FOCUS – Du 31 août au 3 septembre, le festival Tatagash revient pour sa troisième édition dans la métropole grenobloise. Après Échirolles, il débarque cette année au Fontanil. Pour inaugurer son nouveau siège et centre de culture, l’association Apéro’Artistiques propose quatre jours de « création collective » consacrés « au libre-échange des savoirs et des pratiques ». Du théâtre à la musique, de la photographie à la vidéo, de l’artisanat au bricolage : autant de disciplines que ce collectif éclectique d’artistes ambitionne d’explorer à la recherche de croisements originaux et inattendus.
Un vieux garage à l’aspect morne, entouré d’usines, perdu dans une rue transversale de la zone industrielle du Fontanil… Cet édifice à l’apparence désolée va prendre, durant quelques jours, des allures à la fois de scène de concerts et d’espace d’expositions. De fait, du 31 août au 3 septembre, cette ancienne remise accueille le festival Tatagash, rendez-vous désormais annuel pour le public grenoblois, avec lequel le collectif Apéro’Artistiques compte inaugurer son nouveau siège.
« Ce local va bientôt se transformer en un lieu de culture où les personnes seront libres de se promener d’un atelier à l’autre, d’une expo à l’autre, ainsi que de se laisser porter pour découvrir des nouvelles créations ou voir des performeurs », explique pleine d’enthousiasme Fanny, l’une des coordinatrices de l’évènement. « Notre objectif est de créer du lien entre les disciplines, les gens et les pratiques artistiques, toujours en respectant une dynamique de solidarité. »
Théâtre, musique, danse, mais aussi art graphique, photographie, artisanat, et même des séances de médecine alternative… L’association Apéro’Artistiques ne met pas de frontières à sa créativité. Avec leur imagination fertile, toujours ouverte à la nouveauté, les membres du collectif s’engagent ainsi à mettre en place une programmation riche et variée tout au long de l’année. Au menu : au-delà de Tatagash, festival pluridisciplinaire par excellence, nombre d’autres activités culturelles, allant de la soirée concert à la pièce de théâtre, en passant par des ateliers de cordonnerie, peinture et sérigraphie.
Un collectif d’artistes de profession… ou par passion
Leur véritable marque de fabrique reste, toutefois, l’invention des « apéros artistiques ». À savoir des rencontres mélangeant jam-sessions, expositions et ateliers qui se déroulent à chaque fin de mois. « Les adhérents y viennent pour jouer de la musique toute la nuit. En d’autres termes, il s’agit d’une occasion pour faire la fête intelligemment, mais sous la forme de soirées », précise Fanny.
« Né sur un coup de tête », dans un sous-sol d’Échirolles, le projet de reconvertir ces « moments conviviaux et de partage » en rendez-vous mensuel a rapidement pris de l’ampleur. Entre temps, l’idée de créer un collectif s’est affirmée. « À l’origine, nous étions un bédéiste, un musicien très bricoleur, une auteure-chanteuse et moi, une illustratrice plasticienne. Des profils certes atypiques, mais tous avec des passions ou des curiosités artistiques », raconte Flore, l’une des fondatrices de l’association qui collabore actuellement avec Fanny à l’organisation de Tatagash.
Au fil des années, ce noyau historique s’est élargi en intégrant nombre d’autres artistes. À présent, les Apéro’Artistiques ont atteint plus de trois cents affiliés. Parmi eux, Mélanie, amoureuse de la peinture et du chant, Alexis, tailleur sur pierre, ou encore Marc, à la fois ingénieur de profession, photographe et propriétaire d’une galerie associative.
Pour rejoindre cette communauté éclectique, faut-il avoir alors des talents créatifs particuliers ? « Pas forcément », répond Flore, qui assure : « Parmi nous, il y a des artistes, mais aussi des personnes qui souhaitent le devenir, des passionnés d’art ou, tout simplement, des jeunes qui s’y intéressent. »
Tatagash : c’est maintenant !
Débuté, lui aussi, dans une cave à Échirolles, le festival Tatagash est à son tour en pleine évolution. « Pour la première édition, nous étions dans une maison, chez un particulier, du coup nous ne pouvions accueillir que 150 personnes par jour, sans compter nos bénévoles et nos adhérents actifs. C’était un festival privé, sur inscription. D’où l’idée de l’appeler Tatagash, comme en grenoblois « Tas ta gache ? » [ta place, ndlr] », se rappelle Flore.
Aujourd’hui, en revanche, ce chiffre a presque doublé. Selon leurs prévisions, le festival pourrait atteindre cette année jusqu’à trois cents participants par jour… autant de tickets vendus. En d’autres termes, des recettes supplémentaires qui, d’après les deux coordinatrices, permettront à l’association de financer ses projets futurs.
Économiquement indépendants, les Apéro’Artistiques revendiquent en effet leur choix d’autonomie. « Quand on ne réclame pas de subventions, on est libres de faire ce que l’on veut », explique Fanny. Et de poursuivre : « Les frais d’inscription, s’élevant à 20 euros, nous permettent de dégager pendant l’année assez de trésorerie pour organiser le festival ».
Tant que les fonds augmentent, la programmation ne pourra que s’enrichir. « Pendant les deux premières éditions, nous n’avions que des groupes locaux, de la région, alors que maintenant nous arrivons à débloquer des cachets, en invitant des artistes provenant d’ailleurs. Le tout, sans changer la formule : l’esprit est de rester un festival convivial, chaleureux et un peu atypique ».
Au cours des quatre jours, divers groupes non autochtones se produiront alors sur la scène au Fontanil. Parmi eux, le lyonnais EAST, représentant du genre cold indie wave, et le trio lillois Bärlin, au carrefour du low-rock, post punk et jazz.
Quant aux autres concerts en programme, les notes hip hop de nombreux groupes-DJ grenoblois, comme les Opus Crew, résonneront le vendredi 1 septembre alors que, samedi 2, le public pourra explorer différents styles de musique du monde, de l’électro à la cumbia, ou du dub au reggae. La journée de dimanche, enfin, sera dédiée à la chanson française, dans une atmosphère détendue et familiale.
Une résidence de théâtre pour créer une pièce de A à Z
Outre les nombreuses performances musicales, Tatagash prévoit également un riche éventail de spectacles. Lors de la journée d’ouverture, le jeudi 31 août, trois équipes de comédiens mettront en scène des créations innovantes et originales élaborées dans le cadre du Laab, la traditionnelle résidence de théâtre qui, chaque année, se déroule en amont du festival.
Des artistes venus de toute la France ont donc quatre jours pour réaliser des représentations de toute pièce, de l’invention de la scénographie jusqu’à la fabrication du décor. Les règles sont simples : le premier jour, le lundi, après avoir reçu l’énoncé de leur thème, les auteurs ont 24 heures pour écrire une forme d’une durée de quinze à vingt minutes.
Le lendemain, le reste des équipes les rejoints : deux comédiens, un metteur en scène, deux plasticiens, et un ou deux assistants-plasticiens. Chaque équipe a par ailleurs été dotée d’un corps de métier supplémentaire. En l’occurrence, l’escrime, la vidéo et le beatmaking (à savoir, l’art de composer sur ordinateur).
L’objectif ? « Donner une couleur à chaque spectacle et forcer les artistes à sortir de leur zone de confort, en acceptant des cadres professionnels qui, classiquement, ne se mélangent pas avec le théâtre » explique Flore.
« Au final, Tatagash se déroule donc en deux temps : cette partie en résidence, qui inaugurera le festival, et ensuite trois jours de diffusion, où se succéderont concerts, expositions et ateliers. » Une programmation qui, selon elle, vise à refléter les deux pôles de l’association : « d’un côté la solidarité entre artistes, l’encouragement à la création, et de l’autre un esprit d’interdisciplinarité, d’échange, de lien et de découverte ».
Giovanna Crippa, correspondante au Fontanil
Informations pratiques :
Le festival Tatagash se déroule du 31 août au 3 septembre, au 40 rue Pré Didier, au Fontanil.
Les pass d’entrée, avec des formules de un à quatre jours, sont disponibles en ligne.
Pour plus d’informations sur le programme et le tarif, consulter la page Facebook du festival.