DÉCRYPTAGE – Dimanche 19 février, les Brûleurs de Loups soulevaient la Coupe de France en battant Rouen en finale. Cette victoire lance parfaitement les hockeyeurs grenoblois vers leur 2e objectif : décrocher le titre majeur, la Coupe Magnus. Celle-ci sera attribuée au vainqueur du championnat au terme des play-offs, séries décisives de matches qui débutent le 28 février par les quarts de finale. Les Brûleurs de Loups semblent en mesure de réussir le doublé cette saison avec un groupe confiant, complet et très soudé. Les feux sont au vert en Isère.
Les Brûleurs de Loups retrouvaient la patinoire Pôle Sud ce mardi 21 février, deux jours seulement après leur succès en Coupe de France.
À l’AccorHotels Arena de Paris, ils s’étaient en effet imposés au bout du suspense (3−2 après prolongation) face à Rouen qui les avait défaits la saison dernière (2−4). Les Grenoblois auront eu très peu de temps pour savourer ce trophée, le premier remporté depuis 2015. Il s’agissait alors de la défunte Coupe de la Ligue. Et pour récupérer.
Mardi soir, la Saxoprint Ligue Magnus, le championnat, a repris ses droits avec la réception des Aigles de Nice. Pour ce match face aux Azuréens, le public grenoblois a répondu présent. Pour la 8e fois de la saison, la patinoire Pôle Sud affichait complet.
« On est vraiment en confiance » assure l’attaquant slovène Anze Kuralt
3 500 personnes sont venues fêter leurs héros et partager leur bonheur. Après leur victoire (4−2) face aux Niçois, les Brûleurs de Loups ont rencontré leurs fans sur la glace. L’occasion pour ces derniers de décrocher autographes et séances photos, parfois en compagnie de la Coupe de France.
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Les hockeyeurs grenoblois étaient confiants dans leurs chances de soulever la Coupe. Et ce malgré l’expérience et la maîtrise des finales que possède Rouen, meilleure équipe française de ces dix dernières années. Et en dépit aussi du lourd revers en championnat à Amiens (3−7), deux jours avant ce grand rendez-vous.
« On a réussi à mettre de côté la défaite à Amiens. On était passés à côté de notre match. Cela ne nous a pas enlevé de la confiance. On avait déjà en tête la Coupe, c’est sûr et certain », confiait l’attaquant des Brûleurs de Loups Norbert Abramov mardi soir. Une confiance née après avoir trouvé de la régularité dans les résultats.
En début de saison, les Brûleurs de Loups ont en effet effectué un parcours en dents de scie, alternant succès à l’extérieur et défaites à domicile.
À la patinoire Pôle Sud, ils ont ainsi enchaîné quatre revers, avant de décrocher leur première victoire face à Épinal, le 18 octobre dernier.
Puis, progressivement, ils ont su trouver leur rythme de croisière dans le championnat. Et quel rythme !
Après avoir perdu à Bordeaux le 21 octobre, Grenoble est alors resté invaincu jusqu’au 6 janvier, date de la défaite face à Gap (1−4). « Depuis notre série de vingt victoires d’affilée, on est vraiment en confiance », confirme l’attaquant slovène Anze Kuralt.
Des individualités, de bonnes recrues et surtout un vrai groupe
Ces victoires ne sont pas le fruit du hasard. Les Grenoblois possèdent de redoutables individualités comme leur capitaine Éric Chouinard. Ancien joueur de la ligue de hockey nord-américaine (NHL), la plus prestigieuse du monde, le Canadien a inscrit 56 points, dont 23 buts, en 43 matches. Ce qui fait de lui le deuxième réalisateur ex-æquo du championnat.
L’entraîneur slovène Edo Terglav a su aussi faire des bons choix de recrutements, comme son compatriote Bostjan Golicic. Blessé en début de saison, l’ancien Briançonnais a marqué 36 points en 35 matches. C’est aussi vrai pour David Rodma, autre Slovène arrivé en cours de saison pour remplacer le Tchèque Pitule. En 24 rencontres, il a inscrit 30 points.
Terglav ne s’est pas plus trompé en défense. Le Canadien Kyle Hardy, au gabarit modeste (1,75 m, 80 kg), présent aussi bien défensivement qu’offensivement, affiche 36 points en 35 matches. Il forme une paire complémentaire avec Sébastien Bisaillon, autre Canadien au rendement fort intéressant.
Teddy Trabichet, formé à Grenoble, a également effectué un bon retour en Isère cette saison. L’ex-Gapençais est celui qui a le meilleur plus-minus des Brûleurs de Loups, + 27. Ce ratio démontre l’efficacité de l’international français quand il est sur la glace. Grenoble s’appuie par ailleurs sur un bon duo de gardiens : Lucas Horak et Antoine Bonvalot. Dans la conquête de titres, le dernier rempart joue un rôle majeur. Or Horak notamment, qui affiche 92,3 % d’arrêts, a été excellent en finale de la Coupe de France.
Au-delà des individualités, Grenoble forme avant tout un groupe très travailleur et soudé. Terglav a su aussi trouver la bonne alchimie entre les hommes. Les Grenoblois ne sont pas seulement coéquipiers. « Nous sommes tous de très bons amis. Nous mangeons ensemble, passons des après-midi ensemble, etc., ça aide sur la glace. Les relations que nous avons entre nous sont bien plus fortes, ce qui fait que quand on a des passes difficiles, c’est toujours plus facile de se parler, de se remonter le moral, etc. », indique Abramov.
« On a un collectif qui se sacrifie pour les autres », ajoute le défenseur Quentin Scolari, buteur face à Nice. « Tout le monde travaille fort et on s’entend super bien ensemble. Forcément, ça va bien. »
De gros progrès en supériorité numérique
Cette montée en puissance et cette confiance accumulée au fil des victoires se matérialisent aussi en situation de supériorité numérique. En début de saison, Grenoble avait du mal à faire la différence à cinq (joueurs) contre quatre. Cela est en train de changer. Chouinard a, par exemple, marqué dans cette configuration contre Nice. C’est bon signe alors que les play-offs de la Ligue Magnus, qui vont déterminer le champion de France, débutent mardi 28 février.
« On était en difficulté cette année en supériorité numérique », en convient Edo Terglav. « Nous avons essayé de trouver le 5 qui allait bien fonctionner ensemble. Ça fait quelques matches que nous avons plus de succès parce que les joueurs travaillent ensemble et suivent les consignes. Il faut vraiment que notre power-play (jeu de puissance, ndlr) en play-offs fasse la différence. Ce sont des moments clés dans un match. J’espère que ça va continuer. »
Déjà qualifiés pour les play-offs, Grenoble prépare cette échéance en gérant son effectif. Golicic et le Finlandais Miettinen, qui avaient quelques bobos après la finale de la Coupe, n’ont pas joué contre Nice. Et Trabichet seulement quelques minutes.
« Nous ne voulions pas prendre de risques parce que les play-offs arrivent. C’était l’occasion aussi pour d’autres joueurs de montrer ce dont ils étaient capables », expliquait Terglav mardi soir.
Les Brûleurs de Loups ont un dernier match de saison régulière à disputer vendredi (20 h 15) contre le Gamyo Épinal. Il va déterminer leur classement définitif avant les play-offs. Si les positions restaient figées, ils termineraient 3es et rencontreraient le 6e, Angers, en quarts de finale, au meilleur des sept matches.
Remettre de l’intensité dans le jeu avant les play-offs
Grenoble va devoir bien récupérer après tous les efforts consentis et les émotions ressenties ces derniers temps. « Il va falloir que nous arrivions à remettre de l’intensité », disait Abramov après le match compliqué face aux Niçois. « Nous avons eu une semaine assez éprouvante [avec trois rencontres à jouer, ndlr]. Il va falloir se remettre dedans avant les play-offs. Les déplacements, c’est de la fatigue en plus. De jouer le dernier match contre Épinal à Grenoble, c’est un bon plus. Rester un peu à la maison c’est plutôt positif. C’est un premier avantage (en vue des play-offs) surtout après le voyage qu’on a fait à Amiens et Paris. »
L’ex-Briançonnais résume l’état d’esprit des Grenoblois : « Gagner le championnat fait partie de nos objectifs. Comme nous le disons depuis le début de la saison, nous prenons match par match et, chaque fois, nous essayons de tout donner. Pour l’instant, ça marche. Autant continuer dans ce sens-là. » Les Brûleurs de Loups se sentent capables de réussir le doublé. Toutes les conditions semblent réunies cette saison pour qu’ils y parviennent.
Laurent Genin