TRIBUNE LIBRE – Marie-José Salat fait part de l’indignation du groupe des élus de gauche et de progrès à propos de la réaction de Pierre Mériaux relative à la ratification du traité franco-italien du TGV Lyon-Turin.
Marie-José Salat, conseillère municipale d’opposition à la Ville de Grenoble, membre du groupe Rassemblement de gauche et de progrès
Groupe PASC
Vice-présidente Grenoble Alpes-MétropoleDéléguée à la la Participation Citoyenne, la Lutte contre les discriminations, l’égalité femmes-hommes, l’accessibilité, la Coopération décentraliséePrésidente du GIP Réussite éducative (Contrat de ville)
Préoccupez-vous plutôt de l’état de la démocratie à Grenoble et du bon fonctionnement des services publics municipaux, Monsieur Mériaux !
On manque de s’étouffer en lisant cette réaction de Pierre Mériaux, conseiller municipal écologiste à Grenoble, contre la ratification du 22 décembre dernier par l’Assemblée nationale, du traité franco-italien de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin.
Nous donnant par la même occasion des leçons de démocratie, il dénonce « un scandale démocratique, un scandale d’État… parce que voter 11 milliards d’euros sur un projet inutile sans débat démocratique c’est vraiment incroyable… », rien de moins !
Cette position contre le TGV Lyon-Turin n’est pas nouvelle
Au-delà de l’indécence de ces propos au regard de la situation de la ville de Grenoble, cette prise de position contre le projet du TGV Lyon-Turin n’est pas nouvelle.
Il faut rappeler qu’en prenant une délibération en avril dernier, la majorité Vert/PG du conseil municipal de Grenoble a décidé de retirer la participation de la ville au protocole d’intention de financement entre l’État et les collectivités. Notre groupe, favorable au projet du TGV Lyon-Turin, avait dénoncé cette délibération, considérant trois arguments essentiels :
Cette délibération n’avait aucun fondement juridique, la Ville n’ayant plus la compétence déplacement.
Cette délibération n’était en fait qu’un manifeste anti-TGV Lyon-Turin, obéissant ainsi aux lobbies « No Tav ». Elle mettait en exergue les contradictions criantes de cette majorité au regard des questions environnementales qu’elle est supposée défendre : ici, on fait la chasse à la voiture, ailleurs on rejette un projet alternatif à 1,3 million de passages de camions à l’année, sous le nez des populations de la Vallée de l’Arve, prisonnières de pics de pollution à répétition.
Enfin, cette délibération sans débat démocratique sérieux était une étape de plus dans l’isolement de Grenoble en donnant un très mauvais signal aux partenaires institutionnels, aux acteurs économiques déjà très inquiets des renoncements sur le territoire de la ville de Grenoble.
Une majorité municipale fossoyeuse de la démocratie locale
Alors que le projet TGV Lyon-Turin a été débattu longuement depuis plusieurs années à tous les niveaux institutionnels (États français et italien, Europe, régions, villes françaises et italiennes concernées), Pierre Mériaux a beau jeu de dénoncer un scandale démocratique. Mais peut-être devrait-il se préoccuper davantage des scandales démocratiques à répétition à Grenoble ?
Faut-il rappeler combien cette majorité municipale à laquelle il appartient est devenue, en moins de trois ans, la fossoyeuse méticuleuse et redoutable de la démocratie locale à Grenoble ? L’épisode de la votation citoyenne sur la tarification du stationnement en est une cruelle démonstration.
Que dire également de l’inconséquence des décisions iniques ou scandaleuses prises depuis trois ans :
- plan d’austérité avec la fermeture de trois bibliothèques, de centres sociaux, de services et d’un établissement pour personnes âgées,
- baisse drastique des moyens consacrés à la santé scolaire et à la propreté de la ville (devenue d’une saleté repoussante),
- l’opération « abracadabrantesque » de l’achat du siège du Crédit agricole,
- protection fonctionnelle accordée à un ancien adjoint au maire… et
- mépris affiché par bon nombre d’élus à l’égard du mécontentement des Grenoblois.
Des Grenoblois soumis aux « coups d’État » permanents
Mais au-delà de l’indignation surfaite de Pierre Mériaux, le TGV Lyon Turin est un sujet en or pour les élus écologistes radicaux de la ville de Grenoble. Ils ont ainsi l’occasion d’occuper l’espace médiatique local et de redorer le blason Vert/Parti de gauche auprès de leur électorat de plus en plus médusé, pour ne pas dire désabusé.
A l’approche du bilan de mi-mandat, on aura beau renvoyer aux responsabilités de l’État ou de la précédente majorité municipale, cela ne marche pas ! Les faits pointent inexorablement celles de la majorité conduite par Eric Piolle. Il est vrai que pour ces derniers, l’année 2016 se termine comme elle s’est déroulée durant ces derniers mois, par des levées inédites et successives de boucliers de mécontentements à Grenoble.
Inédit également ce sixième conseil municipal du 19 décembre dernier, tenu à nouveau dans des conditions exceptionnelles sous haute protection policière. Les Grenoblois sont soumis aux « coups d’État » permanents et à la bunkerisation de l’Hôtel de ville, désormais fermé aux Grenoblois à chaque conseil municipal. C’est une triste réalité mais cela ne semble nullement inquiéter Pierre Mériaux, plus affairé à donner des leçons de démocratie aux uns et aux autres.
Alors, à la question hautement philosophique posée par Eric Piolle à ses équipes : « Qu’est-ce qui met les gens en mouvement et quels sont les différents moyens de mettre les gens en mouvement ? » Ne cherchez plus Monsieur le maire ! Vous avez pleinement atteint votre objectif. Les Grenoblois et Grenobloises sont désormais en mouvement contre votre politique irresponsable et nous sommes à leurs côtés.
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