FOCUS – Un début de saison catastrophique et un hiver peu enneigé à basse et moyenne altitude mettent une nouvelle fois en lumière les risques auxquels sont, et vont l’être de plus en plus, confrontées les stations de ski. Plus ça va, plus l’écart grandit entre les mieux loties et les autres. Alors que les stations de ski de piste misent plus que jamais sur les enneigeurs, certains sites nordiques doivent sans tarder diversifier leurs activités.
Hors la neige de culture, point de salut en Isère ? Pour les professionnels de la montagne, réunis à Val d’Isère pour un debriefing autour de France Montagne (le site officiel des stations de ski en France), la saison hivernale 2016 – 2017 est pour le moins contrastée. Pour faire simple, bien que les vacances d’hiver soient jugées « correctes » en dépit d’un début catastrophique, tous les massifs ne sont pas logés à la même enseigne.
Si les Alpes du Sud, les Pyrénées, la Savoie et la Haute-Savoie enregistrent les meilleures performances, l’Isère, la Drôme, le Jura, les Vosges et le Massif central se portent, sans surprise, nettement moins bien. De fait, ces derniers ne culminant pas bien haut, les chutes de neige ont pour le moins été « disparates » cet hiver. Chronique de futurs hivers annoncés ?
Les Alpes du Sud et les Vosges, seuls gagnants de la saison
Malgré des appréciations plutôt bienveillantes, la fréquentation est loin d’atteindre des sommets. Meilleur score ? Les Alpes du Sud avec une fréquentation en hausse de 4 %, suivie des Vosges (+ 3 %). Ce sont les deux seuls massifs à rester dans le positif. Pour les autres, ça dégringole plus ou moins. La fréquentation des stations de ski de la Savoie baisse de 3 %, celle du Jura de 5 %, l’Isère et la Drôme de 8 %, la Haute-Savoie de 9 %. Le pompon revient au Massif central avec – 12 %…
Et, à l’intérieur de chaque massif, les situations sont tout aussi contrastées. « Les écarts sont importants entre les grandes stations qui tirent leur épingle du jeu et les autres, souligne France Montagnes dans un communiqué. Cet hiver, une fois encore, la neige de culture et l’altitude ont fait la différence. »
En Isère, Saint-Pierre-de-Chartreuse, qui encaisse de plein fouet les aléas climatiques en plus de difficultés de gestion, n’est pas la seule à devoir s’inquiéter. Le Vercors, où le bas des pistes culmine à 1 000 mètres d’altitude, est tout aussi (mal) exposé. La solution réside-t-elle dans les canons à neige, dont s’équipe à grand train la plus grande des stations du plateau, Villard-de-Lans ?
C’est en tout cas le constat dressé par les gestionnaires des stations de ski. Qui poussent à la roue, ne voyant manifestement pas d’autres issues. « Les investissements en neige de culture ont encore progressé mais ils restent insuffisants au regard d’autres pays comme l’Italie ou l’Autriche, où deux pistes sur trois sont équipées. En 2016, ils ont représenté 56 millions d’euros sur les 303 millions investis par les domaines skiables. Soit 12 % de l’investissement global. Certes, c’est mieux que les hivers précédents (42 millions d’euros l’an passé, 38 millions en moyenne de 2012 à 2015), d’autant que cet investissement profite à tous. »
Et notamment aux écoles de ski. Pour le syndicat national des moniteurs de ski français, après un Noël calamiteux, ces vacances d’hiver sont ainsi jugées « exceptionnelles ». « Les réservations en ligne, en nette augmentation (25 % de l’activité cette année) ont généré 70 millions d’euros de chiffres d’affaires sur les 280 millions estimés. Le bilan provisoire est de l’ordre de 0 à – 3 % par rapport à l’année précédente (avec de fortes disparités suivant les stations). »
Le ski de fond limite la casse
Quant aux stations de ski de fond, elles tentent comme elles peuvent de limiter la casse. Et y parviennent plutôt bien cet hiver, quand bien même quelques domaines nordiques restent sur le bord de la route. Alors que le chiffre d’affaire du ski nordique avait baissé de 15 % en moyenne les quatre dernières saisons, celui-ci devrait reculer de – 3 à – 5 %.
« Malgré la baisse importante du nombre de jours d’ouverture, la fréquentation est excellente lorsque les conditions climatiques sont bonnes, note Nordic France. Grâce aux périodes de prévente instaurées dans l’intégralité des massifs, la vente des cartes saison connaît une hausse notable. »
Mais là aussi, la situation ne bénéficie pas à tous de la même façon. Et l’écart se creuse entre les domaines nordiques bien exposés et bien équipés et… les autres. « Les autres sites, souvent les plus petits, ont vécu un troisième hiver très compliqué, alerte Nordic France et doivent s’engager rapidement dans la diversification de leurs activités pour limiter leur dépendance à la neige ».
PC