FOCUS – Les Amazones, les joueuses de rugby de Grenoble-Sassenage, disputent dimanche (15 heures) à Béziers la finale de Deuxième division face à Bayonne. Enjeu pour les Iséroises : un premier titre national et une montée dans l’élite du rugby féminin en cas de succès.
Samedi 29 et dimanche 30 avril, Grenoble et Bayonne s’affrontent lors de deux matches de rugby aux enjeux bien différents. Le duel de samedi au Pays basque entre Bayonnais et Grenoblois, d’ores et déjà relégués en Pro D2, ne bouleversera pas la face du Top 14. Il s’agira simplement pour le FC Grenoble, 13e, de garder un peu de marge sur l’Aviron bayonnais, dernier. Par contre, la confrontation dimanche entre le FCG-Amazones et l’AS Bayonne, chez les féminines, revêtira une tout autre importance.
Margaux Donzel, capitaine de l’équipe : « Ce serait un rêve de gosse »
À Béziers, c’est un titre de champion de France Élite 2 Armelle-Auclair, la Deuxième division, qui est en jeu. « Si nous l’emportons, ce serait un rêve de gosse qui se réaliserait », témoigne Margaux Donzel, 28 ans, capitaine des Amazones.
« Je pourrais dire : « dans ma vie, j’ai pu soulever un bout de bois » [le Bouclier pour l’équipe victorieuse, ndlr]. C’est la récompense de tous les efforts fournis, pas que dans une saison. J’ai commencé, j’avais 14 – 15 ans. J’ai fait toute ma carrière rugby ici. Enfin, pouvoir soulever ce bouclier, ce serait beaucoup d’émotions. »
« Cela fait neuf mois que cette saison a commencé. Quoi qu’il arrive, ça se termine dimanche », résume l’entraîneur principal Emmanuel Pellorce. « Cette finale, c’est la concrétisation de ce que les filles, le staff avec elles et le club ont pu mettre en œuvre. C’est un ensemble qui a fonctionné. »
Le déclic : l’obstacle du quart de finale enfin franchi cette année
Pour arriver à cette finale, les joueuses du FCG-Amazones ont réalisé un parcours remarquable. Elles sont invaincues cette saison. En phases qualificatives, elles ont remporté 13 matches sur 14, ne concédant qu’un résultat nul à La Valette-du-Var (20−20), mi-janvier.
« Cela a permis de “rebooster” un peu tout le monde. Au final, ce n’est pas une défaite. Il y a quelques années, ce match, nous l’aurions perdu », estime Margaux Donzel. « Dans un sens, cela nous a remis les pieds sur terre et fait comprendre que, même dans des matches difficiles, nous ne perdions pas. Cela a aidé à ce que le groupe soit vraiment solide. »
Ensuite, et surtout, les Iséroises ont su passer l’obstacle du quart de finale. Depuis deux saisons, elles échouaient à ce stade de la compétition. « Nous avons eu beaucoup de pression contre Tarbes en quart. C’est pour cela, je pense, que nous n’avons pas fait un gros score (20−13) », juge la pilier gauche du FCG-Amazones. Cette victoire a entraîné un petit déclic psychologique.
En demi-finale, contre les Béarnaises de Lons, les Grenobloises ont réalisé « un match référence », selon Emmanuel Pellorce. Hormis les trois premières minutes, elles ont su dominer leur adversaire pour leur infliger au final un cinglant 33 – 12.
Emmanuel Pellorce, entraîneur : « Bayonne, c’est l’ogre »
Pour autant, pas question de fanfaronner. « Nous avons fait un match plutôt abouti contre Lons. C’est de bon augure pour la suite. Forcément, nous savons que Bayonne a un super niveau. Nous ne nous enflammons pas et nous travaillons pour bien contrer cette équipe et mettre en place notre jeu », explique Margaux Donzel.
Emmanuel Pellorce confirme : « Après Lons, le retour en bus a été festif mais très raisonnable. Les filles étaient déjà projetées sur la finale. Nous n’allons pas la jouer avant l’heure et faire le maximum pour la remporter. Nous savons bien que Bayonne c’est l’ogre. »
Les Bayonnaises font en effet une très belle saison aussi. Dans leur poule, elles n’ont perdu qu’une fois en 14 rencontres. En quart de finale, elles ont corrigé Rouen (41−5) puis en demi-finale, elles ont dominé Bordeaux (21−5). Dans leurs rangs, plusieurs joueuses sont internationales françaises. Et, il y a deux saisons, elles avaient éliminé le FCG en quart de finale.
Décrocher la montée en Top 8
La montée en Top 8 – l’élite du rugby féminin français – passe par un succès face aux joueuses basques. « Nous nous battons tous les dimanches pour cela », rappelle Margaux Donzel, qui a déjà évolué dans ce championnat. En effet, avant de s’associer au FCG en mars 2015, les Amazones de Sassenage avaient connu le Top 8 en 2008 avant de redescendre quelques années plus tard en Deuxième division.
Si elles retrouvent ce niveau, les conditions semblent réunies pour espérer y rester longtemps. « Le FCG nous aide beaucoup. Au niveau de la structure, je pense que nous sommes calés », juge Margaux Donzel. « Nous espérons avoir un peu plus de facilités pour recruter et pour être sereins sur du long terme. » Pour la capitaine des Amazones, « être rattaché à un club aussi historique que le FCG, cela attire. Certaines filles n’y restent pas insensibles ». C’est déjà un très bon point.
Laurent Genin