Chantier blo­qué à Échirolles : les élus d’op­po­si­tion LR et FN étrillent la municipalité

Chantier blo­qué à Échirolles : les élus d’op­po­si­tion LR et FN étrillent la municipalité

FOCUS – Voilà main­te­nant trois mois que le chan­tier d’une crèche à Échirolles est blo­qué par des jeunes récla­mant, offi­ciel­le­ment, leur droit à la clause d’in­ser­tion. L’affaire a été reprise par la presse natio­nale, et l’op­po­si­tion tire à bou­lets rouges sur la muni­ci­pa­lité. Ce qui n’empêche pas le maire de prendre des vacances, et son pre­mier adjoint d’être aux abon­nés absents.

Ouvriers mena­cés, insul­tés… Depuis mai der­nier, le chan­tier d’une crèche est blo­qué par des jeunes dans le quar­tier du Village 2 à Échirolles. Ces der­niers deman­de­raient à béné­fi­cier de la clause d’in­ser­tion pour pou­voir tra­vailler sur le chan­tier, selon Le Dauphiné libéré qui s’est fait l’é­cho de l’af­faire dans son édi­tion du 18 juillet. Des can­di­da­tures spon­ta­nées pour le moins agres­sives, en somme.

Le chantier bloqué d'Échirolles. Interdit au public... et aux ouvriers ? © Florent Mathieu - Place Gre'net

Le chan­tier blo­qué d’Échirolles. Interdit au public… et aux ouvriers ? © Florent Mathieu – Place Gre’net

L’information a par la suite été reprise par la plu­part des médias natio­naux. « Encore une fois, Échirolles fait par­ler d’elle dans toute la France », iro­nise Alexis Jolly, conseiller muni­ci­pal d’op­po­si­tion Front natio­nal. Qui, non sol­li­cité par la presse, n’est inter­venu dans le débat qu’à tra­vers un com­mu­ni­qué dénon­çant « un com­por­te­ment inad­mis­sible et ter­ri­fiant » et « des quar­tiers pris en otage ».

Le conseiller muni­ci­pal FN « insulté copieu­se­ment » sur le chantier

La conseillère muni­ci­pale Les Républicains Magalie Vicente, pas davan­tage inter­ro­gée, a pour sa part inter­pellé la muni­ci­pa­lité sur cette situa­tion dès le 22 mai. « J’en avais eu connais­sance par l’in­ter­mé­diaire d’un habi­tant. Le direc­teur du cabi­net du maire m’a répondu pour me dire qu’ef­fec­ti­ve­ment, ils étaient en négo­cia­tion avec les jeunes qui posaient pro­blème et s’en­ga­geait à ce que cela soit réglé », nous explique-t-elle.

Magalie Vicente était candidate Les Républicains aux législatives 2017 dans la deuxième circonscription de l'Isère . © DR

Magalie Vicente, ex can­di­date LR aux légis­la­tives 2017 dans la 2e cir­cons­crip­tion de l’Isère. © DR

Près de deux mois plus tard, le chan­tier est pour­tant tou­jours à l’ar­rêt. Au début du mois de juillet, Alexis Jolly s’est rendu sur les lieux pour dis­cu­ter avec des habi­tants et prendre des pho­tos. « Un jeune est arrivé et nous a fait subir un inter­ro­ga­toire, raconte-t-il. Il nous a demandé ce que nous fai­sions là, et nous a dit qu’ici on ne pren[ait] pas de pho­tos, qu’on ne fai[sait] pas ce qu’on v[oulait]. Et, bien sûr, il nous a insul­tés copieu­se­ment. »

La dimen­sion média­tique prise par l’af­faire semble avoir motivé la pré­fec­ture à orga­ni­ser… une table ronde. Celle-ci s’est tenue à huis-clos le mardi 25 juillet en début d’a­près-midi. « Une réunion de tra­vail, décrivent les ser­vices de la pré­fec­ture, des­ti­née à trou­ver des solu­tions du point de vue de la poli­tique de la Ville à l’in­ser­tion sociale ». Étaient pré­sents des « acteurs du volet social, mais pas du tout de l’ordre public », nous précise-t-on.

Une muni­ci­pa­lité qui « achète la paix sociale » ?

Alexis Jolly, conseiller municipal FN d'Échirolles. DR

Alexis Jolly, conseiller muni­ci­pal FN d’Échirolles. DR

Voilà qui ne va pas cal­mer les ardeurs de l’op­po­si­tion. Si leurs dis­cours ne sont pas les mêmes, Les Républicains comme le Front natio­nal sont au moins d’ac­cord sur un point : la muni­ci­pa­lité d’Échirolles « achète la paix sociale ».

« On les laisse faire, s’a­gace Magalie Vicente. Le tra­fic a lieu tout le temps, on les laisse s’ins­tal­ler, et quand ça prend de telles pro­por­tions on essaye de négo­cier. On ne va pas bais­ser nos pan­ta­lons non plus ! »

« Depuis trente ans, les com­mu­nistes ont tou­jours défendu ces jeunes, leur ont trouvé des excuses, déclare pour sa part Alexis Jolly. Et la situa­tion va conti­nuer puisque la poli­tique de la Ville conti­nue : 2 mil­lions d’eu­ros votés pour la réno­va­tion urbaine, les espaces verts… Et l’on se rend compte que les jeunes n’en ont rien à faire et que ces mil­lions d’eu­ros ne font pas recu­ler le chô­mage et la délin­quance, mais accé­lèrent le com­mu­nau­ta­risme et le fon­da­men­ta­lisme isla­mique. »

Clause d’in­ser­tion… ou trafics ?

Quant à la clause d’in­ser­tion – argu­ment pour le moins inso­lite de ce blo­cage –, elle ne convainc guère l’op­po­si­tion. « Vous y croyez, vous ? iro­nise Magalie Vicente. Ce qui les dérange, c’est qu’il y a un chan­tier en bas de chez eux et que ça les gène dans leur tra­fic quo­ti­dien. Le reste, ils n’en ont rien à foutre. Ils n’ont pas envie de bos­ser de toute façon ! »

Hôtel de Ville d'Échirolles © Florent Mathieu - Place Gre'net

Hôtel de Ville d’Échirolles © Florent Mathieu – Place Gre’net

Pour la conseillère muni­ci­pale Les Républicains, c’est la muni­ci­pa­lité elle-même qui a fourni cet argu­ment durant les pre­mières réunions de négo­cia­tion. Elle estime qu’il ne tient pas. « Des clauses d’in­ser­tion, il y en a plein sur la ville d’Échirolles : les mecs qui veulent bos­ser, ils bossent. Mais on ne fait pas ça à la légère. Là, on va leur don­ner du job ? Ce sont les entre­prises qui vont “ramas­ser” ? C’est mer­veilleux ! »

Côté FN, Alexis Jolly trouve sur­tout « sur­pre­nant » que les jeunes connaissent la clause d’in­ser­tion. « Je pense que, der­rière tout ça, il y a des asso­cia­tions finan­cées par la mai­rie qui informent ces jeunes de leurs droits, et moins sou­vent de leurs devoirs. Et les aident à se retour­ner contre la mai­rie », consi­dère-t-il. Avant de juger, à son tour, que les tra­fics sont la rai­son pre­mière du blo­cage du chantier.

La muni­ci­pa­lité aux abon­nés absents

L’élu d’op­po­si­tion pose encore la ques­tion du coût de ce blo­cage. Coût finan­cier d’une part : une société de sur­veillance gre­no­bloise, Vision sécu­rité, assure ainsi des rondes régu­lières sur le site, pour un mon­tant inconnu. Coût en matière de ser­vice à la popu­la­tion, d’autre part : la crèche devait ouvrir à la ren­trée et accueillir une qua­ran­taine d’en­fants. Mais la reprise des tra­vaux n’est pas annon­cée avant… le 11 septembre.

Une « cer­taine forme d’in­jus­tice » que le Front natio­nal dénonce, en pre­nant soin de res­ser­rer son dis­cours sur ses thé­ma­tiques favo­rites : « Il reste encore, j’ose le dire, quelques Français de souche dans ces quar­tiers. Et des per­sonnes de confes­sion musul­mane, d’o­ri­gine étran­gère, qui veulent s’in­té­grer et souffrent de cette délin­quance. On voit les impôts locaux aug­men­ter et rien ne change : la délin­quance et tou­jours pré­sente et péna­lise les familles dans leur vie quo­ti­dienne ! »

Thierry Monel, premier adjoint à la mairie d'Échirolles © Échirolles

Thierry Monel, pre­mier adjoint à la mai­rie d’Échirolles © Échirolles

Pas de « Français de souche » dans le dis­cours de Magalie Vicente, mais une même exas­pé­ra­tion. « Pour moi, c’est de l’ir­res­pon­sa­bi­lité. Dans cette ville, on ne sait pas faire. On négo­cie et on se met à genoux. Les tra­vaux vont com­men­cer avec six mois de retard et, en plus, on va leur don­ner ce qu’ils veulent. » L’élue d’op­po­si­tion n’ou­blie pas d’é­gra­ti­gner au pas­sage le FN : « Il fait beau­coup de com­mu­ni­qués, mais der­rière c’est zéro ! », assène-t-elle.

Quelle réponse de l’é­quipe muni­ci­pale d’Échirolles aux ques­tions et aux cri­tiques ? Aucune. Après s’être exprimé dans plu­sieurs médias locaux comme natio­naux, le pre­mier adjoint Thierry Monel n’a pas sou­haité don­ner suite à nos nom­breuses demandes d’entretien.

Quant au maire d’Échirolles Renzo Sulli, « il est en vacances et rentre le 15 août », nous ont fait savoir les ser­vices de la municipalité.

FM

Florent Mathieu

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