TROIS QUESTIONS À – Les élèves du collège Lucie-Aubrac à la Villeneuve, détruit en partie par un incendie criminel dans la nuit du 10 au 11 juin, l’ont appris jeudi dernier : ils feront leur rentrée de septembre dans l’ancien collège des Saules, à Eybens. Une fois les nécessaires travaux de réhabilitation effectués cet été, l’établissement accueillera les 370 collégiens durant deux ou trois ans. Impossible pour l’heure de se projeter à plus long terme, aucune décision n’ayant été prise quant à l’éventuelle reconstruction du collège. Jean-Pierre Barbier (Les Républicains), président du Département et principal décisionnaire dans ce domaine, fait le point sur ce dossier aussi sensible que complexe.
Place Gre’net – On dit que le Département était plutôt favorable au collège Édouard-Vaillant, à Saint-Martin-d’Hères. Le choix de l’ancien collège des Saules, plébiscité par les parents d’élèves et les professeurs, a‑t-il été motivé par la pression de ces derniers ?
Jean-Pierre Barbier – Dès le début du dossier, j’ai dit et répété que je serais insensible à toute pression et que je déciderais uniquement en fonction de l’intérêt général. Le Département avait envisagé trois solutions. Tout d’abord, le collège Édouard-Vaillant, option la plus simple et la plus rapide car le collège était déjà là. Inconvénients : davantage de transports pour les élèves et une localisation hors de la zone Rep+ (Réseau d’éducation prioritaire) et loin de la Villeneuve.
Ensuite, l’ancien collège des Saules, qui était effectivement le choix privilégié par la majorité des parents d’élèves, habitants du quartier et personnel éducatif, essentiellement pour des raisons de proximité géographique. Enfin, des préfabriqués à l’Espe (ex-IUFM) ou aux Saules. Clairement, je n’ai jamais été plus favorable à une solution en particulier.
J’ai juste répondu aux parents que j’entendais leur demande. Finalement, il s’est avéré que la réhabilitation des Saules était possible – auparavant, on ne connaissait pas l’état du collège – car il n’avait pas trop bougé et n’avait pas trop souffert. Techniquement, c’était faisable. On a donc opté pour cette solution. Mais j’ai joué la transparence, jusqu’au dernier moment, je ne savais pas : j’ai rencontré les parents d’élèves le jeudi 29 [juin] au soir et on m’avait transmis les éléments pour la réhabilitation des Saules le jeudi matin.
Place Gre’net – L’ancien collège des Saules devra subir d’importants travaux de rénovation cet été, afin d’accueillir les élèves dans les meilleures conditions. Quels sont les délais et les travaux prévus ? Y a‑t-il un risque de retard qui pourrait décaler la rentrée de septembre ?
Jean-Pierre Barbier – Concernant le calendrier, on est sur une procédure d’urgence, autorisée pour ce type de problèmes. Trois entreprises générales ont été consultées : elles ont visité les locaux en début de semaine et nous feront leur proposition en fin de semaine. Ensuite, on choisira l’entreprise la semaine prochaine. Le début des travaux est programmé pour la deuxième quinzaine de juillet, pour une fin estimée à la fin août.
Un retard est-il possible ? Les services nous disent que c’est jouable pour la fin d’août mais on ne maîtrise pas tout. Idem pour le coût, estimé à environ un million d’euros : s’il y a des impondérables, on ne peut pas les connaître.
C’est un chantier d’envergure, le plus gros des travaux étant le recâblage électrique et le câblage informatique, afin que les collégiens puissent finir leur projet « collège numérique ».
Place Gre’net – Avez-vous une idée plus précise de l’avenir du collège Lucie-Aubrac et êtes-vous personnellement favorable à la reconstruction d’un collège à la Villeneuve ou au moins au sud de Grenoble ? La question de la carte scolaire fait en effet débat : vu les sous-effectifs dans la partie sud de l’agglomération, certains pensent que le Département pourrait être tenté de « dispatcher » les collégiens dans d’autres secteurs…
Jean-Pierre Barbier – Sur l’avenir du collège Lucie-Aubrac, je n’ai aucune certitude, n’ayant pas encore reçu les rapports d’expertise. Je ferai une concertation avec les habitants du quartier et les parents d’élèves en septembre, en accord avec eux, sans me préoccuper des pressions.
Tout le monde a des idées et je ne suis favorable à rien. En tout cas, il existe d’autres moyens de régler les problèmes de la carte scolaire. Attendons de voir ce que veulent les gens. Il faut également rappeler que nous sommes un îlot au milieu d’autres collectivités : la décision sera prise en concertation avec les associations mais aussi avec la Ville de Grenoble et la Métropole.
Aujourd’hui, le quartier Villeneuve-Arlequin représente entre 15 et 20 000 personnes. C’est un quartier en difficulté, où le collège est un service public important. Je vais donc être très clair : il n’est pas question d’utiliser cet événement comme prétexte pour ne pas reconstruire !
Cet été, nous organiserons une réunion tous les quinze jours, tandis qu’un numéro de téléphone et une page Facebook informeront la population du déroulé des travaux.
Puis, à la rentrée de septembre, nous lancerons la consultation des habitants. Nous allons imaginer un questionnaire avec toutes les questions possibles, sans tabou.
Propos recueillis par Manuel Pavard