FOCUS – A la veille du scrutin décisif, la candidate En Marche Catherine Kamowski et, plus encore, son challenger du parti LR Philippe Langenieux-Villard, qualifiés au 2nd tour dans la 5e circonscription de l’Isère, vont devoir mobiliser les abstentionnistes (48,89 % des inscrits). Quant à récupérer les voix des perdants recalés (39,59 % au total), ils peuvent faire une croix dessus… A moins que le scrutin soit tout bonnement annulé ? Patrice Brun, candidat battu de la France insoumise, s’apprête en effet à demander l’ouverture d’une information judiciaire pour cause de boîtes mails piratées la semaine avant le 1er tour.
Ce dimanche 18 juin, la finale de la 5e circonscription oppose la candidate « Macron » Catherine Kamowski, qui a obtenu 40,58 % au 1er tour, au candidat Les Républicains Philippe Langenieux-Villard et ses 13,62 %.
L’avance de la première est considérable. « Ce résultat est plus qu’encourageant », estime-t-elle modestement.
« Reste la grande inconnue de la participation au second tour », redoute la candidate LREM. « J’espère que les gens, au vu des résultats d’En Marche, vont tout de même se déplacer pour aller voter », ajoute-t-elle.
L’enjeu : convaincre les abstentionnistes
Mais que peut donc bien, lui, espérer Philippe Langenieux-Villard, dont la victoire relèverait d’une sacrée performance ? « Convaincre les abstentionnistes, répond-il. Cela va être difficile dans le climat actuel », en convient-il. Désignant par là, tant la vague En Marche que les errances des partis traditionnels et, surtout, le désamour des Français pour la démocratie représentative… Compter sur un report de voix ? Philippe Langenieux-Villard n’y croit pas beaucoup : « Les électeurs des candidats perdants sont déçus. »
Catherine Kamowski n’y renonce pas, en revanche : « Mon avance semble importante, mais il faut que les gens viennent voter, autant ceux qui n’ont pas voté, que ceux qui ont voté pour d’autres. J’appelle les gens à faire preuve de bon sens et à voter pour le changement », exhorte-t-elle.
FI et FN en faveur du vote « blanc »
Les électeurs déçus de la 5e circonscription qui ont déposé un bulletin au 1er tour, pour le PS, FI, FN, ou EEVL n’ont reçu officiellement aucune consigne de vote de la part de leur candidat recalé. Mais entre les lignes, à écouter les uns et les autres, ils sont invités à ne soutenir ni LR, ni En Marche.
Patrice Brun, candidat FI (13,26 %) arrivé troisième au soir du 1er tour, a raté la première marche à quelque 200 voix près. En phase avec le mot d’ordre de la France insoumise, il ne donne aucune consigne de vote. Mais considère que « ces deux candidats sont sur deux lignes dures à droite. LR ne s’oppose évidemment pas à la casse du travail que s’apprête à poursuivre En Marche. » Personnellement, Patrice Brun hésite encore entre s’abstenir au second tour et voter blanc. Ce qui serait « un vote utile, s’il était pris en compte ! », le candidat FI plaidant d’ailleurs pour la « reconnaissance du vote blanc ».
Hors de question également pour la candidate FN, Muriel Burgaz, perdante du 1er tour avec 11,79 %, de choisir entre les deux candidats : « En Marche et LR, c’est la même chose ! » Celle-ci appelle à « voter blanc, quand on n’a personne pour représenter ses idées ».
Dilemme insurmontable pour les électeurs du PS et des Verts ?
Quant à la candidate PS et ex-sénatrice Éliane Giraud, sur qui reposaient les espoirs du Parti socialiste de succéder à François Brottes – député sur la 5e circonscription depuis quatre mandats successifs –, elle invite ses électeurs (7,39 %) à voter « comme ils le souhaitent ».
Sachant que, de son point de vue – a fortiori partagé par une très grande partie de ses supporters –, le choix est cornélien : « Le second tour oppose deux candidats de droite : Catherine Kamowski qui a toujours été au centre droit et qui, contrairement à ce qu’elle raconte, a toujours eu une opposition de gauche dans son conseil municipal, et Philippe Langenieux-Villard, des Républicains. »
Chez les Verts, « le soutien pour Langenieux-Villard est impossible », mais celui pour En Marche guère plus évident… Gaël Roustan, candidat EELV battu avec 7,15 % des suffrages exprimés, déclare : « Je ne donne pas de consigne de vote, mais je n’ai pas entendu la candidate En marche affirmer qu’elle allait empêcher la casse du travail, ni affirmer son soutien à Nicolas Hulot ! »
Séverine Cattiaux
LE CANDIDAT FI PORTE PLAINTE POUR PIRATAGE DE BOÎTES MAIL
Les comptes mails du candidat de la France insoumise sur la 5ecirconscription ont été piratés une semaine avant le 1er tour des législatives 2017. Un handicap qui a, sans doute, pesé lourd dans la défaite du candidat, à 190 voix près du podium.
« Nos boîtes mails se géraient sans nous !… Nous tentions de nous réapproprier nos comptes, mais les paramètres étaient de nouveau changés en l’espace d’une minute », témoigne Patrice Brun. « On ne peut pas savoir ce que sont devenues nos données pendant ce temps-là. Par ailleurs, nous n’avons pas pu répondre en temps et en heure à des demandes, notamment d’associations qui nous demandaient de nous positionner ! », déclare-t-il.
Le candidat FI a voulu porter plainte mais celle-ci a été refusée au motif qu” « il n’y a eu personne de lésé ». Le préjudice est pourtant évident du point de vue du candidat de la France insoumise : sa disqualification pour le second tour, à 190 voix près. Patrice Brun ne va pas en rester là et s’apprête à demander l’ouverture d’une « information judiciaire ». A suivre…