FOCUS – Emmanuel Macron et Marine Le Pen en tête, les Républicains et le Parti socialiste battus, la dynamique Mélenchon coupée dans son élan… La soirée électorale du 23 mars 2017, à la préfecture comme sur les réseaux sociaux, a été l’occasion de nombreuses déclarations. De nombreuses déceptions aussi. Et de regards déjà tournés vers le second tour.
À 20 heures, tombe la nouvelle : Emmanuel Macron et Marine Le Pen face à face au second tour de l’élection présidentielle.
Onze minutes plus tard, le premier communiqué arrive dans les boîtes des rédactions. Sans surprise, c’est Stéphane Gemmani qui réagit avec son habituelle promptitude.
Le conseiller régional d’opposition, soutien affirmé du candidat d’En Marche, voit dans ce vote la « volonté de rompre profondément avec un modèle de gouvernance politique et de société incarné depuis des décennies ».
Les socialistes ralliés à Macron
Candidat du Parti socialiste pour les prochaines élections législatives et cependant rallié à Macron, Olivier Véran fait également part de sa satisfaction. Lui ne doute pas de la victoire de son champion au second tour. « Emmanuel Macron sera un président jeune, le plus jeune de la 5e République », nous dit-il sans ambages.
Pour Olivier Véran, l’échec du candidat socialiste Benoît Hamon est avant tout l’échec des “frondeurs” et de leur campagne « trop tournée vers l’extrême-gauche ». Pour lui, l’enjeu est à présent de se « rassembler dans la perspective du second tour face au Front national ».
Autre socialiste n’ayant pas caché sa proximité avec Emmanuel Macron, le député de la huitième circonscription de l’Isère Erwann Binet salue sur Facebook « le choix d’une France ouverte, rassemblée, juste et ambitieuse ». Et tacle au passage un Benoît Hamon qui « ne reflète ni le poids du PS ni celui de ses idées chez les Français ».
Face au Front national, juge encore Erwann Binet, « Emmanuel Macron va devoir rassembler les Français dès aujourd’hui et nous devons le rejoindre sans une once d’hésitation ».
Reportage : Joël Kermabon.
Pas de consignes de vote de Jean-Pierre Barbier
Côté UDI, Damien Guiguet, maire – dans la tourmente – de Meylan, a annoncé rapidement son soutien à Emmanuel Macron. Non sans en tirer des conclusions d’ordre général. « Il s’agit […] d’entendre l’aspiration à une recomposition de la vie politique qui s’est exprimée ce soir », écrit-il. Emmanuel Macron a été qualifié pour le second tour à plus de 34 % par les électeurs meylanais.
Mais le rassemblement n’est pas évident pour tout le monde. À droite, le président du Conseil départemental de l’Isère refuse de donner une consigne de vote pour le second tour. « J’ai fait un choix qui restera personnel », écrit-il dans un communiqué. Pour Jean-Pierre Barbier, l’heure est « à la résistance pour le bien de notre pays ».
La résistance ? « J’encourage désormais les électeurs à rester mobilisés en vue des élections législatives, qui sont le véritable enjeu. Nous devrons bâtir une majorité d’opposition parlementaire forte », écrit encore Jean-Pierre Barbier. Et en “bon” président du Département, celui-ci prévient : « Je ferai pleinement campagne pour que nos candidats en Isère réussissent à gagner la circonscription où ils se présentent »,
À Grenoble, droite et gauche appellent à voter Macron
Matthieu Chamussy, conseiller municipal d’opposition de Grenoble et figure de la droite grenobloise, se montre pour sa part plus démonstratif. C’est sur Twitter qu’il poste un message aussi limpide que laconique : « Nous serons, je l’espère, une large majorité le 7 mai à voter Emmanuel Macron. »
Nous serons, je l’espère, une large majorité le 7 mai à voter @EmmanuelMacron #Presidentielle2017
— Matthieu Chamussy (@m_chamussy) 23 avril 2017
Même appel du côté de la majorité grenobloise. Le maire de Grenoble Éric Piolle avait annoncé voter Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Alors même que son parti Europe-Écologie les Verts avait rallié la candidature Hamon, et que son conseiller municipal Pierre Mériaux était nommé “monsieur montagne” du candidat socialiste.
À présent, pour contrer Marine Le Pen, Éric Piolle votera pour « l’ultime candidat d’un monde qui s’écroule », ainsi qu’il l’écrit lui aussi sur Twitter. Mais tout comme Jean-Pierre Barbier côté droite, le maire de Grenoble regarde les législatives.
Et appelle au rassemblement « pour construire une majorité citoyenne écolo et solidaire au parlement ».
Le Front national au second tour ? « Toujours un choc », nous confie Éric Piolle. Qui ne cache pas sa déception : « Il n’y a pas eu la capacité de rassemblement à gauche. Pour la première fois, un candidat du rassemblement de la gauche et des écologistes était en capacité d’être au second tour et de gagner. »
Reportage : Joël Kermabon.
Mélenchon en tête à Grenoble, Fontaine, Échirolles et Saint-Martin-d’Hères
Si la France votait comme Grenoble, le candidat des Insoumis aurait été au second tour. La cité des Alpes compte en effet parmi les quelques villes en Isère ayant porté Jean-Luc Mélenchon en tête du premier tour. Au coude à coude toutefois avec Emmanuel Macron : le premier a remporté 28,88 % des suffrages, le second… 28,64 %.
La victoire de Jean-Luc Mélenchon à Saint-Martin-d’Hères (32,61 %), neuf points devant le candidat du mouvement En marche, s’avère somme toute bien plus spectaculaire. À noter qu’à Fontaine ou Échirolles, c’est encore Jean-Luc Mélenchon qui s’impose en tête. En le plaçant en quatrième position, loin derrière Emmanuel Macron et même François Fillon, La Tronche ferait presque figure d’exception au sein des communes proches de Grenoble.
« À Échirolles, Fontaine et Saint-Martin-d’Hères, Jean-Luc Mélenchon est largement en tête et le FN ne fait pas un très bon score, observe la sénatrice communiste de l’Isère Annie David. On s’en réjouit, cela valide le travail de nos élus et militants. » Sans cacher sa déception face au score national des Insoumis, elle veut voir aussi le côté positif : « Il y a trois mois, on n’aurait pas imaginé ce score de plus de 19 % ! »
Et au-delà des regrets, les voix se portent déjà vers l’avenir, telles celles du conseiller municipal Alan Confesson qui lance, à son tour, un appel à la résistance : « Il faut aussi avoir à l’esprit, dès à présent, qu’il nous faudra prendre toute notre part à l’irruption des mouvements sociaux qui devront affronter la politique de casse sociale de Macron. »
Le Front national isérois également mobilisé
Face au “tout sauf Marine” porté par nombre de candidats, la conseillère municipale d’opposition de Grenoble et députée européenne FN Mireille d’Ornano affiche dans un communiqué sa « détermination à défendre la France et les Français ».
« D’où que nous venions, il est temps de faire un choix décisif, entre celui de la continuité avec les 10 années précédentes ou du changement, le vrai », écrit encore Mireille d’Ornano. Qui clame sur Twitter son espoir de « remporter la victoire de la France des patriotes ».
Tout notre espoir en #Marine pour remporter la victoire de la France des patriotes. ?? pic.twitter.com/vE7Rz53LXj
— Mireille d’Ornano ن (@MireilledOrnano) 24 avril 2017
Secrétaire départemental du Front national 38, Thibaut Monnier juge pour sa part les résultats de son parti « historiques » en Nord Isère. Avant d’assurer être persuadé de la victoire de Marine Le Pen au second tour, grâce à « un report des voix de droite ».
La soirée électorale du premier tour à peine achevée, l’heure est donc déjà, dans tous les camps, aux prospectives… et perspectives.
Florent Mathieu