Les organisations composant la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (Cisem) viennent de faire parvenir une lettre ouverte au président de la République. L’objectif de cette missive ? Lui demander de peser de tout son poids auprès du préfet de l’Isère pour que les situations des étrangers demandeurs d’asile et de séjour soient enfin considérées de façon « humaine et positive ».
La Cisem s’inquiète, ce 23 juin, de situations presque criminalisées. « Parce qu’ils sont étrangers, ils font de plus en plus l’objet de refus de séjour quasi généralisés sans véritable considération humaine de leurs dossiers et ils sont placés dans des situations incompréhensibles voire kafkaïennes, bien loin des valeurs républicaines de notre pays inscrites au fronton de nos mairies », soulignent les membres du collectif.
Qui s’étonnent d’autant plus de cet état de fait que 70 % des demandeurs d’asile et au moins 75 % des demandeurs de séjour déboutés n’ont pas vocation à rester en France. « Que deviennent celles et ceux qui ont déjà déposé des dossiers en préfecture et sont chez nous depuis des années ? », s’interroge encore la Cisem.
Un climat qui nuit gravement à l’équilibre des enfants
Le collectif évoque les difficiles réalités du terrain. « Nous sommes confrontés constamment à des refus de dossiers ou de renouvellement de titres de séjour avec obligation de quitter le territoire assortis d’interdiction de retour de 1 an voire 2 ans ou plus, avec assignation à résidence », s’indigne-t-il.
La Cisem rappelle également, non sans s’en émouvoir, que ces mesures frappent indifféremment « des familles depuis de nombreuses années dans notre pays, dont les enfants sont scolarisés dans nos écoles, nos collèges, nos lycées, et alors même que les parents ont des possibilités de travail avérées ou [ont] même eu l’autorisation de travailler jusqu’à être des salariés en CDI ».
C’en est trop pour la coordination, qui évoque notamment l’extrême inconfort vécu par les plus jeunes. « Tout un climat qui nuit gravement à l’équilibre psychologique et affectif et au développement des enfants qui ressentent l’angoisse de leur entourage et vivent dans une constante incertitude, insécurité, précarité qui nuit gravement à leur développement », décrit-elle.

Accueil de migrants de Calais sur le campus de Saint-Martin-d’Hères. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Et de regretter que « des jeunes ayant besoin d’avoir un enseignement adapté ne [puissent] pas s’inscrire pour une formation professionnelle s’ils n’ont pas une carte de séjour ! »
« Ce serait à l’honneur de la France »
La coordination iséroise reconnaît quelques avancées significatives, tout en les jugeant insuffisantes. « Certes, de nouvelles mesures ont été prises récemment pour l’instruction des demandes d’étrangers malades, en accordant aussi le droit au travail aux parents d’enfants malades. Mais il n’y a pas encore eu beaucoup de retours, et nous avons encore beaucoup trop d’étrangers dont l’état de santé est reconnu “d’une gravité certaine” voire même d’une “exceptionnelle gravité” qui ont fait l’objet de refus alors même qu’ils ne peuvent pas accéder dans leur pays d’origine aux traitements qui leur sont nécessaires », explique-t-elle.
La Cisem enfonce donc le clou auprès d’Emmanuel Macron. « Nous vous demandons d’intervenir auprès du préfet de l’Isère pour que les situations évoquées soient considérées de façon humaine et positive. Nous vous demandons également de tout mettre en œuvre pour qu’une véritable régularisation des sans papiers, qui apporterait notamment une solution au problème dramatique de l’hébergement des migrants, soit instaurée dans notre pays […] au lieu de ce maillage d’exclusion et de repli frileux sur soi qui met en cause non seulement des milliers de destinées mais aussi les valeurs fondamentales de notre société. Ce serait à l’honneur de la France », conclut le collectif.
JK