FOCUS – Parmi la foule de propositions des Journées du patrimoine, on trouvait, ce dimanche 17 septembre, une découverte du matrimoine grenoblois, imaginée par Osez le féminisme 38 et l’Observatoire isérois de la parité (OIP). Au programme, notamment, déambulation dans les rues et sur les places revêtant des noms de femmes peu ou proues oubliées bien qu’ayant marqué l’histoire de la Ville.
Boulevard Agutte-Sembat, rue Berthe de Boissieux ou place Jacqueline Marval. Les femmes qui ont donné leur nom à ces éléments de l’espace urbain grenoblois ne jouissent pas vraiment d’une grande renommée.
Osez le féminisme 38 et l’Observatoire Isérois de la Parité (OIP) ont voulu leur rendre hommage en proposant une journée de découverte du matrimoine grenoblois. Néologisme construit, on l’aura compris, en opposition au terme “patrimoine”, qui renvoie, étymologiquement, aux « biens transmis par le père ».
Le terme “matrimoine”, comme son homologue masculin, est à entendre ici dans son acception la plus large. Pas seulement au sens d’édifice donc, mais également au sens de valeur, notamment.
Au détour de l’histoire de la ganterie, profondément ancrée dans Grenoble, on a ainsi pu apprendre que la ville pouvait une fois de plus s’enorgueillir d’avoir été à la pointe du progrès. Non pas dans le domaine scientifique – à l’époque – mais dans celui des avancées sociales. Et ce avec le concours des femmes, extrêmement présentes dans l’industrie gantière.
Le mutualisme est né à Grenoble
En 1803, l’esprit révolutionnaire souffle encore sur la ville, qui délaisse un temps ce symbole de l’aristocratie du vêtement qu’est le gant. L’industrie gantière est donc en crise. Les employés du secteur, dont une bonne part sont des femmes, crée alors une caisse d’entraide et de solidarité pour soutenir de façon tout à fait innovante ceux qui traversent des périodes de chômage.
Autre invention qui amorcera une réflexion durable : la mise en place, dans le courant du XIXe siècle, d’une retraite pour celles et ceux qui cessent leur activité.
Ce qui pouvait arriver plus tôt que prévu dans cette industrie, certains gestes répétitifs propres à la fabrication des gants provoquant des douleurs articulaires intenses.
Les femmes, exclues de l’espace urbain
Parmi les haltes du parcours matrimonial proposé par Osez le féminisme 38 et l’OIP ? Les vespasiennes du boulevard Gambetta.
Quel rapport avec le matrimoine ? « Ces urinoirs ont été créés au XIXe siècle alors que la France connaissait son mouvement hygiéniste. Ils étaient donc pensés comme un progrès pour améliorer l’hygiène urbaine », rappelle notre guide, membre de l’antenne grenobloise de l’association nationale Osez le féminisme.
« Mais comment utiliser ces édifices si l’on ne pisse pas debout ? De facto, les femmes sont exclues du patrimoine urbain et de l’espace public ! », s’insurge-t-elle, non sans humour.
Adèle Duminy