FOCUS – La Grenobloise Rescue officie en tant que DJ depuis 2002. Elle a réussi à se faire un nom dans cette sphère plutôt masculine et a même encouragé ses condisciples à faire de même en créant le Grenoble Mixing Girls en 2015. Sa riche actualité est à l’image des directions que prennent ses projets et créations. Elle nous parle ici de son DJ set prévu au Magasin-Cnac mercredi 5 avril dans le cadre du festival Les Sororales, de son nouveau projet Otto Riita programmé à la Bobine le 18 avril, de ses projets radiophoniques, de sa vision du DJing… Rencontre.
DJ, productrice, fondatrice du Grenoble Mixing Girls Club, productrice radiophonique, créatrice sonore… La Grenobloise Rescue cumule les casquettes dans la sphère musicale et sonore indépendante.
Elle fait, du reste, autorité au-delà des frontières de la ville, comme en témoigne notamment l’EP qu’elle vient de sortir sur le label Rock To The Beat Records aux côtés d’une autre figure locale, aujourd’hui installée à Berlin – Yugo Solo, guitariste de l’ex-groupe Rien, étonnement reconnu eu égard à son nom. Celui de leur duo ? Otto Riita. Ça ne s’invente pas.
Un article paru sur le site du magazine Gonzaï restitue assez fidèlement le projet. Un projet qui ne nécessite pas d’être un aficionado du DJing ou du rock indépendant (couleur musicale dominante du groupe Rien) pour que l’on en apprécie la vertu première.
Grâce à la qualité du travail créatif et sonore des quatre titres de l’EP, on a surtout très envie de danser sur cette alliance efficace – sans être mainstream – de musiques disco, funk et groove. Pour le moment, Otto Riita n’existe qu’en version digitale mais une K7 devrait bientôt être disponible, notamment lors du set programmé à la Bobine le 18 avril.
Une DJ féministe
Autre actualité de Rescue : le festival Les Sororales, organisé par le Magasin, Centre national d’art contemporain (Cnac), lui a passé commande, le mercredi 5 avril, d’un set aux couleurs de la thématique globale de l’évènement. Lequel se construit autour des figures emblématiques de la sorcière, la chamane, la démone ou la cyborg… Ce à quoi Rescue répondra essentiellement via le pan féministe de sa prestation. « Ce sera un mix plutôt techno – avec des musiques proposées par des femmes – où j’insérerai des extraits de discours féministes », annonce-t-elle. Et le féminisme, elle s’en réclame dans les termes comme dans les faits.
Pendant l’été 2015, elle a créé le Grenoble Mixing Girls (GMG). Quelle est la vocation de ce collectif féminin de DJs ? « Quand j’ai commencé à être DJ au début des années 2000, je me sentais seule. Les femmes étaient sous-représentées. En même temps que je voulais donner de la visibilité à celles qui étaient déjà DJ – sans avoir passé le cap de mixer en public, pour certaines –, je pensais également au fait de susciter des vocations », explique Rescue.
L’un des avantages de la féminisation de cette sphère ? La vider peu à peu de ses réflexions – inconsciemment ? – sexistes, du type : « Tu ne pourrais pas sourire davantage quand tu mixes ? » Requête que l’on adresse si peu aux hommes DJs… Pour ne citer que cet exemple.
Isabelle Stragliati et la création sonore
Côté radio, Isabelle Stragliati (le vrai nom de Rescue) retrouve son goût pour le travail du son. Création sonore, fiction ou documentaire radiophoniques sont en écoute sur son site. Au chapitre des créations mues par l’une des questions qui l’agitent particulièrement, on pense à la pièce Je suis centrée sur la question du genre. Cette création a rejoint Fair_Play One, une compilation de vingt-cinq titres réalisés par des compositrices, autrices radio et créatrices sonores, réunies par le réseau Fair_Play à l’occasion de son premier anniversaire.
L’intégralité des bénéfices sera reversée au Planning familial, dont le travail fondé sur le féminisme et l’éducation populaire emporte bien sûr l’adhésion de l’artiste grenobloise. Elle travaille d’ailleurs depuis plus d’un an à la conception d’un documentaire de création sur cet organisme. Les créations de Rescue ont beau adopter des formes diverses – du field recording au documentaire radiophonique en passant par son travail de DJ et de productrice… –, elles n’en sont pas moins portées par les questions de fond qui la constituent en tant qu’individu et artiste.
Adèle Duminy
INFOS PRATIQUES
Les sororales – festivités ensorcelantes du 5 au 9 avril 2017
Mercredi 5 avril, 19 heures – minuit dans tous les espaces
Soirée sabbat
Clôture du festival culturel interuniversitaire « Monstre »
19 heures – 22 heures :
Pour clôturer le festival ‘Monstre’ et le lancement des ‘Sororales’ : une soirée au fil de légendes contées, d’histoires projetées, de psychoses “performées”, de douceurs mangées et de chorégraphies endiablées autour de la figure de la sorcière !
22 heures – 23 h 30 :
Et pour finir (ou commencer) la nuit, un DJ set « électro orchestrée » par DJ Rescue !
Gratuit
En partenariat avec la communauté université Grenoble Alpes/ Un tramway nommé culture
mardi 18 avril 2017 à 19 h 30
Go Bang ! #57
Otto Riita aka Rescue & Yugo SoloClub music aventureuse – GrenobleFair_Play One
Musiques expérimentales, électroacoustiques, contemporaines, électroniques, alternatives ; Créations sonores, conceptuelles, radiophoniques ; poésie sonore. Un ensemble d’œuvres qui illustre le talent des artistes mais aussi toute la richesse, la force et la pluralité du réseau, en lien avec le monde dans lequel il se déploie.
10 euros (bénéfices reversés au Planning familial)