FOCUS – Le tribunal correctionnel de Grenoble a condamné, ce jeudi 9 mars, Patrice Ciprelli à un an d’emprisonnement avec sursis et 5 800 euros d’amende douanière, suivant ainsi les réquisitions du parquet lors de l’audience du 19 janvier. Le mari et entraîneur de Jeannie Longo était accusé d’importation illégale d’EPO entre 2008 et 2011.
Un an de prison avec sursis, 5 800 euros d’amende douanière, la confiscation des scellés, 5 000 euros de dommages et intérêts versés à la Fédération française de cyclisme (FFC) au titre du préjudice moral et 2000 euros correspondant au remboursement des frais de justice : telle est la décision rendue ce jeudi par le tribunal correctionnel de Grenoble à l’encontre de Patrice Ciprelli.
Les juges ont donc reconnu le mari de Jeannie Longo coupable de « contrebande de marchandise prohibée » et prononcé un jugement conforme aux réquisitions du procureur, lors de l’audience du 19 janvier dernier.
Trente-trois boîtes ou flacons d’EPO
Patrice Ciprelli, absent ce jeudi, était suspecté d’avoir importé illégalement de l’étranger de l’EPO (érythropoïétine), hormone utilisée comme produit dopant pour accroître l’endurance des sportifs. La justice lui reprochait précisément la commande de trente-trois boîtes ou flacons d’EPO, pour un montant de plus de 3 000 dollars, entre septembre 2008 et septembre 2011.
L’enquête avait donné lieu à de multiples rebondissements, l’époux et entraîneur de la star du cyclisme féminin ayant plusieurs fois changé de version au cours des cinq dernières années. Aucune charge n’avait en revanche été retenue contre la championne olympique et nonuple championne du monde sur route.
Eric Dupond-Moretti avait plaidé la relaxe
À la sortie du tribunal, Maîtres Jean-Yves Balestas et Paul Mauriac, avocats de la FFC – qui s’était portée partie civile – se sont montrés satisfaits de la décision. « M. Ciprelli est considéré comme un contrebandier puisqu’il est condamné pour une infraction au code des douanes, mais ce n’est pas ce qui intéresse la Fédération française de cyclisme, a commenté ce dernier.
Pour elle, ce qui est important, c’est qu’il ne soit pas admissible qu’on puisse faire son marché, acheter de l’EPO aux Etats-Unis ou en Turquie – pour ses besoins personnels mais gageons que c’est aussi pour fournir à d’autres personnes – alors qu’on est un ancien agent des douanes, que l’on est soi-même un sportif pratiquant, que l’on encadre des skieurs et que l’on est l’entraîneur d’une icône du sport féminin français. »
Les avocats des parties civiles n’ont pas manqué d’adresser une petite pique à leur confrère et adversaire Eric Dupond-Moretti, défenseur de Patrice Ciprelli. Le très médiatique ténor du barreau lillois, qui ne s’est pas non plus déplacé ce jeudi, avait en effet plaidé la relaxe, axant toute sa défense sur une règle de droit. À l’issue d’un one-man-show dont il a le secret, celui-ci avait ainsi affirmé qu’entre 2008 et 2011, l’EPO n’était pas une marchandise prohibée, l’exigence d’une ordonnance médicale ne datant que d’une loi de 2012.
« Les matchs retours, ce n’est pas toujours gagné d’avance »
Les faits reprochés étant antérieurs, il ne pouvait donc y avoir de condamnation, selon lui. « Il est arrivé triomphateur en disant que la procédure était non respectueuse du code, je pense que c’était présomptueux et en tout cas, le tribunal vient de répondre à Maître Dupond-Moretti de façon cinglante », a ironisé Maître Balestas.
Eric Dupond-Moretti et Patrice Ciprelli disposent maintenant de dix jours pour faire appel. L’avocat n’a pas encore pris officiellement de décision et attend pour cela de prendre connaissance des motivations du jugement.
Néanmoins, il avait déjà déclaré qu’il ferait appel en cas de condamnation, ce dont ne semble pas douter Maître Mauriac.
« Ils feront sûrement appel et il devrait y avoir un match retour. Mais vous savez, les matchs retours, ce n’est pas toujours gagné d’avance », a‑t-il plaisanté, allusion à peine voilée à un certain Barça-PSG disputé mercredi.
Manuel Pavard