” – pour attaché que soit Antoine à la belle langue, il n’en cède pas moins à certains anglicismes –, dont le prochain est programmé samedi 14 octobre (voir infos pratiques).
« Avant l’écriture, je fais en sorte que les gens se rencontrent via la conversation, qu’ils présentent l’amoureux qu’ils pensent être ou qu’ils aimeraient être. »
Sans déflorer le contenu de l’atelier, on notera que, dans son travail « officiel », Antoine se doit de faire preuve de patience, de pédagogie et d’inventivité. Ce qui devrait faire de lui, en toute logique, l’accompagnateur idéal dans la rédaction de telles missives.
Vanité des vanités, tout est vanité
« Ce que je raconte est très décousu », s’excuse-t-il. Pourtant, dans sa conversation « à sauts et à gambades », transparaît bel et bien un tempérament artistique cohérent. Ce qui passe à sa portée devient potentiellement sujet à exploitation artistique. « Même si je ne possède pas une grande technicité pour chacun des langages que j’utilise », tempère-t-il. « C’est justement ce que j’aime, pouvoir m’exprimer librement en dehors des cadres, comme je l’ai d’abord fait dans des performances dansées. »
Son installation à la galerie Le Mur est à l’avenant : non figée dans le temps, contrairement à cette indéboulonnable statue qui le représente enfant et qui trône toujours dans la petite ville du Nord de la France dont il est originaire. Ses parents, ayant accepté qu’à sept ans Antoine serve de modèle, expliquèrent ainsi la démarche au jeune garçon : « Cette statue qui te représente restera après toi. »
Amusé, il analyse ainsi l’épisode : « Mes études m’ont appris depuis que c’est justement à 7 ans qu’on prend conscience de la mort. La statue a donc fait très fort écho à ce qui germait déjà dans mon esprit. » Finitude humaine, certes angoissante, mais qui devient, là encore, propice à détournement (cf. cliché ci-dessus).
Psychanalyse de comptoir mise à part, les missels et autres crucifix, qu’il chine sans vergogne, ont-ils à voir avec un quelconque besoin de transcendance ? « Je suis assez fétichiste des objets. J’ai beaucoup de crucifix et de missels parce que je les trouve jolis. Je crois aussi que je m’accapare ainsi le champ lexical religieux pour me l’approprier et me donner des chances d’avoir une vie après la mort. » Pas si gadgets donc les objets chinés par ToinouX ReligieuX, dont le pseudonyme ne tient pas autant de l’antiphrase que supposé au premier abord.
Adèle Duminy
Infos pratiques
Galerie associative
144 cours Berriat, à Grenoble
Horaires d’ouverture
Samedi 7 et samedi 14 octobre, de 15 heures à 17 heures
Mardi 10 octobre, de 17 heures à 19 heures
Atelier en compagnie de l’artiste
Samedi 14 octobre, de 15 heures à 17 heures
Pour vous inscrire : antoine.taine@laposte.net
8 euros par personne