FOCUS – Lancé en 2015, ekWateur, fournisseur alternatif et indépendant d’énergie verte avance ses pions, depuis cet été, sur l’échiquier énergétique grenoblois. Un territoire jusqu’alors uniquement desservi par l’opérateur historique Gaz et électricité de Grenoble (GEG), malgré l’ouverture à la concurrence en 2007. Forte de ses 10 000 clients déjà abonnés en France, l’entreprise entend concentrer ses efforts commerciaux sur les particuliers et les petits professionnels.
Nouveau venu sur le marché de l’énergie grenoblois, le fournisseur alternatif ekWateur, lancé en novembre 2015 par Julien Tchernia et Jonathan Martelli, compte bien s’y installer durablement.
Après un accord signé fin 2016 entre l’opérateur historique, Gaz et électricité de Grenoble (GEG), et EkWateur, ce dernier s’implante sur le marché grenoblois resté jusqu’alors inchangé malgré l’ouverture à la concurrence en 2007.
Le cœur de cible d’EkWateur ? Le marché des particuliers et des “petits” professionnels. Une niche sur laquelle il a d’ailleurs déjà commencé à s’implanter en Isère depuis janvier 2017. Notamment en remportant un appel d’offre du Crous qui lui a permis de fournir 200 des 394 compteurs abonnés dans le département. Son ambition ? Fournir « l’énergie d’après, une énergie moins chère, choisie et collaborative ».
S’affranchir des opérateurs historiques
« Nous vendons de l’électricité renouvelable et du gaz naturel aux particuliers, en concurrence des opérateurs historiques. » C’est ainsi que Julien Tchernia, le cofondateur d’ekWateur, définit le cœur de métier de sa société. Pour autant, pas si simple, même dans un marché ouvert. Grenoble, tout comme Strasbourg ou Bordeaux, fait partie de ces villes non desservies par Enedis dont la fourniture en gaz et en électricité est assurée par l’une des 170 entreprises locales de distribution (ELD) – en l’occurrence GEG – existant encore dans l’Hexagone.
Ces dernières distribuent 5 % de l’énergie électrique aux ménages et entrepreneurs répartis dans environ 2 800 communes de France.
Si le marché existe bien depuis 2007, peu d’opérateurs ont franchi le pas pour concurrencer les ELD. À cela, un obstacle majeur : le coût de la mise en compatibilité des systèmes informatiques des ELD et de leurs concurrents, condition sine qua non pour garantir une totale interopérabilité et une certaine transparence pour le client final.
C’était là tout l’objet de l’accord conclu entre GEG et ekWateur. En interfaçant ses services avec ceux de la Sem grenobloise, le nouveau venu a ainsi investi ce marché.
« Nous ne sommes pas plus énergéticiens qu’Amazon est libraire »
« Notre métier n’est pas un métier d’énergéticien, nous ne disposons pas de moyens de production propres. Nous ne sommes pas plus énergéticiens qu’Amazon est libraire. Nous nous voyons plutôt comme un supermarché », explique le cofondateur d’ekWateur.
Qu’offre donc l’entreprise de si particulier ? Tout d’abord « une énergie choisie » avec une offre d’électricité 100 % verte et renouvelable, comme le propose déjà GEG. Notamment d’origine hydraulique ou provenant de petits producteurs, du gaz naturel, associé à 5 % de biométhane par défaut. Mais aussi – et c’est une première – une option 100 % biométhane. L’offre concernant le gaz n’est toutefois pas disponible sur Grenoble et reste encore à développer. Mais ce n’est qu’une question de temps, assure le fournisseur alternatif.
Question tarifs, ekWateur le reconnaît, le prix de son abonnement est plus élevé de 7 % à 132 % que les tarifs réglementés de vente d’électricité (TRV). En revanche, le prix au kilowatt-heure est plus avantageux que celui des TRV avec des réductions oscillant entre – 11 % et – 22 %.
« Nous sommes avant tout des informaticiens »
Autre point fort mis en avant par ekWateur : la composante collaborative de son offre, qui lui permet de promettre une facture énergétique moins chère à ses clients, tout en les impliquant dans le développement de l’entreprise. « Nous avons souhaité être une plateforme “tiers de confiance” , assure Julien Tchernia, un peu comme Airbnb », plaisante-t-il.
Tout comme la célèbre plateforme collaborative payante de location et de réservation de logements de particuliers, la cheville ouvrière du business model – le modèle d’entreprise – d’ekWateur, c’est son site web collaboratif. « Nous sommes avant tout des informaticiens », affirme Julien Tchernia.
En effet, tout passe par l’espace client de la plateforme web. Et ce de la souscription du contrat d’abonnement, à la hotline d’avant-vente par messagerie instantanée ou par téléphone assurée par des clients inscrits comme auto-entrepreneurs. Ces derniers, rémunérés à la prestation, peuvent ainsi profiter d’un complément de revenus.
Objectif : assurer la fourniture de 100 000 compteurs d’ici septembre 2018
Ces mêmes clients peuvent également devenir facilement des producteurs en revendant l’énergie produite à partir de dispositifs de production d’énergie solaire installés sur leur toit et dont le potentiel a été préalablement évalué, en un clic, sur le site. Enfin, pour ouvrir son financement à ses clients et futurs clients, ces derniers peuvent apporter leur quote-part via le site de financement participatif Lumo avec pour contreparties, outre les frais de souscription offerts, des obligations vertes sur trois ans. L’objectif initial, de 150 000 euros, a d’ailleurs largement été dépassé avec une collecte finale de 242 975 euros.
« Notre ambition c’est que nous puissions atteindre la fourniture de 100 000 compteurs d’ici septembre 2018 », se prend à espérer Julien Tchernia.
En attendant, la société a récemment remporté un lot d’un appel d’offres qui va lui permettre de fournir en électricité verte 53 établissements publics de l’État.
Au nombre de ces derniers : Météo France, le musée Picasso, l’Adème, l’Ina… Ce contrat d’une durée de trois ans qui démarre à compter du 1er janvier 2018 atteint une valeur d’environ 4,5 millions d’euros et concerne la fourniture de 2 765 sites.
Joël Kermabon
N.B. de la rédaction : L’article qui faisait initialement mention de « monopole » a été modifié le 8 août à 17 heures, afin de lever toute ambiguïté. En effet, si GEG était jusqu’alors, en tant qu’opérateur historique, le seul acteur sur le marché grenoblois, cette situation n’était pas de son fait – la concurrence étant permise depuis 2007 – mais des fournisseurs d’énergie alternatifs qui n’avaient jusqu’alors pas investi ce marché.