Savoir enfin qui nous buvons, de Sébastien Barrier © Angelique Lileyre

La semaine du vin natu­rel fait ses pre­miers pas à Grenoble

La semaine du vin natu­rel fait ses pre­miers pas à Grenoble

FOCUS – Petite nou­velle à Grenoble, la Semaine du vin natu­rel se tien­dra du 9 au 14 mai 2017 dans dif­fé­rents éta­blis­se­ments s’intéressant de près à ce breu­vage dépourvu, ou presque, d’ajout de soufre. Deux des orga­ni­sa­teurs, Ghislain Parant et Jean-Marie Mouron, nous ren­seignent sur les fina­li­tés de cet évè­ne­ment et sur le vin natu­rel, qu’ils défendent avec passion.

Affiche de La Semaine du vin naturel à Grenoble

Affiche de La Semaine du vin natu­rel à Grenoble.

L’an passé, nous nous étions fait l’écho de la tenue, au bou­lo­drome, de la 9édi­tion du salon À la ren­contre du vin natu­rel de Grenoble. Cette année, faute de lieu où orga­ni­ser la 10e édi­tion du salon, l’association S‑Prit, orga­ni­sa­trice de l’évènement, a dû renon­cer à réunir les vigne­rons habi­tuel­le­ment pré­sents. Que les ama­teurs de vin dits “nature” ou “natu­rels”* se ras­surent, un autre ren­dez-vous se pro­file pour la pre­mière fois à Grenoble : La semaine du vin natu­rel, du 9 au 14 mai.

Aux manettes, Ghislain Parant, ancien pré­sident du salon À la ren­contre du vin natu­rel de Grenoble, Dominique Couderc, ancien som­me­lier de la Corne d’Or et caviste iti­né­rant à Lyre Entre Les Vignes, Jean-Marie Mouron, ancien gérant du bar à vin Le Vin Au Vert, et Cédric Mendoza, fon­da­teur du site vins​na​tu​rels​.fr ont décidé de créer cette semaine sur l’exemple du Mois du vin natu­rel à Lyon, dont la 2e édi­tion s’est dérou­lée en novembre 2016.

Plusieurs ren­dez-vous concen­trés sur une semaine

Le prin­cipe ? « C’est le même concept qu’à Lyon. On constate avec plai­sir qu’à Grenoble il y a de plus en plus d’établissements qui tra­vaillent avec des vins nature. On est donc allé à leur ren­contre pour leur pro­po­ser de le pro­mou­voir en créant une acti­vité pen­dant cette semaine [à savoir des ren­contres, débats, pro­jec­tions, dégus­ta­tions, ndlr]. De notre côté, on concentre et on relaie l’information », explique Ghislain Parant.

Savoir enfin qui nous buvons, spectacle de Sébastien Barrier programmé à La Rampe le 12 mai. © Angélique Lileyre

Savoir enfin qui nous buvons, spec­tacle de Sébastien Barrier pro­grammé à La Rampe le 12 mai. © Angélique Lileyre

Pourquoi avoir pré­féré cette for­mule “écla­tée” à la tenue d’un salon poten­tiel­le­ment plus fédé­ra­teur ? « Le salon existe déjà, donc il n’était pas ques­tion de le refaire. On ne veut pas mar­cher sur les pla­te­bandes de l’association S‑prit », pré­cise l’ancien pré­sident de ladite asso­cia­tion. « D’autant plus qu’il y aura tout de même un salon à la Corne d’Or pour clore la semaine. Ce sont jus­te­ment les vigne­rons pré­sents habi­tuel­le­ment sur le salon À la ren­contre du vin natu­rel de Grenoble qui en ont pris l’initiative », ajoute Jean-Marie Mouron.

Il faut dire que les vigne­rons regret­taient de ne pas se rendre à Grenoble, qui repré­sente un bas­sin véri­ta­ble­ment pros­père pour le vin natu­rel et, par­tant, recèle une clien­tèle fidèle.

Faire connaître le vin natu­rel aux consom­ma­teurs et aux vignerons

Le but affi­ché de cette semaine ? « Mettre en lumière ces vigne­rons qui tra­vaillent natu­rel­le­ment, sai­ne­ment. » Mais au fait, où en sont les consom­ma­teurs de leurs connais­sances en matière de vin natu­rel ? « On en est au b.a.-ba. Quand j’ai lancé le salon en 2006, c’était suite au constat que, quand j’allais man­ger quelque part, je ne trou­vais aucun vin qui me conve­nait, c’est-à-dire des vins nature. D’abord, je vou­lais que les res­tau­ra­teurs prennent connais­sance de ces vins-là et s’en fassent l’écho », se sou­vient Ghislain Parant.

Onze ans plus tard, les ama­teurs de vin sont de plus en plus nom­breux à avoir décou­vert ce breu­vage. Mais, de l’avis de l’organisateur de la Semaine du vin natu­rel de Grenoble, il fau­dra encore une géné­ra­tion pour que le vin natu­rel « soit vrai­ment ancré dans les men­ta­li­tés ».

Et la pre­mière cible à convaincre demeure les vigne­rons eux-mêmes. Difficile d’abandonner la chi­mie ? « C’est plus com­pli­qué de faire avec rien que de jouer avec les ins­tru­ments chi­miques. Si le vigne­ron ne par­vient pas à faire un bon vin, éco­no­mi­que­ment, ça peut être très com­pli­qué. Il y a un risque », recon­naît Ghislain Parant. « Et puis, ce sont sou­vent des vigne­rons qui tra­vaillent dans de petites struc­tures. On n’est pas dans des exploi­ta­tions à 80 ou 100 hec­tares. Si une récolte est per­due un an, c’est véri­ta­ble­ment un an de tré­so­re­rie qui s’envole », com­plète Jean-Marie Mouron.

Le goût et le coût

Que dire du goût du vin natu­rel à un habi­tué du vin stan­dard ? « Il risque d’être per­turbé. La pre­mière fois que j’ai goûté un vin nature – en sachant que j’ai été élevé au Bordeaux de la grande dis­tri­bu­tion –, j’ai trouvé ça dérou­tant, très bizarre. Ensuite, j’ai fait un ou deux allers-retours entre vins stan­dards et vins natu­rels avant de ne plus boire que les seconds », raconte Ghislain Parant.

« Qu’on l’aime ou pas, il faut dire que le vin nature a des pro­prié­tés. C’est celui qui est le plus proche du ter­roir. Il n’est pas très dif­fi­cile de trou­ver sa région en le goû­tant, au contraire des vins stan­dards au goût très uni­for­misé. Et puis, le vin nature fait res­sor­tir le fruit », ajoute Jean-Marie Mouron avant d’être rejoint par Ghislain Parant : « De toute façon, la chi­mie – le soufre en par­ti­cu­lier – sert à tuer les bac­té­ries pour sta­bi­li­ser l’ensemble. Et si on tue les bac­té­ries, on tue beau­coup de com­po­sés aro­ma­tiques. »

Précisons tou­te­fois que la consom­ma­tion exclu­sive de vins natu­rels n’est pas à la por­tée de toutes les bourses, comme le laisse entre­voir cer­tains des tarifs des dégus­ta­tions pro­gram­mées durant la semaine du vin natu­rel. « C’est évi­dem­ment plus cher qu’une bou­teille de vin de la grande dis­tri­bu­tion. Les vigne­rons en vins nature tra­vaillent à la main. Il y a énor­mé­ment de tra­vail à la vigne. Le ren­de­ment est beau­coup moins impor­tant », énu­mère Jean-Marie Mouron.

« Les engrais servent à don­ner beau­coup de rai­sins. Quand on fait les ven­danges chez un vigne­ron nature, on voit des grappes avec des petites baies, contrai­re­ment aux vignes dopées pour faire du volume. Les prix peuvent donc être plus bas. Le vigne­ron en vin nature recherche, bien sûr, une concen­tra­tion gus­ta­tive plus grande dans ses baies. Ce petit ren­de­ment est cal­culé. Le vin se fait à la vigne », conclut Ghislain Parant. À méditer.

Adèle Duminy

* Le vin natu­rel selon Gilles Vergé

« Loin de l’esprit des vins com­mer­ciaux qui sont volon­tai­re­ment stan­dar­di­sés au goût d’une forme de clien­tèle, les vins natu­rels sont des “pro­duits” à l’opposé de la nor­ma­li­sa­tion, qui essaient d’être au plus près de la qua­lité de goût des rai­sins et de pui­ser leur typi­cité dans leurs ter­roirs res­pec­tifs. Les vigne­rons qui s’investissent dans cette “forme” de vin tachent de tra­vailler les vignes et aussi les vins en res­pec­tant la nature des sols par un tra­vail long et minu­tieux […] pour per­mettre à la vigne de don­ner au mieux ses qua­li­tés de ter­roir et de pureté ; ce qui implique l’absence de désher­bant, de pes­ti­cides, d’engrais, d’insecticides et de pro­duit de syn­thèse. Le fait de tra­vailler les vins en natu­rel implique de lais­ser les levures indi­gènes opé­rer leurs trans­for­ma­tions suc­ces­sives afin d’obtenir une vini­fi­ca­tion longue, calme et sty­lée pour per­mettre aux vins de lais­ser appa­raître toutes leurs expres­sions. De sur­croît, l’emploi d’un mini­mum de soufre ou pas de soufre du tout est une règle de conduite. »

Gilles Vergé, Vigneron dans le Mâconnais, pré­sent pen­dant la jour­née des vigne­rons, le 13 mai 2017 à la Corne d’or.

Infos pra­tiques

La semaine du vin naturel

Du 9 au 14 mai 2017

Détail de la semaine sur le site de l’évènement

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