FOCUS – Après une brève éclaircie dominicale, Grenoble renoue avec son dispositif anti-pollution. La qualité de l’air ne s’étant pas améliorée, le préfet de l’Isère a réactivé les mesures… à leur stade initial. Retour donc à la case départ puisque à J+2 ce mercredi 21 décembre, ce sont les limitations de vitesse qui ®ouvrent le bal. Pas d’interdictions de circuler en vue, ni de gratuité dans les transports en commun, avant le cinquième jour de pollution consécutif. C’est reparti pour un tour…
La trêve n’aura été que de courte durée. Après vingt-quatre heures de relative accalmie dominicale qui ont fait suite à douze jours de pollution, Grenoble relance, dès ce mercredi 21 décembre, son dispositif pour tenter de juguler les émissions de polluants.
Le seuil de 50 microgrammes de particules fines PM10 * par mètre cube ayant été dépassé depuis lundi, et Météo France ne prévoyant aucune amélioration dans les vingt-quatre heures qui suivent, les premières mesures ont été réactivées. A J+2, c’est donc (re)parti pour une limitation des vitesses maximales : pas plus de 70 km/h sur les voies rapides entre les péages de Crolles, Voreppe et du Crozet et des vitesses abaissées de 20 km/h sur les routes et autoroutes dont la vitesse est d’ordinaire supérieure à 90 km/h. Pas d’interdictions de circulation en vue pour l’instant, ces restrictions n’intervenant qu’au bout du cinquième jour consécutif de pollution.
Les automobilistes, les plus contrôlés
Objectif, comme lors du premier épisode de pollution : limiter la casse et les conséquences des émissions de particules fines qui, sous l’effet de l’anticyclone, restent désespérément suspendues dans les airs. Les automobilistes ne sont pas les seuls visés mais ils sont pour l’heure les plus contrôlés. Car le reste relève à ce stade de simples recommandations.
Dans le désordre, en cas de pollution, outre rouler moins vite, il est préconisé de limiter les feux de cheminée comme la température dans les logements.
Le BTP est, lui, prié de mettre en place sur ses chantiers des mesures visant à réduire les émissions de poussières.
Les industriels doivent s’assurer du bon état et du bon fonctionnement des installations de combustion et des dispositifs anti-pollution, voire reporter « si possible » certaines activités ou opérations considérées comme polluantes. Même consigne pour les éleveurs et les agriculteurs. Dans les entreprises, favoriser le télétravail est un plus, tout comme la visioconférence. A charge pour les maires de prendre toutes les dispositions pour favoriser des modes de déplacement moins polluants.
Voilà pour le catalogue de bonnes intentions. Louable en soi au demeurant. D’autant qu’il est gradué. Les appareils de chauffage anciens d’appoint sont, par exemple, interdits dès le niveau d’alerte franchi. Mais dans la pratique, au vu des moyens de contrôle, cela s’avère plus compliqué…
Des niveaux de pollution dépendant surtout des conditions météo
Pendant plus de dix jours début décembre, Grenoble a pu tester l’efficacité de son tout nouveau dispositif, appelé à être plus ou moins généralisé dans d’autres villes en France dès 2017. Et donc ?
Impossible à ce jour de savoir si les mesures testées ont eu une quelconque efficacité. D’abord parce que le dispositif, qui ne sera obligatoire qu’à compter du 1er janvier 2017, n’était guère contraignant. Pas d’interdictions formelles de circuler, mais une simple sensibilisation. Pas de verbalisation, pas de contrôles massifs non plus.
Ensuite parce que selon Atmo Auvergne Rhône Alpes, l’association chargée de la surveillance de la qualité de l’air, les niveaux de pollution dépendent fortement des conditions météo. Bref, c’est l’anticyclone, en ne dispersant pas les poussières, qui pilote en premier une pollution issue pour 60 % du chauffage au bois individuel non performant, pour 20 % du trafic routier, le reste se partageant entre l’industrie, l’agriculture, le tertiaire ou le résidentiel hors chauffage au bois.
Les conditions anti-cycloniques se maintenant, les douze jours d’activation du dispositif et les huit jours d’interdictions de circuler pour les véhicules les plus polluants, n’y ont rien fait : l’air est toujours aussi mauvais. Et si une fenêtre s’est brièvement dessinée ce dimanche, à la faveur d’un léger coup de vent, elle s’est vite refermée en ce début de semaine. En attendant, le dispositif avait été levé… alors même que les niveaux de particules demeuraient élevés.
Car pour que le dispositif soit maintenu, encore faut-il que les émissions de poussières dépassent les 50 microgrammes / m3 pour plus de 10 % de la population du bassin grenoblois. Ou sur plus de 25 km2 du territoire. Et ce le jour même ainsi que le lendemain. Une fenêtre météo et tout tombe à l’eau ? La question de l’efficacité reste plus que jamais posée.
Patricia Cerinsek
* Particules d’un diamètre inférieur à 10 microns.