REPORTAGE – Apprendre à gaspiller moins, à privilégier une économie et un mode de vie plus solidaire, tout en découvrant des associations de Fontaine et de la métropole. Voilà ce que les habitants curieux de cette commune et de l’agglomération ont pu expérimenter, samedi 1er avril, à l’occasion de l’initiative citoyenne et municipale « Fontaine mon amour propre ». Une grande opération durant laquelle des Scouts et guides de France de l’Isère et l’antenne de Grenoble des Scouts musulmans de France ont également assuré une action de nettoyage dans toute la ville.
Un « Poké déchego où l’on ramasse des déchets plutôt que d’attraper des pokémons avec son smartphone ». Voici le cadre de l’opération « Vague propre 2017 », un projet pensé par l’annexe iséroise des Scouts et guides de France et porté par la mairie de Fontaine et le conseil citoyen de la commune.
Malgré la pluie, des enfants, scouts ou habitants fontainois ont passé quelques heures à récupérer les déchets à travers la ville. En tout, 60 kg de déchets, témoigne une cheftaine : « Il y avait beaucoup de mouchoirs, de mégots [de cigarettes], surtout, mais aussi des canettes et des papiers à cigarettes ». Et après la “capture” de ces déchets, que fait-on ?
« Les meilleurs messagers ce sont les enfants »
Après le confort, le réconfort, avec un goûter fourni par les scouts et les guides. Les braves ne se reposant jamais, les enfants ont aidé la « messagère » de la métropole à trier leur récolte.
« Les meilleurs messagers ce sont les enfants, assure-t-elle. […] Ils ont envie, ils comprennent les enjeux et ils sont pleins de bon sens. »
« Il faut sensibiliser les jeunes à la propreté de la ville, du quartier et des lieux de vie dans lesquels ils résident. » Tel est l’objectif pour les Scouts Musulmans de France venus participer à l’opération.
« Les scouts c’est l’éducation du peuple par le peuple » rappellent-ils. L’antenne créée en janvier 2017 est « sur une phase de recrutement et de sensibilisation des jeunes ».
« C’est notre ville et qu’elle soit propre est important »
« C’est revalorisant, ça serait à faire plusieurs fois dans l’année pour que les personnes prennent l’habitude. » Le service propreté de la Ville se félicite quant à lui de la démarche.
Les agents présents sur place, en première ligne au quotidien, affichent un sourire. « C’est notre ville et qu’elle soit propre c’est important. […] Toute action qui l’améliore est une bonne chose, et c’est aussi un respect pour le personnel. »
« On se retrouve entre nous, c’est dommage »
Le mauvais temps, un manque de communication ou un désintérêt pour la cause sont-ils à l’origine du manque de participation ?
Si la Métropole le regrette, elle relativise malgré tout : « On se retrouve entre nous, c’est dommage. Bouger les usagers, c’est une vraie question et on y travaille. […] Il y a toujours cette double casquette usagers/travailleurs », sous-entendant que chacun enseigne et apprend en même temps. Ce matin-là, de nombreux stands d’associations occupaient la place de l’hôtel de ville.
Des associations que Jean-Paul Trovero, maire de Fontaine affirme soutenir : « Je suis très sollicité pour leur donner des locaux ou des moyens. […] On essaye de trouver des espaces de liberté pour des initiatives de liberté citoyenne », souligne-t-il. Et d’appeler à « garder la ville propre ». « On apprend ici comment nous, citoyens et citoyennes, pouvons nous engager là-dedans. »
Quant à la faible participation, « c’est une première initiative, c’est un processus. Il faut que les habitants s’en emparent. » Il rassure : « On débroussaille […], on est bien partis. A mon avis, il y aura une suite ». Surtout que « ce n’est pas si simple […] Il faut toujours un moteur dans l’avion. » C’est pour cela que « la Ville doit répondre présent ».
« Une fois le processus commencé, on ne revient pas en arrière, résume une « messagère du tri » de la Métropole. Il y a des habitudes et des conditionnements, mais il suffit de comprendre que ce n’est pas plus compliqué ou plus cher d’agir dans une démarche durable et solidaire. » Avis à ceux et celles qui n’ont pu assister à cette journée : un “café tri” est prévu mercredi 5 avril à 14 heures sur la place de la mairie.
Albéric Marzullo
L’ÉCOLOGIE PRATIQUE AVEC SIX ASSOCIATIONS FONTAINOISES
Les habitants qui se sont déplacés malgré la pluie ont pu profiter des stands fournis en documentation, jeux, visuels interactifs et animés avec beaucoup de chaleur humaine. Au programme de la visite : Les Ragreneurs et La bricoquatre, pour les amoureux du bricolage. Confitures solidaires (action des centres sociaux de Fontaine), Antigasp”, et Fruits et légumes pour tous pour les fins gourmets. Sans oublier, le Sel de Fontaine pour les amateurs comme les experts de toute autre compétence. Petit tour des stands.
L’association Les Ragreneurs, qui a démarré “officiellement” en octobre 2016, propose un atelier, au 1 Henry Vallon à Fontaine. « Un lieu où l’on stocke des matériaux et tout objet de jardinage, bricolage ou décoration ». Tout s’achète « à prix libre et conscient ».
Ce lieu permet aussi « aux adhérents de bricoler sur place ». En fonction de l’inventaire, il y a « des ateliers réguliers » pour permettre aux membres de commencer ou parfaire leurs connaissances d’un matériel en particulier. Ici, point d’ouvriers de France ou d’artisans mondialement reconnus, comme nous le dit Lorraine : « Il faut peu d’outils pour bricoler, on est tous des amateurs et on arrive à faire des choses. »
Bricolage, anti-gaspillage, compostage et lombricompostage
Robin, de l’association La brico, est dans la même mouvance que ses voisins de stand. Du bricolage amateur pour permettre aux personnes de réussir par elles-mêmes, armées « de bénévoles et d’outils pour le bois, d’un poste à souder… »
Bob le bricoleur n’a qu’à bien se tenir ! Las d’entendre qu’il n’y a que les hommes qui bricolent, il assure : « On est ouvert à tous les âges et à tous les sexes. »
Parmi leurs membres, beaucoup de seniors. « Il y [en a] beaucoup qui savent bricoler et qui nous disent : « On préfère venir le faire en groupe, c’est plus convivial. » Surtout que l’association, située au 14 Maréchal Joffre, « privilégie les travaux pratiques aux tutos sur Internet ». Le contact humain n’est pas encore révolu.
Autre association présente : Antigasp”, « une association de lutte contre le gaspillage sous toutes ses formes », résume Mickaël, son président. On redistribue des denrées jetées par les grandes surfaces, sur les marchés et les salons. […] On récupère aussi des objets sur le bord de la route, ou grâce aux dons, pour les redistribuer à ceux qui en ont besoin. »
L’association encourage aussi les techniques de compostage et de lombricompostage, ce dernier pouvant se faire en appartement, sur une petite surface. Intéressé(e) ? « Il y a des guides sur le site de la Métropole et des lombricafés organisés par l’association Brin d’Grelinette ».
Robin fait aussi la promotion de l’association Fruits et légumes pour tous, qu’il représente sur son stand. « Celle-ci récupère des invendus bio et en fait des jus. »
Parmi les mille et une façon de gaspiller moins et d’économiser de l’argent, Antigasp” met en avant les huiles de fritures usagées. « On peut les filtrer et les utiliser comme carburant. […] Ça fait cinq ans que je roule avec dans mon diesel. » L’avantage ? « On fabrique son propre carburant, on pollue beaucoup moins car ça a l’avantage d’être un carburant renouvelable contrairement au gazole », mais surtout « On roule gratuitement ».
Des confitures solidaires au système d’échange local
« Vous avez une casserole, deux personnes et des fruits et vous démarrez ! » Aussi simplement se sont lancés ces Fontanoises. Les matières premières sont fournies par « les primeurs des marchés qui nous donnent des fruits qui ne sont plus vendables » et « le sucre c’est le secours populaire et les Restos du cœur ».
Ensuite, « une fois par mois, on se réunit et on prépare avec une douzaine de bénévoles ». Les confitures sont, après coup, « exposées dans les deux centres sociaux de Fontaine. Pour les récupérer, une personne doit emmener des produits alimentaires ou de première nécessité ». Les denrées « sont reversées aux Restos du cœur ».
Autre stand, autre découverte : le système d’échange local (Sel) de Fontaine. Le principe ? Pour une heure de temps offerte, on en reçoit une. Il suffit d’avoir du temps et on ne dépense ainsi pas un centime.
Prêtez vos bras afin d’aider un membre de l’association à déménager, donnez un cours de langue ou de couture.
Le Sel de Grenoble « a une vingtaine d’années » mais le besoin d’en créer un sur Fontaine réside dans « la réduction des distances pour offrir ou recevoir un service », justifient les bénévoles.