FOCUS – Les présentations de saison des salles de l’agglomération s’enchaînent et, heureusement, ne se ressemblent… pas trop. À La Rampe-La Ponatière, reconnue pour sa très intéressante programmation de danse, nous avons repéré quelques spectacles placés sous le signe des créatrices. C’est justement l’un des partis pris affiché par Jacky Rocher, le directeur de la salle.
« La culture n’est pas le lieu exemplaire de la parité femme – homme. Sans militer pour les quotas, je trouve important de soutenir cette cause », revendiquait Jacky Rocher, directeur de La Rampe-La Ponatière, lors de la présentation au public de la saison de l’équipement culturel. Comment compte-t-il s’y prendre ? En programmant en 2017 – 2018 les spectacles de nombreuses artistes féminines.
Parmi les 35 spectacles programmés dans les deux salles – La Rampe avec ses 739 places et La Ponatière avec ses 171 places –, on dénombre en effet une dizaine de spectacles dirigés, mis en scène ou chorégraphiés par des femmes. Notre sélection suivra ce fil rouge.
Les femmes côté danse
La salle échirolloise étant labellisée « Scène conventionnée danse et musiques par le ministère de la Culture », c’est d’abord dans ces deux domaines qu’on retrouve de fait quelques noms plus ou moins fameux. Au rayon danse, La Rampe, comme à son habitude, s’illustre par son éclectisme. Le spectacle « Welcome » (mercredi 11 octobre), à lui seul, est exemplaire de cette volonté.
La chorégraphe Josette Baïz y place les pas des jeunes danseurs de sa compagnie Grenade, âgés de 8 à 18 ans, dans ceux de six chorégraphes féminines aux esthétiques tranchées. L’occasion de profiter d’un panorama énergique des différentes tendances de la danse contemporaine à travers le monde.
« Mon grand coup de cœur de la saison, je l’ai eu devant Mass B de Béatrice Massin », s’enthousiasme Jacky Rocher. Ses raisons ? La science de la musique et de la danse baroques propre à cette chorégraphe. « Les fondamentaux de la danse baroque sont là avec ces bustes très droits, tandis que tournent bras et poignets. Mais c’est aussi une pièce très contemporaine. »
Le discours qui sous-tend la pièce est en effet très actuel. La chorégraphie de Mass B (jeudi 30 novembre à La Rampe) se fonde en partie sur le motif de la marche. Une marche vitale qui fait écho aux nombreux flux migratoires engagés par ceux qui cherchent à se construire ailleurs.
Les femmes côté théâtre
On trouve sans surprise l’une des pièces les plus attendues du répertoire sur le thème de l’accès au savoir par les femmes. Dans une distribution 100 % féminine, la compagnie du Détour interprète Les femmes savantes de Molière (mardi 19 décembre).
Aussi burlesque et réussie que semble la mise en scène, on notera simplement au passage que ce texte du grand dramaturge est loin d’être aussi avant-gardiste qu’on le décrète souvent, les femmes savantes y étant plus ridiculisées que portées aux nues…
Plus franchement féministe, et non moins drôle, sera sans doute un spectacle au titre engageant : C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde (mercredi 7 mars 2018). Avec les filles de Simone, militantisme et insolence ne sont pas des gros mots. Tabous et fantasmes attachés à la grossesse et à la maternité y passent au crible de leur mauvais esprit. Voilà un discours qui secoue l’ordinaire.
Les femmes côté musique
Au vu du faible nombre de femmes chef d’orchestre (21 femmes pour 586 hommes, selon les chiffres de la société des auteurs et compositeurs dramatiques), on ne peut que s’incliner devant l’exploit qui consiste à en réunir deux dans une même saison.
En l’occurrence, Nicole Corti dirigera, mardi 3 octobre, l’Orchestre des Pays de Savoie et l’Ensemble Spirito dans un programme dédié à Mozart, Escaich et Haydn. Jeudi 5 avril, dans « Showtime ! », l’Orchestre symphonique Divertimento jouera quelques standards du jazz sous la baguette de Zahia Ziouani. À ses côtés, au chant, Luce interprétera Cole Porter, Ella Fitzgerald ou Franck Sinatra.
Et, pour ouvrir la saison, les trois sœurs du groupe, très en vogue, A‑WA, reviendront – encore – en nos contrées. Ce choix de programmation ne brille pas par son caractère inédit… Ce mélange de folk arabe et de musique électro très tubesque a déjà été entendu à La Source en novembre 2015, au festival Le Cabaret frappé en juillet 2016, à la Bobine en décembre 2016… et est également, entre autres, au Vercors music festival en ce mois de juillet. Exceptée cette petite redite, on apprécie toujours autant la programmation bien sentie de cette salle !
Adèle Duminy
Infos pratiques
La Rampe-La Ponatière
15 avenue du 8 mai 1945 et 2 avenue Paul Vaillant-Couturier, à Échirolles
Tous les détails concernant la billetterie sur le site de la salle