FOCUS – Double occasion de découvrir l’univers de David Snug à Grenoble samedi 23 septembre. À la librairie Les Modernes, il dédicacera son recueil de chroniques musicales illustrées par ses soins et sobrement intitulées Ne vous fatiguez pas à écouter ces 50 classiques de la pop, David Snug s’en est occupé pour vous. Puis, il se produira avec son groupe Trotski nautique au bar Le Coq-tail. Où l’on constatera que le duo mérite amplement la note maximale que David Snug lui a attribué dans son ouvrage déjà culte.
David Snug a deux marottes : la bande dessinée et la musique, la première se nourrissant allègrement de la seconde. « Quand j’étais au lycée, la BD ne m’intéressait pas du tout, jusqu’à ce que je découvre Crumb et l’Association, parce que c’était plus indé et plus personnel », se souvient-il.
Indépendante, la musique qu’il écoute et pratique lui-même au sein du duo Trotski nautique – que l’on pourra écouter au bar le Coq-tail samedi 23 septembre – l’est aussi. Dans ses albums, il parle donc abondamment des sujets qui le touchent de près : lui, d’abord, et le rapport qu’il entretient avec la musique qu’il aime, ensuite. Le tout avec une dérision qui s’exerce contre tous, à commencer par lui-même. D’où l’efficacité de son humour.
On retrouve ces mêmes ingrédients dans Ne vous fatiguez pas à écouter ces 50 classiques de la pop, David Snug s’en est occupé pour vous, que vous pourrez faire dédicacer par l’auteur himself à la librairie Les Modernes à 18 heures ce même samedi 23 septembre.
Une lecture essentielle pour briller dans les dîners mondains
L’ouvrage ne se présente pas comme une BD mais comme un recueil de chroniques musicales illustrées dont le programme tient tout entier dans le titre.
Et ce en accord avec la ligne éditoriale de son éditeur John Harvey Marwanny. Ce grand spécialiste du « développement personnel sans douleur » sera également présent au Coq-tail samedi 23 septembre, en première partie de Trotski nautique.
En quoi les anecdotes que dispense l’auteur – avec brio ! – sur les standards de la pop sélectionnés par ses soins sont-ils indispensables à notre bien-être ? « Je ne doute pas un seul instant que vous apprendrez plein de trucs et que vous pourrez vous la raconter grave en soirée avec vos amis car, pour une raison que j’ignore, la personne qui s’y connaît en pop musique aura toujours l’air moins con que les autres », argumente l’auteur dans la préface à son ouvrage, signée de sa propre main.
Propos tempérés par l’auteur en ces termes : « Dans les milieux dans lesquels j’évolue, c’est sûr que c’est important de s’y connaître dans la musique indé… Ce qui me fait marrer, c’est qu’il y a toujours quelqu’un pour être spécialiste de ce groupe que personne ne connaît. »
Des critères de sélections 100 % objectifs… ou presque
Mais alors, les 50 albums chroniqués sont-ils aussi “classiques” que l’auteur le prétend ? Si l’album Nevermind de Nirvana met tout le monde d’accord côté renommée, celui de Jean-Luc Le Ténia – certes proclamé meilleur chanteur français du monde par Didier Wampas – a bénéficié d’un accueil plus… confidentiel.
« Les critères que j’ai utilisés c’est qu’il fallait quand même que j’aime un petit peu le groupe. Et j’ai quand même fait en sorte que ce soit des classiques de la pop indé, de type un peu Inrockuptibles. Un moment, Marwanny me demandait de faire Prince ou Stevie Wonder, des trucs comme ça, mais moi j’ai jamais écouté ça, j’y connais rien », reconnaît David Snug.
Ce qui explique également la rareté des « classiques » une fois passée la barrière des années 2000. « J’ai 40 ans et je suis un vieux con. Ce sont essentiellement des groupes que j’ai écoutés entre 15 et 25 ans. Et puis, je ne comprends plus grand-chose à ce qui se passe dans la musique aujourd’hui. Les productions se ressemblent de plus en plus. Avec Pro-tools, tous les sons sonnent pareil. »
Dans le même esprit, sous la plume de David Snug, les salles de musiques actuelles (Smac) en prennent régulièrement pour leur grade. « Je prends souvent l’exemple du concert de Nirvana à Reading devant cent mille personnes. On a l’impression qu’ils jouent dans un bar. Maintenant, n’importe quel groupe qui sort d’une résidence dans une Smac, avec la lumière et le son qui sont calculés, fait le même concert tous les soirs. Tout est normé. On voit plein de groupes comme ça qui sortent. On sait que ça ne durera que le temps d’une tournée. »
Obsolescence qui épargne bien sûr le groupe Trotski nautique, qui tourne dans les bars depuis belle lurette. « Il ne fait aucun doute que si Kurt Cobain n’était pas mort, il aurait fait plusieurs reprises de Trotski nautique. Or Trotski nautique n’existait pas encore en 1994, c’est pourquoi mon Kurt a préféré se suicider, ce qui entraîna sa mort », lit-on dans la chronique qui clôt l’ouvrage en décernant un 10/10 au groupe Trotski nautique, comme de droit.
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Mais pourquoi un tel massacre ? « En temps normal, je fais pas mal de fautes d’inattention parce que je suis étourdi. Comme au départ, je laissais des fautes sur mon blog et que je n’avais que des retours là-dessus, je me suis dit autant en mettre partout. »
Infos pratiques
Ne vous fatiguez pas à écouter ces 50 classiques de la pop, David Snug s’en est occupé pour vous, paru chez Marwanny Corporation
Samedi 23 septembre : dédicace de David Snug à la librairie Les Modernes, à 18 heures
Concert de Trotski Nautique au Coq-tail, à partir de 20 h 30