FOCUS – Dimanche 23 avril, vote uninominal majoritaire à deux tours oblige, il faudra choisir un seul ou une seule des onze candidats à la Présidentielle. A moins d’aller glisser son bulletin dans l’urne du bureau de vote de la Halle des sports du vieux Temple à Grenoble. C’est notamment là que sera testé le vote alternatif, qui permet aux électeurs de donner leur avis sur tous les candidats.
A l’occasion du premier tour de la Présidentielle, dimanche 23 avril, des chercheurs vont tester dans cinq villes en France, dont Grenoble, Crolles et Allevard-les-Bains, des modes de scrutins alternatifs… Frustrés de ne pas dépendre de l’un des seize bureaux de vote concernés au total ? Qu’à cela ne tienne, les chercheurs proposent aux internautes, sans conditions particulières, de voter librement en ligne, sur le site de l’expérience.
A Grenoble, le bureau de vote de la Halle des sports du vieux Temple, dans le quartier de l” Île verte, a été désigné pour l’expérience, supervisé par le laboratoire d’informatique de Grenoble (CNRS/Grenoble INP/Université Grenoble Alpes). Les électeurs qui dépendent de ce bureau, voteront de manière classique puis pourront se prêter à l’expérience…
Même dispositif en apparence que pour le vote uninominal : des urnes et des isoloirs, mais un matériel de vote sensiblement différent en revanche… Deux scrutins alternatifs sont ici testés : le vote par approbation et le vote par note, encore appelé vote de valeurs.
Avec le vote par valeur, François Bayrou était élu président en 2007
Dans le vote par approbation, l’électeur peut approuver ou désapprouver un ou plusieurs candidats (en cochant un formulaire sur lequel tous les candidats sont inscrits). Le gagnant est celui qui est le plus « approuvé ». Dans le vote par note, l’électeur donne, s’il le souhaite, à chacun des candidats, l’une de ces trois notes : ‑1,0,2. Le candidat victorieux est celui qui engrange le plus de points.
Objectif de cette expérience ? Montrer que les modes du scrutin influencent nettement les résultats. Les chercheurs le savent parfaitement bien, du reste. En témoignent des expériences similaires réalisées aux cours de précédentes élections.
En 2012, lors d’une expérience de vote par approbation, Eva Joly, candidate Europe Ecologie Les Verts qui n’avait fait à la Présidentielle officielle qu’un petit score, était approuvée par 26,7 % des électeurs.
« Dès que l’on permet aux gens de s’exprimer sur tous les candidats, les petits font des meilleurs scores » indique Sylvain Bouveret, enseignant-chercheur à Grenoble INP/Laboratoire d’informatique de Grenoble.
Avec le système du vote par valeur, François Bayrou, candidat du Modem était élu président en 2007.
Et si, d’aventure, le vote par approbation ou par valeur incarnait finalement mieux une sorte de désir collectif ? A vrai dire, là n’est pas pas la démonstration que visent à faire les chercheurs. « Notre objectif est scientifique. Voter c’est prendre une décision collective, or selon les modes de scrutins, les résultats peuvent changer, ce qui nous intéresse est de comprendre les mécanismes de ces différences…» explique Sylvain Bouveret, qui ajoute : « Il n’y a pas de scrutin parfait, certains ont de meilleures propriétés que d’autres ».
Les chercheurs sont ainsi particulièrement attentifs à la moindre inflexion… Par exemple, ils ont observé que dans le vote par note, l’expressivité de l’électeur peut varier selon les valeurs proposées ( 0,1,2 ou ‑1,0,2). Et les résultats derrière…
Si la France votait comme en Irlande, Jean-Luc Mélenchon serait président
Pour ne pas semer la confusion dans l’élection officielle, les scientifiques communiqueront leurs résultats après le deuxième tour de la Présidentielle…
Une précaution que Merci Alfred n’a pas prise. Le site a testé en mars dernier le système de vote alternatif utilisé en Irlande (en plusieurs rounds), ainsi qu’aux législatives australiennes et aux élections locales à San Francisco.
En deux jours, 45 000 personnes se sont exprimées…
Le gagnant de cette « contre élection » ? Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise. « Pour autant, cette contre-élection ne doit pas être considérée comme un vrai sondage » ont pensé nécessaire de commenter les responsables du site Merci Marcel : « même si 45 000 votants, c’est énorme, les personnes mobilisées sur la plateforme étaient surtout des jeunes, urbains, actifs sur les réseaux…».