REPORTAGE – Le collectif Alliance citoyenne, organisait une marche collective à Saint-Martin-d’Hères, ce mercredi 7 juin, pour réclamer la réouverture de la ludothèque attachée à la MJC des Roseaux, récemment fermée. Un rassemblement qui s’est terminée devant l’hôtel de ville, sous les fenêtres du maire communiste David Queiros.
Ils étaient une trentaine, mercredi après-midi, à s’être rassemblés, adultes et enfants confondus, sur la place Étienne Grappe de Saint-Martin‑d’Hères. Pancartes à la main, t‑shirts turquoise, l’air décidé, ces membres de l’Alliance citoyenne ont formé un petit cortège coloré avec les habitants du quartier prioritaire de La Plaine – Renaudie – Champberton.
Une déambulation festive dans les rues de la ville avec un chant a cappella sur l’air de « Il était un petit navire » : « Ohé, Ohé Monsieur le maire, vous n’arriverez pas à nous faire taire. Ohé, Ohé Monsieur le maire, notre ludothèque, on l’espère. »
Ils entendaient protester contre la fermeture de la MJC des Roseaux et de la ludothèque qui y était rattachée. Des lieux d’éducation populaire et points de repère des habitants, selon ces derniers.
En l’espace de quelques minutes, les escaliers de la mairie – destination des marcheurs – ont pris des allures de ludothèque en plein air : comme sortis de nulle part, un passe-trappe, un billard japonais et un hockey de table ont été installés. Sans compter un groupe de joueurs de batucada qui a accompagné la manifestation avec ses percussions.
La ludothèque de Champberton : un symbole d’accueil et de liens sociaux
« En avril, lors d’une rencontre avec le maire [David Queiros, ndlr], nous avons essayé d’ouvrir le dialogue sur ce sujet, sans obtenir de réponse satisfaisante, explique Sylvie Delus, porte-parole de l’association. D’où la décision de mettre en place cette mobilisation, en collaboration avec un collectif d’habitants provenant de différents quartiers de Saint-Martin‑d’Hères. Nous sommes tous impliqués dans cette cause. »
La liquidation judiciaire de la MJC des Roseaux, en mars dernier, est encore dans les esprits des Martinérois. Du jour au lendemain, dix-sept salariés se sont retrouvés en chômage et un grand nombre de jouets – d’une valeur pouvant aller jusqu’à 30 000 euros, selon des membres d’Alliance citoyenne – ont été mis aux enchères par le mandataire.
« Mais notre plus grande inquiétude concerne les habitants de ce quartier “Politique de la Ville”, qui ont été privés d’un lieu d’accueil et de liens sociaux. La ludothèque de Champberton représentait en effet un symbole très fort pour eux, parce qu’elle permettait de regrouper les écoles, les familles et les enfants. Bref, des citoyens de tous âges pouvaient tisser des relations dans un espace commun et convivial », précise Sylvie Delus.
Une ludothèque sera bien rouverte, affirme David Queiros
Outre les jeux et les chansons ironiques, la mobilisation visait aussi à remettre au maire une pétition signée par 400 habitants. Premier point de leur requête : la réouverture de la ludothèque de Champberton qui, avec ses animations périscolaires tous les mercredis, les « soirées jeu » les mardis et les ateliers créatifs ou artistiques, assurait une forme d’éducation socioculturelle bien utile à des enfants issus d’un quartier prioritaire.
En réponse, le maire a rassuré les manifestants en leur promettant « qu’une ludothèque sera[it] rouverte, mais non avant septembre ou octobre ». Le temps nécessaire pour que le processus de liquidation judiciaire se termine et que la fusion devienne effective entre deux autres MJC de Saint-Martin‑d’Hères. En l’occurrence, les maisons de quartiers de Village et du Pont du Sonnant.
« Ce n’est qu’à partir du moment où ces deux étapes seront franchies que la MJC fusionnée pourra reprendre progressivement des activités sur les espaces Sud et Centre, dont l’animation en ludothèque qui était gérée par l’ancienne MJC des Roseaux. »
La priorité de la mairie : « un projet d’éducation populaire pour tous les quartiers »
En attendant, la mairie s’engage à renforcer tous les dispositifs de l’été, à travers des cours municipaux de sport, des animations de rue, des séances de cinéma, ou encore des ateliers à la piscine publique. Des solutions certes provisoires, mais loin de remplacer le rôle éducatif et la dimension emblématique que la MJC des Roseaux revêtait pour les jeunes du quartier.
Effectivement, la MJC jouait une fonction importante en termes d’animation, d’éducation populaire et socioculturelle, ce que les dispositifs pour l’été ne pourront pas remplacer, reconnaît David Queiros. Toutefois, ces derniers visent à garantir que les enfants et les familles pourront accéder avec plus de facilité aux animations municipales. La mairie continue à porter un projet d’éducation populaire qui concerne tous les quartiers de la ville. »
« Des promesses en l’air » selon Marianne, bénévole de l’Alliance citoyenne venue demander des actions concrètes. Ne reste plus qu’à attendre la rentrée scolaire pour voir qui a tort et qui a raison…
Giovanna Crippy, correspondante à Saint-Martin-d’Hères