DÉCRYPTAGE - En fusionnant, les universités grenobloises ont décroché l’Idex. Mais derrière ce projet politique et cette vitrine d’excellence, le malaise grandit. Son premier budget, l’Université Grenoble-Alpes le votera en déficit. Le deuxième vraisemblablement aussi. La faute à une dotation de L’État pas à la hauteur ? En attendant, pour se serrer la ceinture, l’université grenobloise avait opté pour la suppression de la prime de fin d’année et le paiement au trimestre des vacataires. Elle a fait machine arrière mais les discussions se poursuivent.
L’Université Grenoble-Alpes, université d’excellence ? Fusionnée et dans la foulée labelisée Idex, l’université de Grenoble ambitionne de jouer dans la cour des plus grandes universités américaines. Voilà pour la vitrine.
Mais, de l’autre côté du miroir, la réalité est, en cette rentrée 2016, un peu moins reluisante. Simple mauvaise passe ?
Vendredi 25 novembre, deux cent cinquante personnels ont fait irruption en plein conseil d’administration. « Depuis la fusion et la mise en place de la nouvelle université, il y a un ras-le-bol général, résume l’un d’entre eux. Il y a de gros dysfonctionnements dans les services, une surcharge de travail aussi. » Alors, quand la direction a émis l’idée de supprimer la prime de fin d’année au personnel non enseignant (les Biatss pour bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, social et santé), qui ont déjà les salaires les plus bas, cela a été la goutte d’eau de trop.
Ce n’est pas la seule. Car les vacataires, majoritairement des étudiants mais aussi du personnel administratif, ont dû attendre fin novembre pour être payés. Trois mois après... « On est tombé des nues », avoue Miguel Calin (SNPTES).
"Pour les vacataires, on s'est aligné sur le pire !"
Pourtant, la situation n’est pas exceptionnelle. C’était même une pratique courante avant la fusion, en tout cas au sein de l’Université Joseph-Fourier (UJF). « Quand la fusion s’est faite, la garantie nous avait été donnée que modèle serait pris sur le mieux disant », explique Françoise Papa (Snesup-FSU). « Or, pour les vacataires, on a en fait pris modèle sur l’UJF, qui payait au trimestre. On s’est aligné sur le pire ! »
De fait, en cette rentrée 2016, les vacataires ont dû prendre leur mal en patience avant de toucher leur premier salaire. « Ce n’est pas facile d’être à deux cents pour cent dans son boulot quand on ne sait pas si on sera payé », réagit une étudiante.
La grogne a été entendue mais les réponses restent pour l’heure encore évasives. « Concernant le retard de paiement des étudiants vacataires, des solutions ont été trouvées pour que l’ensemble des heures dues soit réglé fin novembre et que pour 2017 la rapidité du paiement des salaires soit améliorée », nous a répondu la directrice de l’UGA. Pour soutenir le personnel dans cette phase de transition, Lise Dumasy met en avant la mise en place d’une cellule d’accompagnement et d’une autre dédiée aux risques psycho-sociaux, le recrutement d’une psychologue du travail ou encore la mise en œuvre, qui reste à faire, du télétravail.
En attendant, fin décembre, rien ne dit que les vacataires seront payés. Mais, pour se consoler, les personnels devraient toucher une prime de fin d’année. La direction de l’université, qui dit « avoir entendu les revendications des partenaires sociaux », a finalement fait machine arrière. A quel prix ? Celui de ponctionner un peu plus dans un budget déjà peau de chagrin ?
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