FOCUS – Les Républicains de l’Isère qui soutiennent la candidature de François Fillon pour la présidence de la République fourbissent leurs armes et montent en charge. À l’approche du 1er tour, les responsables LR de l’Isère – qui considèrent que le débat de fond leur a été confisqué par la lessiveuse médiatique – restent malgré tout confiants dans le succès de leur candidat.
Une odeur de peinture fraîche flotte encore dans les locaux de la permanence des Républicains de l’Isère (LR) où nous a reçus ce samedi 1er avril Alexandre Roux, leur secrétaire départemental, également référent opérationnel de la campagne de François Fillon en Isère.
Dans les bureaux, hormis du matériel informatique brisé, les traces de leur récent saccage ont presque toutes été effacées.
Seule la grande salle de réunion qui n’a pas encore été repeinte garde des traces du passage des vandales, avec ses murs et quelques piles de prospectus encore maculés de peinture rouge sang. Dans un coin de la pièce, une palette de tracts, affiches et documents de campagne attendent d’être répartis dans les circonscription iséroises. Autant de signes qui démontrent que la campagne pour l’élection de François Fillon entre désormais en Isère dans une phase opérationnelle militante décisive.
« Nous allons pouvoir toucher quasiment l’ensemble de nos électeurs »
Quid de l’organigramme de la campagne de François Fillon en Isère ? « L’organisation politique s’articule autour de Thierry Kovacs, le président de la fédération isèroise LR, de Jean-Pierre Barbier, le président du département de l’Isère, et du sénateur et maire de Domaine Michel Savin, qui sont les coprésidents de son comité de soutien », commence par expliquer Alexandre Roux.
« Moi, je suis le référent opérationnel, à qui il incombe d’organiser toutes les actions militantes et la logistique dans chaque circonscription », poursuit-il. Parmi ces dernières, le porte-à-porte, le tractage, le “boîtage”, mais aussi la campagne sur les réseaux sociaux et l’organisation des bureaux de vote.
Pour preuve de l’ampleur des actions engagées, Alexandre Roux nous présente fièrement un exemplaire du tout récent journal de campagne de François Fillon : une synthèse sur huit pages de son projet présidentiel.
« Il va être distribué à 230 000 exemplaires dans les boîtes aux lettres des Isérois et Iséroises. Sur une population de 1 200 000 habitants dont environ 800 000 électeurs, c’est une action militante très importante puisque nous allons pouvoir toucher quasiment l’ensemble de nos électeurs », se félicite le secrétaire départemental. Onze palettes de 700 kg chacune ont ainsi été réceptionnées dans les locaux de la fédération et leurs contenus remis aux militants qui maillent tout le territoire isérois. « Avec le maillage que nous avons organisé, tous les habitants de l’Isère ont pu avoir, à un moment donné, l’un de nos tracts », précise Alexandre Roux avec une évidente satisfaction.
« Les affaires ne doivent pas occulter le débat de fond »
Revenant aux aspects politiques de la campagne pour l’élection présidentielle, Alexandre Roux se rend à l’évidence : impossible de mettre les “affaires” sous le tapis. « On comprend que, suite aux révélations qu’il y a pu avoir, nos sympathisants aient pu se poser des questions, admet-il. Mais je tiens quand même à souligner que ces affaires ne doivent pas occulter le vrai débat de fond. » Un débat de fond dont le n°2 des LR de l’Isère se réjouit « qu’il soit enfin abordé à vingt jours de l’élection présidentielle ». Tout en regrettant le peu de temps consacré à ce qui aurait dû être, estime-t-il, le cœur de ce scrutin.
Quant aux affaires et la “lessiveuse médiatique” qui s’en est emparée, Alexandre Roux le répète, « elles ont confisqué le débat », alors même que c’est à la justice et à elle seule qu’il appartient de statuer.
Alexandre Roux l’espère, ces prochaines semaines doivent pouvoir permettre à chaque Français de choisir son candidat dans un climat serein. « Un Français sur deux n’a pas encore fait son choix, explique-t-il, ce qui démontre l’importance de ce temps d’échange démocratique et médiatique. »
Le secrétaire départemental souligne que, si les socles électoraux de François Fillon et de Marine Le Pen restent forts, l’incertitude reste grande pour les autres candidats, notamment pour Emmanuel Macron. D’où l’impérieuse nécessité pour le militant de rester en ordre serré, de creuser l’écart et de parvenir à convaincre cette frange de la population encore indécise. La condition sine qua non de l’accession au pouvoir du candidat Fillon. Le fameux “vote caché” ?
« Quand c’est flou, il y a un loup »
Le secrétaire départemental en est convaincu, François Fillon est bien sûr le meilleur candidat pour présider aux destinées de la France. Mais plutôt que de louer celui-ci, Alexandre Roux préfère expliquer pourquoi ses concurrents ne font, à son sens, pas l’affaire. Notamment Marine Le Pen qui ne pourrait pas compter sur une majorité parlementaire et dont la vision « passéiste d’une France repliée sur elle-même est synonyme d’un isolement ou d’un déclassement que l’on ne peut pas souhaiter pour le pays ». Quand à son programme, « c’est un copié-collé de celui de Jean-Luc Mélenchon », assène-t-il.
Emmanuel Macron ne trouve guère plus grâce à ses yeux. « Quand c’est flou, il y a un loup », ironise-t-il, en citant la fameuse pharse de Martine Aubry prononcée alors qu’elle taclait François Hollande. « C’est tout à fait ça car, quand on voit son programme, on ne sait pas vraiment ce qu’il pense. Il dit tout et son contraire », critique Alexandre Roux.
De plus, le secrétaire départemental doute fort qu’Emmanuel Macron puisse, lui aussi, rassembler une majorité pour gouverner. « Ce sera l’instabilité. Ce sera un retour vers la IVe République, avec les institutions de la Ve République », prédit-il en oiseau de mauvaise augure.
Et puis il y a la forme. « Quand vous voyez les personnes qui l’entourent, vous avez des chiraquiens issus du mouvement gaulliste, vous avez également Daniel Cohn-Bendit, un anti-gaulliste notoire, Alain Madelin, qui représente l’aile ultra-libérale, ou encore un ancien secrétaire général du Parti communiste (PC), Robert Hue ! », énumère avec amusement Alexandre Roux. « Il attire à lui le pot-pourri de la vie politique, ceux qui veulent se recycler. C’est ça son problème à Emmanuel Macron. Pour moi, Emmanuel Macron c’est le populisme des élites et la continuité de François Hollande », finit-il par lâcher.
François Fillon, « un libéral conservateur qui incarne la révolution du bon sens »
Pour autant, François Fillon pourrait-il, lui, gouverner avec une majorité stable ? « Notre famille politique a déjà la majorité au Sénat, il faut le souligner. Et elle l’aura à l’Assemblée nationale », affirme sans hésitation Alexandre Roux. Qui estime que la victoire espérée du candidat Fillon « impulserait une dynamique pour nos candidats aux législatives ». Dans le cas contraire, il en convient bien volontiers, « il sera difficile de pouvoir aligner une majorité de députés de la droite et du centre ».
D’ailleurs, pourquoi être pessimiste ? Ce que disent les récents sondages ? Alexandre Roux balaie l’argument. « Lors des primaires de la droite et du centre, François Fillon était quatrième. Tous les commentateurs de la vie politique disaient qu’il avait le meilleur programme mais qu’il ne serait jamais élu. Résultat, François Fillon a su faire mentir les sondages avec un programme clair et sans langue de bois », explique-t-il. Et d’ajouter : « Il n’a pas eu peur de dire la vérité ».
Fort de ces convictions, Alexandre Roux persiste et signe : le meilleur candidat c’est François Fillon, « le seul candidat de la droite face à cinq candidats de gauche (sic) ». Comment le définit-il ? « C’est un libéral conservateur. Il incarne la révolution du bon sens […] Je me reconnais parfaitement dans ses idées », conclut le secrétaire départemental.
Joël Kermabon