FIL INFO – L’Office de lutte contre le cancer (ODLC) Isère dresse le bilan de son projet d’accompagnement de proximité vers la mammographie de dépistage en Isère. Un projet réalisé entre janvier 2016 et juillet 2017 à l’intention des femmes de 50 à 74 ans habitant quatre quartiers classés “politique de la ville” (ou socialement défavorisés) : deux à Grenoble et deux à Villefontaine.
Objectif du projet : « augmenter en dix-huit mois la participation au dépistage organisé du cancer du sein » des habitantes des quartiers Abbaye-Teisseire et Mistral à Grenoble, et Saint Bonnet et Les Roches à Villefontaine. L’ODLC partait du constat que le taux de participation à ces dépistages était plus bas dans les quartiers prioritaires en politique de la ville, l’impact des campagnes de prévention nationales s’avérant plus faible sur les personnes les plus précaires.
Des résultats positifs
Pour autant, l’étude livre des résultats encourageants. « 778 habitants ont été sensibilisés lors de temps collectif, 189 femmes ont été jointes par téléphone avec 41 dépistages faits suite à l’action et, enfin, 68 personnes ont été rencontrées via le porte-à-porte avec 9 dépistages réalisés », détaille l’ODLC. Des chiffres supérieurs à ceux obtenus dans deux « territoires de comparaison », situés à Vienne et à Saint-Martin-d’Hères.
Le projet a encore permis d’identifier les motifs de réticence face au dépistage organisé, telles que la peur du résultat, le tabou culturel autour du cancer, voire l’influence maritale. Les difficultés linguistiques (pour la lecture du courrier ou la prise de rendez-vous) et d’accès à la santé (pour les personnes isolées ou dans des zones médicalement moins denses) s’avèrent également plus importantes que dans d’autres quartiers.
D’autres problématiques de santé identifiées
En conclusion, l’ODLC juge que l’action médico-sociale mise en œuvre a « permis d’engager des changements de comportement en santé auprès de publics précaires ». Les actions les plus efficaces ont pu être identifiées, notamment les prises de contact par téléphone ou les animations mêlant divertissement et information.
L’office de lutte contre le cancer envisage à présent une action sur trois ans, « afin d’assurer la pérennité et la cohérence du travail engagé ». Et veut tirer des conclusions médicales au-delà de la seule question du cancer. « D’autres problématiques de santé ont été identifiées et justifient la pertinence de ce type d’intervention de grande proximité auprès des plus précaires », conclut-il.
FM
Des méthodes de sensibilisation collectives et individuelles
Les méthodes retenues pour mener à bien ce projet auront été collectives autant qu’individualisées. Quelles actions collectives ont été menées par l’ODLC ? « La rencontre des différents acteurs de terrain pour leur proposer un partenariat, la participation aux activités et évènements de quartier afin de s’intégrer à la vie locale et, enfin, l’organisation d’interventions spécifiques sur le dépistage », décrit l’office.
L’axe individuel, pour sa part, consistait en des actions de « phoning » (démarchage par téléphone) et de porte-à-porte, sur la base d’un fichier regroupant les femmes âgées de 50 à 74 ans n’ayant pas participé depuis plus de deux ans au dépistage organisé. Des actions, notent l’ODLC, qui ont pu aussi avoir des effets négatifs. Ainsi, parmi les freins au dépistage, certaines femmes mentionnent « l’impression de ne pas avoir le choix, d’être harcelées ».