ENTRETIEN - Place Gre'net a rencontré le maire de Grenoble en avril dernier, au terme de la première moitié de son mandat. L'occasion de revenir sur ses engagements de campagne mais aussi de l'interroger sur différents dossiers qui ont fait l'actualité depuis 2014. Une interview qui s'est déroulée au pas de course, en une quarantaine de minutes, au lieu des soixante initialement prévues.
Place Gre'net : Quel bilan dressez-vous de vos actions à mi-mandat ? De quoi êtes-vous fier ?
Eric Piolle : On a lancé des changements dans un certain nombre de domaines – et même tous les domaines – qui font que nous sommes à l’aube d’un modèle nouveau. Cela marche sur le rapport aux politiques qui était un préalable, une avancée, un travail entre la société civile et la sphère politique.
Cela passe par la transformation des espaces publics, l’élargissement piéton, les changements de mode de déplacement, le travail fait sur la gestion des déchets, celui sur l’éducation qui est notre priorité n°1 : le plan école, tout ce qu’il a entraîné de réflexion et d’échanges sur le périscolaire et tout ce que nous amenons dans ce domaine-là d’un point de vue qualitatif. Dans chacun des champs, il y a une cohérence, une vision d’ensemble.
Que vous reste-t-il à faire ces trois prochaines années pour considérer avoir réussi votre mandat ?
Ça ne se pense pas comme ça car une ville se transforme lentement et ce sont aussi les habitants qui la transforment. On est toujours plus dans une prospective à quinze-vingt ans, en se demandant quelles sont les solutions qui sont bonnes tout de suite et celles qui le sont pour cette vision de long terme. C’est ça qui fait qu’on n’est pas à courir après des échéances électorales. Ce court-termisme et cette culture des équipes, du bipartisme un peu propriétaire limite la créativité et limite l’horizon.
D’ici la fin du mandat, on verra bien que les écoles seront en train de sortir. Une ou deux seront même déjà ouvertes. Le centre-ville de la métropole aura été agrandi et mis à la taille du cœur de chauffe d’une aire urbaine de 700 000 habitants. On a doublé le nombre de métro-vélos. Le travail sur la qualité de l’air et le croisement des politiques de santé et des politiques environnementales est majeur. Sans compter ce que l’on fait en matière de prévention dont on parle moins. Nous sommes la première collectivité à avoir embauché des médiateurs pairs, c’est-à-dire des habitants du quartier qui sont formés et vont faire ce travail de médiation
Tout le monde est bien conscient que le modèle d’après-guerre s’effondre, mais qu’il faut dissiper le brouillard devant nous et se dire que, dans le changement, il y a des choses positives. C’est attirant, inspirant, enthousiasmant et chacun y a sa place.
Lors du conseil municipal du 20 juin 2016 vous avez affirmé : "L’ADN de notre programme, c’est de faire de la politique et tourner Grenoble vers son avenir. Oui, ça bouscule mais nous avons une ligne, une vision et nous la suivons bien au-delà des problématiques budgétaires." Pouvez-vous préciser quelle est cette ligne, cette vision ?
C’est ce que nous avions porté durant la campagne : faire un projet adapté aux défis du temps présent, comme l’ont fait les équipes précédentes. C’est aussi un enjeu de démocratie locale. On a baissé les indemnités des élus de 25 %, supprimé les voitures de fonction avec chauffeur, supprimé les jetons de présence dans les satellites, interdit le cumul des mandats de façon stricte même entre Ville et métropole*… Même au sein de la métropole, l’exécutif n’est formé que de personnes qui n’ont qu’un mandat municipal, ce qui est unique en France.
Ce renouveau-là est adossé à la participation au quotidien concernant les réaménagements de places, le Plan école qui a été construit pendant un an, les critères de subventions construits avec les acteurs du monde sportif pendant dix mois, le plan municipal de santé et les dispositifs de démocratie locale également mis en place.
Il y a également un enjeu fort sur la qualité de vie. Nous sommes dans la bonne échelle (mission confiée par la Cop21) pour transformer les choses. C’est ainsi qu’on peut avoir des objectifs communs, quels que soient les horizons. Les sphères économiques, associatives, publiques peuvent travailler de façon concrète. Avec des actions qui le sont tout autant : la coopérative Solaire d’ici permet de produire de l’énergie renouvelable à partir de photovoltaïque sur les toitures. C’est un modèle dans lequel il y a la fois des collectivités, des acteurs privés, des particuliers… Tout cela se transforme. On pourrait aussi parler de l’agriculture urbaine qui transforme la ville.
Est-ce que vous avez déjà des regrets ?
Des regrets… C’est plutôt un état de fait. Après avoir perdu des budgets de fonctionnement, nous avons souhaité donner en transparence un cadre qui facilite le changement de périmètre de la Ville. Un cadre qui a généré des tensions mais qui est clair.
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