FOCUS – Jusqu’au 29 janvier, la France accueille le championnat du monde de hand masculin. Les Bleus ont entamé idéalement la compétition en se qualifiant pour les 1/8es de finale. Leurs excellentes performances lors des grands événements – championnats d’Europe, Mondiaux et JO – suscitent un réel engouement, notamment chez les jeunes. Pour autant, les impacts immédiats du Mondial sur le nombre de spectateurs ou de licenciés restent inégaux et souvent limités pour les clubs du bassin grenoblois que nous avons interrogés.

L’équipe de handball masculin de Fontaine (couleur sombre) évolue en Nationale 3. Son objectif est un top 5 en fin de saison. Elle est pour l’heure septième. © JM Minghini
La France est-elle en passe de décrocher un 6e sacre mondial en handball, le 2e dans l’Hexagone après 2001 ? Les Bleus ont jusqu’ici rempli parfaitement leur tache en se qualifiant pour les 1/8es de finale. Ils jouent contre l’Islande ce samedi 21 janvier à Lille.
Avec leurs excellents résultats depuis une quinzaine d’années, les handballeurs français suscitent un réel engouement auprès du public. La chaîne à péage beINsports qui retransmet le Mondial (le groupe TF1 co-diffusera les matches de Bleus à partir des 1/4 de finale) réalise des records d’audience. Un pic à 865 0000 téléspectateurs a ainsi été enregistré devant France-Norvège le 15 janvier.
Plus de licenciés au handball qu’au rugby
Le nombre de licenciés dans les clubs, plus de 518 000, progresse quant à lui chaque année. Il est supérieur à celui du rugby, environ 456 000, malgré des ressources financières bien inférieures. Au Grenoble SMH-Guc, à l’US Saint-Egrève et à l’AS Fontaine, on observe cet engouement pour le Mondial français auprès des jeunes, notamment. « Les enfants regardent la compétition avec attention. Comme c’est leur sport, ils sont bien motivés. Aux entraînements, ils nous en parlent et nous posent des questions », explique François Brean, le président de Fontaine (Nationale 3), passé de 60 licenciés il y a quinze ans à 260 au total aujourd’hui.
« Les jeunes s’identifient beaucoup aux stars, par exemple à (Nikola) Karabatic. […] Ce qui est certain, c’est que l’engouement reste le même tout de suite après la compétition », note Sébastien Chabannes, président du GSMH-Guc (Nationale 1), 280 licenciés. « Plus de personnes s’intéressent au handball, vont te parler des matches. Après, tu as plus de facilités à les amener dans la salle, que ce soit de futurs partenaires, dirigeants, bénévoles ou pratiquants. »

Actuellement deuxième de sa poule en Nationale 1, le Grenoble SMH-Guc, club phare du bassin grenoblois, vise la montée en Division 2. © GSMH-Guc
Au GSMH-Guc, le France-Brésil en ouverture de la compétition a été projeté sur grand écran. « À Saint-Égrève, il y a un foyer où il y a une télé », indique Pascal Frossard, président de l’USSE handball (Nationale 2), club d’environ 300 licenciés. « Tous les soirs on peut aller voir les matches. On ne regarde pas que ceux de l’équipe de France. On fera quelque chose pour la finale à la fin du mois. On y réfléchit. »
L’impact direct du Mondial sur le nombre de licenciés ? Il est très limité pour des raisons de calendrier, ayant lieu en janvier, explique Pascal Frossard tout comme François Brean. « Les Jeux olympiques ont plus d’impact dans la mesure où ils ont lieu au mois d’août. On peut avoir un effet sur les inscriptions à la rentrée scolaire deux semaines après. Les championnats du monde impactent très peu. Les gamins ont tous entamé la saison dans un sport ou un autre. C’est compliqué de changer en milieu d’année, même s’ils le souhaitent, car les parents ont payé pour l’année. Ils disent à leurs enfants : on verra à la rentrée prochaine. »
Des capacités d’accueil limitées
Le président de Saint-Égrève souligne aussi les limites en termes de capacités d’accueil de nouveaux pratiquants. « Par rapport au foot et au rugby, on n’est pas capables d’accueillir x % de gamins en plus dans nos clubs. Un terrain de hand est fermé. À partir d’un certain nombre, ce n’est plus du hand, c’est de la garderie… Après, on est comme les autres sports collectifs : tributaires des éducateurs. On ne les “pond” pas tous les ans. En termes d’équipement, on a moins de latitudes à pouvoir absorber un peu plus d’enfants de par le côté indoor de notre sport. »

Saint-Egrève occupe la septième place de sa poule en Nationale 2. L’équipe a pour ambition de terminer dans les six premiers. © US Saint-Egrève handball
Sébastien Chabannes l’a vérifié une nouvelle fois après la médaille d’argent de la France aux JO de Rio-2016. Le GSMH-Guc a dû refuser des inscriptions. « On aurait pu en faire une cinquantaine en jeunes, mais on est contraint par les créneaux disponibles. Tu peux en prendre un peu plus, mais beaucoup non. Impossible. Chaque année, on est obligé d’en refuser et plus encore les années où il y a de grands événements. »
Au GSMH-Guc, une hausse des affluences espérée
Sébastien Chabannes s’attend à des retombées positives du Mondial sur le GSMH-Guc. « En moyenne, on fait 400 spectateurs. On espère faire plus de monde. Ça ne m’étonnerait pas que sur la reprise du championnat (le 4 février, ndlr), on passe à 500. On voit un effet immédiat, d’autant plus que maintenant ce ne sont que des matches à enjeux parce qu’on a des objectifs (la montée en Division 2 in fine, ndlr) et on est en phase avec ceux-là. Plus on va aller vers la fin de la saison, plus les matches vont être importants. »
À Saint-Égrève et Fontaine, on estime en revanche que l’effet Mondial sera limité voire minime. « On arrive à avoir beaucoup de monde quand il y a les derbys », précise François Brean à Fontaine. « On est en Nationale 3, quand on joue contre Voiron ou Bourgoin, on a du monde. » Plus le niveau du club est élevé, plus l’impact semble se faire ressentir.