FOCUS – Un centre-ville sans voitures ? À compter du 18 avril, le changement du plan de circulation du centre-ville de Grenoble va modifier bien des habitudes. Un changement qui s’inscrit dans le projet de la Métro Cœurs de ville, cœurs de Métropole, soutenu par le maire de Grenoble et accompagné par le SMTC.
« Nous sommes au début d’une nouvelle page de notre Histoire. » Pour Éric Piolle, le changement du plan de circulation dans le centre-ville de Grenoble n’a rien d’anecdotique. Les travaux, inscrits dans le projet de la Métro Cœurs de ville, cœurs de Métropole (CVCM), commenceront le mardi 18 avril. Et entraîneront notamment la piétonnisation de la place Grenette
Un « exemple emblématique » pour le maire de Grenoble. « La place Grenette, qui était coupée en deux, va enfin avoir l’ambition patrimoniale et commerciale qu’elle mérite », juge-t-il. Car, pour Éric Piolle, le but est bien de « donner une nouvelle envergure au centre-ville de Grenoble », tout en luttant contre les nuisances, la pollution, « l’omniprésence des voitures et l’absence de continuité urbaine ».
Ce changement d’habitudes se produira à l’occasion des travaux réalisés… par la Compagnie de chauffage de Grenoble. En débutant le 18 avril sur les boulevards Agutte-Sembat, Édouard-Rey et Maréchal-Liautay, ils donnent le départ concret du projet CVCM au sein de Grenoble.
« De la pédagogie et de la communication »
« L’objectif est vraiment que le cœur de la ville soit rendu à un usage tourné vers ses objectifs : être un quartier d’habitation, mais aussi le cœur d’une Métropole et d’une aire urbaine de 680 000 habitants. Ça ne peut pas être organisé comme un quartier ordinaire, à la fois en termes d’envergure et d’accès », insiste Éric Piolle.
Et le maire de Grenoble de promettre un accompagnement des usagers et des automobilistes à l’occasion de ce changement. « Ça passe par de la pédagogie, de la communication pour permettre à chacun d’anticiper, et ça va se poursuivre puisque la concertation continue, secteur par secteur. »
L’enjeu ? De « nouvelles libertés », selon Éric Piolle, que représenteraient par exemple les offres de déplacements en vélo ou en transports en commun.
Métromobilité pour connaître l’état de la circulation
« Il y en a pour tous les goûts et nous sommes là pour vous faciliter le changement de mode de déplacement, ou la facilitation du mode de déplacement, quel qu’il soit ! », clame de son côté Yann Mongaburu.
Le président du SMTC présente le site – et application mobile – Métromobilité. Un site conçu pour « tester le mode de déplacement le plus adapté à son parcours, y compris avec les modifications apportées par le nouveau plan de circulation ».
Un outil y permet en effet de calculer son itinéraire, et de comparer les temps de parcours selon un mode de déplacement en transport en commun, en vélo, à pied ou en voiture. Rien de nouveau toutefois pour les internautes usagers des transports en commun : l’efficace simulateur d’itinéraires de Métromobilité est le même que celui du site de la Tag.
Métromobilité propose également d’autres informations. A commencer par l’état de la circulation automobile, mais aussi des capacités de stationnement en temps réel. Une donnée importante puisque le SMTC mise sur les parkings dans le cadre du nouveau plan de circulation. Ainsi, un nouveau parking-relais va voir le jour à Domène, tandis que celui du Fontanil va s’équiper de 100 places supplémentaires.
Un rabais de 50 % pour inciter aux transports en commun
« Pour tous les goûts » encore avec le vélo. Yann Mongaburu met ainsi en avant les 1 150 places présentes dans le parc à vélo devant la gare. Et note que le plan ce circulation offre de nouveaux accès cyclables sur les rues Félix-Viallet et Lesdiguières, avant de préciser que Métrovélo continue de s’équiper de nouveaux véhicules « pour être à la hauteur de la demande ».
Enfin, en matière de transports en commun, le président du SMTC souligne l’amélioration des voies de circulation pour les lignes de bus Chrono 1, 3 et 4, « des lignes qui permettent de pénétrer au cœur de l’agglomération ». Et indique que le Département a modifié lui-même certaines dessertes de ses lignes de cars pour permettre de meilleures correspondances avec le réseau Tag.
Yann Mongaburu ne cache pas son espoir de voir les automobilistes, refroidis par les nouvelles conditions de circulation, se tourner vers le tram ou le bus. « Tous ceux qui voudront s’abonner à compter du 20 avril bénéficieront d’un tarif de moins 50 % par rapport au tarif normal », annonce-t-il. Une offre promotionnelle destinée à inciter les usagers à découvrir les transports en commun.
Les travaux des boulevards et le nouveau plan de circulation marquent la première phase du projet CVCM sur Grenoble. La piétonnisation successive d’autres secteurs de la ville devrait se dérouler à compter de l’automne 2017, suivie par une « analyse des nouveaux usages ». Les grands travaux de finalisation doivent pour leur part se tenir entre fin 2018 et 2019.
Florent Mathieu
RECOURS DE GRENOBLE À CŒUR :
« UNE RÉSISTANCE AU CHANGEMENT » POUR ÉRIC PIOLLE
Le 3 avril, en prévision du commencement des travaux le 18, l’association Grenoble à cœur déposait un recours en référé au tribunal administratif de Grenoble. Ce sont les conditions de mise en œuvre du projet CVCM que contestent les plaignants, qui espèrent bien obtenir l’annulation des travaux pour entamer de nouvelles discussions.
« Certains font le choix d’aller sur le plan juridique, c’est leur droit et c’est légitime », commente Éric Piolle. Pour le maire de Grenoble, ce recours symbolise surtout « une certaine résistance au changement assez pointue ». « Tout le monde est tourné vers l’avenir, en comprenant le fil de l’Histoire et en voyant que cela bouge partout », estime encore Éric Piolle.
« Il faut voir cela avec sérénité », considère pour sa part Ludovic Bustos. Le vice-président de la Métro, délégué aux espaces publics et à la voirie, ne manifeste aucune inquiétude : « Nous avons bien fait les choses. Nous avons travaillé sérieusement sur le projet, tant avec les élus locaux qu’avec les services de la Métro ou de l’État. Nous allons laisser les choses suivre leur cours et l’avenir posera son verdict. »
La date de jugement du recours est fixée au 20 avril. La décision du tribunal administratif devrait être rendue soit le jour même, soit dans les jours suivants.
Dans un communiqué adressé à la presse, Grenoble à cœur juge « extrêmement choquant pour tout citoyen d’apprendre ce mardi 11 avril que la communication de La Métro et de la Ville annoncent le passage en force par la fermeture du boulevard Agutte Sembat et des rues République-Montorge la veille même du jugement ! »