« Je n’ai rien fait de mal, je souffre seulement d’un accident de la vie ou de travail et pour cela ST m’a viré. » Tel est le témoignage que veut porter la CGT du site STMicroelectronics de Crolles. Le syndicat a publié un communiqué et organisé un rassemblement ce jeudi 28 septembre pour dénoncer le licenciement de salariés au motif, affirme-t-il, de leur handicap.
La CGT cite deux exemples de personnes en situation de handicap remerciées par le fabricant de semi-conducteurs : celui de Rémi Salomon, salarié de STMicroelectronics depuis 2004, et licencié plutôt que reclassé, le 11 septembre dernier, pour « inaptitude » parce qu’il souffre d’acouphènes l’empêchant de travailler en salle blanche.
Et celui de Valérie Tranchant, reconnue travailleuse handicapée pour ses douleurs dorsales et renvoyée par l’entreprise en 2017 au retour d’un accident du travail.
Des reclassements possibles sur Crolles 2, assure la CGT
Deux exemples qui « ne sont pas des cas isolés », clame la CGT. Le syndicat juge que l’article 15.4 du nouvel accord handicap, permettant le reclassement externe de salariés s’ils ne peuvent être reclassés en interne, est abusivement utilisé. « La recherche de reclassement interne devient une formalité expédiée très rapidement. Et les salariés se retrouvent devant le “choix” : prendre le 15.4 ou être licencié pour inaptitude », écrit-il.
La CGT exige auprès de la direction de STMicroelectronics « une politique de reclassement digne d’une entreprise moderne », et le reclassement des salariés licenciés. « Nous sommes dans une période de recrutement massif, nous avons la possibilité de reclasser nombre de salarié-e‑s en inaptitude sur Crolles 2 puisqu’il existe des postes sans, ou avec peu de ports de charges », assure le syndicat. Avant de dénoncer l’attitude de la direction des ressources humaines de STMicro.
FM
STMICROELECTRONICS CONTESTE ET RÉPLIQUE
Contacté par Place Gre’net, la direction de STMicroelectronics conteste vivement les accusations de la CGT. « STMicroelectronics est engagé depuis longtemps dans le déploiement d’une politique en faveur des personnes en situation de handicap dans un accord signé par toutes les organisations syndicales », écrit-elle.
Rappelant que « les décisions d’aptitude ou d’inaptitude au poste de travail relèvent de la compétence de la médecine du travail », la direction revient sur le cas des deux personnes mentionnées par le syndicat. Et affirme que celles-ci ont refusé de prendre part au dispositif d’accompagnement prévu, soit une dispense d’activité de neuf à douze mois pour la mise en place d’un projet professionnel avec l’aide d’un cabinet spécialisé.
« Par conséquent, ne pouvant plus tenir un poste au sein de l’entreprise, et les recherches de reclassement n’ayant pu aboutir, l’entreprise a été contrainte de procéder à leur licenciement pour impossibilité de reclassement », écrit la direction.
STMicroelectronics conclut enfin en avançant que, depuis la mise en place du dispositif de reconversion au sein de l’entreprise, plus de 80 % des personnes en situation de handicap et déclarées inaptes à leur environnement de travail « ont pu accéder à une situation en adéquation avec leurs aspirations ».