DÉCRYPTAGE - Emmanuel Macron élu président, le soulagement est palpable pour tous ceux qui se sont mobilisé pour faire barrage à Marine Le Pen, candidate FN. Mais le temps de souffler n’est pas encore venu pour les militants politiques de tous bords : la bataille des législatives démarre derechef avec, en préambule, quelques “ententes” possibles ou pas dans certaines circonscriptions…
Dans les salons feutrés de la préfecture de l’Isère, ce dimanche 7 mai en soirée, l’annonce de l’élection d’Emmanuel Macron, nouveau chef de l’État français, avec 65,8 % des suffrages exprimés au niveau national (ainsi qu'en Isère) est accueillie sans étonnement par le groupe de politiques et représentants de la préfecture, plantés devant l’écran de télévision. Sans doute ceux-ci avaient-ils pris connaissance, dans l'heure qui précédait, des premiers résultats qui circulaient sur Internet…
Les mines sont toutefois globalement réjouies. Les Macronistes, ceux de la première heure qui ont adhéré au jeune mouvement « En Marche » fondé le 6 avril 2016, savourent pleinement cette victoire.
"Une volonté de renouveau », selon Didier Rambaud
Pour Didier Rambaud (ex-PS), référent départemental isérois d’En Marche l'instant est solennel : "Je suis heureux. Je suis ému même. Cette élection montre qu’il y a une volonté de renouveau dans le pays, de rompre avec le système de politique qui s’est installé depuis trente-cinq ans."
Le maire de la commune du Grand-Lemps et conseiller départemental en Isère ne regrette pas, après dix-huit ans passé au PS, de s’être engagé "dès le premier jour" au côté de celui qui va désormais présider au destin de la France durant les cinq prochaines années.
Parmi les militants PS, on se réjouit surtout que le vote barrage au FN ait fonctionné.
"C’est un soulagement" sont les premiers mots de Christophe Bouvier, secrétaire départemental du PS en Isère. Pierre Ribeaud, député de la 5e circonscription, qui ne se représente pas et cède la place à la sénatrice Éliane Giraud, n’est lui non plus pas surpris outre mesure de la victoire du leader d’En Marche. En revanche, il semble plus frappé par le taux d’abstention – "Le plus important de la Ve République [25,3 % en France, 28,04 % à Grenoble, ndlr] il me semble" – et les nombreux votes blancs ou nuls (12 % en France, 9 % à Grenoble). Des signes préoccupants pour la santé démocratique du pays…
A l’évidence, "l’abstention est plus forte qu’au premier tour : parce que les gens ne se retrouvent pas dans ces deux candidats », analyse David Queiros, maire PCF de Saint-Martin-d’Hères, qui a parrainé Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise. Il poursuit, inquiet : "Le barrage contre le FN a fonctionné, mais il se fragilise."
Un peu plus tard dans la soirée, Eric Piolle maire EELV de Grenoble lâche, amer : "On voit bien que le FN au pouvoir : cela devient possible… ». S'étant fait un point d'honneur à venir aux résultats de la présidentielle, au premier comme au second tour, Mounira Dabaji, ancienne colistière de Jérôme Safar PS en 2014, déclare : « J’ai voté Macron aujourd'hui pour faire barrage au Front national. Ce soir, je suis triste, quand on voit que Marine Le Pen fait 34,2 % (17,33 % à Grenoble), c’est 34,2 % de trop ! Mais aujourd’hui reprend-elle, plus optimiste, je peux au moins continuer à aller dans la rue et défendre mes idées. Il ne faut pas arrêter le combat. Je pense à ma dernière petite fille… »
Avec son score, Marine Le Pen fait moins qu’elle ne l’aurait espéré, mais totalise tout de même un peu plus de 10,6 millions de voix.
Un nombre qui a de quoi consoler Muriel Burgaz, secrétaire départementale adjointe au FN en Isère et élue au conseil régional Rhône-Alpes-Auvergne.
Elle relativise la défaite : "On est très satisfait, c’est un bon score, un record pour notre part, un espoir de représenter la seule force d’opposition qui représente la droite patriotique."
Réalisation : Joël Kermabon.
Olivier Véran, Fabrice Hugelé… déjà candidats de "La république en Marche"
Les gagnants du jour restent d'ailleurs lucides. Didier Rambaud tire en effet deux enseignements de l'élection présidentielle : "La colère est grande dans ce pays avec 35 % de votes FN […] et les 65 % n’ont pas tous adhéré au projet d’Emmanuel Macron."
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