FOCUS – Samedi 9 septembre, le Prunier sauvage, lieu de de vie culturelle situé à la lisière du parc Bachelard, dans le quartier Mistral, fera sa rentrée. En dehors des petites formes artistiques programmées pour l’occasion, il y sera question, sans surprise, de la saison à venir. Mais aussi de la programmation de l’Été indien, qui court du 9 septembre au 31 octobre. Et, surtout, du grand projet autour duquel le Prunier sauvage fédère de plus en plus d’habitants du quartiers et d’acteurs culturels locaux : le parc des Arts. Le point sur cet ambitieux projet culturel.
« Il est temps d’investir dans la culture et dans l’éducation, d’avoir de l’audace et de l’exigence pour ce type de territoire. » De fait, Brahim Rajab, directeur du Prunier sauvage, lieu de vie culturelle situé à l’orée du quartier Mistral, ne manque pas d’ambition pour le secteur 3 de la ville de Grenoble, qu’il entend faire rayonner bien au-delà de ses frontières.
Le projet qu’il mûrit depuis quelques années déjà ? Transformer le parc des Champs Élysées, plus souvent appelé parc Bachelard, en parc des Arts.
Derrière ce changement de nom, se déploie un projet aux multiples facettes. Un projet qui se conjugue pour le moment au conditionnel puisque son budget prévisionnel est en cours d’élaboration et, surtout, doit recevoir l’aval des tutelles. Les subventions qu’accorderaient la Ville de Grenoble, le Département de l’Isère, la Métropole grenobloise et l’État, via le ministère de la Culture et de la Communication, tiennent lieu de conditions sine qua non pour que de “dossier”, le parc des Arts se mue en “chantier”. Le verdict tombera en octobre 2017.
Le parc des Arts : un lieu culturel transdisciplinaire à ciel ouvert
Aux frontières du parc Bachelard, se situe le Prunier sauvage. Si le parc des Arts était amené à se concrétiser, ce lieu de vie et de création culturelle n’en constituerait qu’une des composantes. Brahim Rajab confirme : « Le poumon principal serait le pôle de création, auquel seraient accolés un espace d’hébergement pour les artistes accueillis et un espace de fabrication de décors et de costumes. L’espace comporterait également un lieu de restauration ouvert à tous, une bibliothèque-lieu de ressource pour les artistes et les habitants, un espace de co-working et un pôle vidéo et arts numériques. Le tout de manière tout à fait intégrée au paysage du parc, dans un esprit de partage des connaissances et de dialogue entre pratiques amateures et professionnelles. »
Le théâtre de verdure, inauguré en avril 2017 après avoir recueilli suffisamment de suffrages lors du budget participatif élaboré par la ville de Grenoble en 2015, est une première pierre – modeste au vu de l’ampleur du projet – vers la réalisation globale du parc des Arts. Depuis son inauguration, l’espace est en effet investi très librement par les habitants du quartier pour y organiser une réunion, y dispenser un cours à ciel ouvert ou y improviser une représentation de quelque nature que ce soit.
Le lieu de création, qui pourrait prendre la forme d’un chapiteau en semi-dur, serait ouvert, quant à lui, à des artistes répondant à deux critères essentiels. « Il faudra qu’ils travaillent sur des projets artistiques destinés à l’espace public et à des lieux non dédiés et qu’ils intègrent les habitants du quartier à leur projet », énumère le directeur du Prunier sauvage, qui évite soigneusement les termes d’« arts de la rue » ou d’« arts du cirque » pour ne pas borner le projet.
Pourquoi parler du parc des Arts dès maintenant ?
S’il s’agit d’un « projet », dont l’inauguration serait fêtée, au mieux, en 2019, pourquoi faire d’ores et déjà état du parc des Arts sur la place publique ? S’agirait-il d’influer ainsi sur la décision que doivent prendre les tutelles au mois d’octobre 2017 ? « Si on en reste au stade du dossier, ça risque de mettre encore dix, quinze ans à se mettre en place. On n’a plus le temps pour ça. Ça fait trop longtemps qu’on n’a pas investi dans l’éducation et dans la culture. Il ne s’agit nullement de forcer la main des politiques mais simplement de leur donner à voir. De même qu’aux habitants, d’ailleurs. Il faut aussi préparer le terrain pour eux. Pour que le projet ne fasse pas figure d’Ovni dans le quartier si les politiques nous donnent le feu vert », justifie Brahim Rajab.
En outre, nombres d’acteurs culturels se fédèrent autour de ce projet. Et non des moindres. Jean-Paul Angot, directeur de la MC2, a déjà exprimé son soutien. Rachid Ouramdane, qui codirige le CCN2 au côté de Yoann Bourgeois, le parraine. À l’instar de l’architecte Patrick Bouchain, qui a réhabilité le Magasin à Grenoble en Centre d’arts contemporain. Ou les usines Lu à Nantes devenues Lieu unique. Un exemple que Brahim Rajab cite justement parmi les réussites françaises d’équipement croisant les disciplines artistiques tout en offrant de véritables lieux de vie aux habitants. Le parc des Arts deviendra-t-il ce type de lieu d’expérimentation culturelle à ciel ouvert ? Réponse en octobre.
Adèle Duminy
Le point de vue de Bruno Thircuir, de la Fabrique des petites utopies,
sur le parc des ArtsBrahim Rajab et Bruno Thircuir ne sont pas des étrangers l’un pour l’autre. Le premier a accueilli les spectacles mis en scène par le second plus souvent qu’à son tour. De cette proximité est née la confrontation de leurs projets réciproques.
Avec sa compagnie itinérante La Fabrique des petites utopies, Bruno Thircuir caressait le rêve, il y a déjà quelques années, de voir émerger dans le quartier Mistral un lieu d’accueil de chapiteaux dédiés aux arts de la rue et aux arts du cirque.
« Lorsque Brahim m’a parlé du parc des Arts, j’ai bien vu que son projet rencontrait le mien tout en le dépassant en termes d’ambition. Je pense, entre autres, qu’il a raison de vouloir rester ouvert à toutes les formes de disciplines artistiques. J’ai donc décidé de me mettre au service de ce projet. », déclare-t-il simplement.
Pas question pour lui cependant de s’accrocher à ce nouvel équipement, si tant est qu’il voie le jour bien entendu. « Je ne suis qu’un compagnon de route. Notre place est sur le chemin. Grenoble a trop souffert d’artistes auxquels on a confié des équipements et qui n’ont plus voulu s’en séparer. Il n’est pas dans l’intérêt des artistes de devenir sédentaire. » À bon entendeur…
Infos pratiques
63 rue Albert Reynier, Grenoble
Samedi 9 septembre
Le Grand Jour – Assemblée générale et spectacles – Parc Bachelard
Du samedi 9 septembre au 31 octobre
L’été indien… (détail de la programmation sur le site du Prunier sauvage)
Du 27 septembre au 1er octobre
Échecs et mâts, de La Fabrique des petites Utopies
Cirque-théâtre sous chapiteau