FOCUS – La deuxième édition du festival Voici nos Suds, proposée par le Nouveau Théâtre de Sainte-Marie-d’en-Bas sous l’impulsion de son charismatique directeur Antonio Placer, va investir la Cour du Vieux temple du 6 au 8 juillet. En guise de fil rouge ? La voix, à travers ses déclinaisons esthétiques et transculturelles. Des voix du sud « impétueuses, ardentes, débordantes… » pour un « voyage hors du temps », promet l’organisation.
Voici nos Suds. Telle est la dénomination du festival organisé par le Nouveau théâtre de Sainte-Marie-d’en-Bas (NTSMB) qui investit depuis deux ans le quartier Très-Cloîtres. Tout particulièrement la magnifique cour aux façades envahies de lierre du Vieux temple.
Un temps fort musical estival, dans la continuité de On dirait le sud, l’événement porté en son temps par Diden Berramdane, l’ancien directeur du théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas. Pour cette seconde édition qui se déroulera du 6 au 8 juillet, son directeur, Antonio Placer, promet « un voyage hors du temps ». Il a concocté pour ce faire une programmation dont les six concerts mettent à l’honneur « des voix transculturelles, qui donnent envie de partir ».
La cour du vieux temple : un endroit de hautes énergies
« Célébrer les racines d’ailleurs des gens d’ici » est le leitmotiv d’Antonio Placer pour qualifier le festival Voici nos Suds. Mais aussi pour illustrer l’ensemble de ses initiatives visant à insuffler une nouvelle dynamique au théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas dont il a repris les manettes et plus largement au quartier Très-Cloîtres.
Un changement qui passe par l’utilisation d’un autre lieu que l’espace scénique offert par la configuration du parvis de la chapelle utilisé par son prédécesseur. « Il y avait un espace assez méconnu des Grenoblois, la cour du Vieux temple, un endroit de hautes énergies, et ça valait la peine d’emmener le théâtre ailleurs dans le quartier et d’y proposer des spectacles qu’on ne trouve nulle part ailleurs », explique Antonio Placer.
L’idée au centre de Voici nos Suds ? « Écouter des musiques qui ressemblent à un rituel, comme un baume qui fait du bien au cœur du monde », s’enflamme le directeur. Qui fustige au passage, « le bruit de fond qu’on n’écoute plus » qu’est devenue la musique. Ce qui explique en partie, poursuit-il, pourquoi « on n’écoute plus l’autre ».
Chants basques et flamenco « volcanique »
« Notre proposition musicale n’est pas irréfléchie. Nous aurions pu écrire “Voix-ci nos Suds” parce que nous avons des tas de choses qui tournent autour de la voix », souligne Antonio Placer alors qu’il aborde le contenu de la programmation. Des voix « impétueuses, ardentes, débordantes, fières, fougueuses, irrévérencieuses et vertigineuses […] ». Voilà ce que promet l’organisation du festival, qui invite les spectateurs à participer à « un voyage hors du temps ».
Un voyage qui passe ce jeudi 6 juillet, journée d’ouverture, par le Pays Basque avec les chants traditionnels et les percussions de Kristof Hiriart sur les notes de l’accordéon de Didier Ithursarry.
Les deux musiciens vont aller et venir entre textes anciens ou interprétation spontanée, passant de « l’air de danse à la chanson, du bal à la chorégraphie, du bistrot au théâtre ».
Avant que ne se produise en deuxième partie de soirée, Rosario la Tremendita, la chanteuse andalouse prodige, la légende du flamenco de Séville accompagnée du guitariste Salvador Guitiérrez.
Une superbe soirée en perspective si l’on en croit le programme. « Son timbre de voix si profond et si personnel, sa grande connaissance des styles traditionnels du flamenco associée à une grande liberté créative en font une des chanteuses les plus talentueuses de sa génération ». Des propos confirmés par Antonio Placer qui, quant à lui, n’hésite pas à décrire, conquis, une voix « volcanique ».
« Du folk alpin incantatoire » et des chansons indignées
Le deuxième jour, soit le 7 juillet, retour en France, dans le massif de la Chartreuse avec le groupe Facteurs Chevaux. Un duo de guitare et d’harmonies vocales – « du folk alpin incantatoire », selon Libération – constitué de Sammy Decoster et de Fabien Guidollet. Deux musiciens qualifiés de « sidérants » voire, estime Antonio Placer, « barrés à un point inimaginable, fous quoi ! Mais très sensibles ! »
Ces derniers cisèlent leurs chansons et textes-contes en français « pour convier les esprits de la forêt ou les légendes des montagnes […] au cours d’une chevauchée lancinante et intemporelle au contact de la nature et de l’humain ». Tout un programme assurément !
En seconde partie de soirée, la guitariste et chanteuse grecque Angélique Ionatos, une connaissance de longue date du maître de cérémonie, sera sa partenaire de chant mais aussi à la guitare. « Nous avons décidé de chanter des chansons indignées, d’être des résistants de la scène et de dire les choses telles qu’on les sent sans imposer quoi que ce soit », explique Antonio Placer.
Batailles d’improvisateurs et musiques argentines et sud-américaines
Le dernier soir, c’est en Italie que le festival nous emmène avec Carlo Rizzo, le célèbre tambouriniste, percussionniste virtuose et Jean-Pierre Sarzier à la clarinette, à l’ut et au bambou. Un duo de choc ! « Une rencontre entre le plus mélodiste des tambourinistes et le plus rythmicien des clarinettistes », estime l’organisation du festival. Qui promet un concert spectaculaire avec l’interprétation de morceaux traditionnels du pourtour méditerranéen mais aussi de frénétiques batailles d’improvisation.
Enfin, pour le tout dernier concert de ces trois jours passés sous les caresses du vent du Sud – du moins l’espère-t-on –, ce sont l’accordéon de Raùl Barboza et la guitare de Norberto Pedreira qui clôtureront le festival. Les deux amis liés par une complicité de toujours proposeront zambas, milongas, candombes et autres chamamés.
L’occasion de partager avec ces deux musiciens « une intarissable gaieté, une légèreté teintée d’une nostalgie particulière à certaines musiques argentines et sud-américaines », assure le festival.
Joël Kermabon