FOCUS – Double actualité grenobloise pour Bertrand Belin début avril. Le compositeur, musicien et interprète est l’invité du groupe grenoblois H‑Burns sur la scène de La Belle électrique jeudi 6 avril. Et, surtout, en tant qu’auteur, la 15e édition du Printemps du livre l’a convié, entre autres, à donner une lecture musicale de son dernier roman, Littoral, le 7 avril au Théâtre municipal de Grenoble. L’occasion de découvrir les multiples talents de l’artiste, qui a bien voulu répondre à nos questions avant sa venue.
François Bégaudeau, Jonathan Coe, Chloé Delaume, Serge Joncour, Tanguy Viel… Voilà quelques-uns des auteurs prestigieux qu’invite cette année la festival littéraire Le Printemps du livre, du 5 au 9 avril 2017. Liste à laquelle il faut notamment ajouter le nom de celui que l’on connaît davantage pour ses talents de compositeur, instrumentiste et interprète : Bertrand Belin.
Si sa carrière de musicien et d’interprète – aux côtés d’autres artistes puis en solo à partir de 2005 – affiche quelque trente années, celle d’écrivain – publié, en tout cas – en est encore à ses prémisses.
Pour la 15e édition du Printemps du livre, l’auteur présentera son deuxième roman, Littoral, paru en 2016 chez P.O.L. La lecture orale et publique lui tient-elle autant à cœur que l’interprétation de ses chansons ? « C’est très différent. L’interprétation est la destination naturelle des chansons. Pour les romans, j’écris parce que je sais que ces textes vont être découverts dans l’intimité de la lecture. Je n’écris pas pour la lecture à voix haute mais le texte de Littoral ne s’y prête pas mal », admet Bertrand Belin. Qui, aux côtés de Thibault Frisoni au clavier, donnera bien une lecture le 7 avril au Théâtre municipal.
De Requin à Littoral
Son premier roman, Requin, publié en 2015 chez P.O.L nous plonge dans le flux de pensée d’un homme se noyant dans les eaux d’un lac artificiel. Ce passage de vie à trépas – hautement catastrophique – n’empêche pourtant pas l’auteur de déployer cet humour, un brin absurde, qu’on lui connaît sur la scène.
Alors que, dans Requin, le monologue intérieur donne une véritable épaisseur psychologique au futur noyé, Littoral prend une autre voie, davantage dépouillée. L’épaisseur de l’ouvrage, du reste, le rapproche davantage de la longue nouvelle que du roman fleuve.
« C’est intéressant de se déplacer. Requin est un livre à la 1ère personne du singulier. Il m’a semblé que ça suffisait. Je ne voyais pas ce que j’avais besoin d’ajouter, explique l’auteur. Dans Littoral, le point de vue d’un narrateur omniscient, qui manipule un peu ses personnages en prétendant les suivre, me permettait un autre langage. Je pouvais rapporter du réel une part plus solide, moins déliée, plus proche de la photographie ou du cinéma. »
Bertrand Belin et la littérature
Très dense, le deuxième ouvrage de Bertrand Belin, se présente d’abord sous des abords énigmatiques. Trois marins pêcheurs trouvent dans leur filet un cormoran mort. On devine très vite que là n’est pas l’essentiel. Le pays est en guerre, une rumeur gronde. Voilà comment l’on pourrait résumer Littoral sans en gâter la chute.
L’intrigue et les personnages n’y sont pas au cœur du dispositif narratif. Alors, s’agit-il vraiment d’un roman ? « Il est présenté comme un roman pour questionner ce que recouvre ce mot. On pourrait dire que le propos n’est pas tellement romancé c’est vrai. Il n’y a pas beaucoup de psychologie dans ce livre. Il ressemble plus à un procès-verbal, centré sur les faits.
C’est un peu l’héritage du nouveau roman avec le caractère indéfini des personnages [nommés « l’autre », « le plus jeune » et le «« troisième homme », ndlr], leur absence d’intériorité, etc. », analyse Bertrand Belin.
Considère-t-il en tout cas appartenir dorénavant au monde littéraire ? « Je ne crois pas avoir ce sentiment… Je ne rechignerai tout de même pas à dire oui si l’on me demande si je suis écrivain, mais ma vie quotidienne n’est pas tournée vers les questions du monde littéraire. Et pas particulièrement non plus vers le monde de la musique d’ailleurs. De fait, je fréquente beaucoup de musiciens – puisque ça fait trente-cinq ans que je fais de la musique – mais on ne parle pas de musique entre nous. Parler de littérature n’est pas non plus un exercice nécessaire pour moi. »
L’essentiel, pour Bertrand Belin, étant de lire, notamment, les poètes qu’il admire : Philippe Jaccottet, Francis Ponge, Christophe Tarkos… Ce qui ne surprend guère quand on connaît la précision de plume des textes du chanteur comme de l’auteur.
Adèle Duminy
Bertrand Belin en « very special guest » aux côtés d’H‑Burns à La Belle électrique
Jeudi 6 avril, autre actualité de Bertrand Belin à Grenoble. H‑Burns, qui vient de sortir un album très remarqué au niveau national, l’a invité à partager avec lui la scène de La Belle électrique, le temps de quelques morceaux. Comment Bertrand Belin a‑t-il rencontré le Grenoblois Renaud Brustlein (le nom de celui qui se cache derrière H‑Burns) ?
« Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années à l’occasion de l’exposition sur Bob Dylan à la Philharmonie de Paris. Syd Matters, qui y donnait un concert, nous avait invités tous les deux. Ensuite, par hasard, on s’est retrouvés sur la route quelques fois, sur de mêmes plateaux. Renaud m’a invité à participer à son concert, qui est l’occasion de fêter la sortie de son nouvel album [Kid we own the summer, ndlr] sur lequel j’ai fait quelques arrangements de corde. »
Lors du concert, Bertrand Belin jouera également quelques-uns de ses morceaux.
Infos pratiques
Rencontre littéraire et cinématographique avec Bertrand Belin – Cinéma Le Méliès
5 avril 2017, à 19 heures
- 19 heures : Rencontre littéraire en accès libre
- 20 h 30 : Projection aux tarifs habituels du cinéma
- 20 h 30 : Carte Blanche cinéma : Old Joy
LITTORAL – Théâtre municipal de Grenoble
7 avril 2017, à 20 heures
Lecture musicale par Bertrand Belin (lecture) et Thibault Frisoni (clavier)