REPORTAGE VIDÉO – Les premiers États généraux des migrations organisés par le collectif Migrants en Isère se sont déroulés, à guichet fermé, ce samedi 3 décembre à la MC2. Sous l’intitulé « Les migrations, parlons-en ! », l’événement visait à informer le public sur les migrations, en donnant la parole aux migrants. Mais aussi à formuler des propositions et des solutions pour améliorer leur situation sur le territoire et à les soumettre ensuite « aux élus en vue d’une expérimentation solidaire ».
« Je suis ravie de voir que la salle est pleine, ce n’était pas évident dans le contexte », se réjouit, visiblement rassurée, Monique Vuaillat, membre de l’Association de parrainage républicain des demandeurs d’asile et de protection (Apardap) et coordinatrice des premiers États généraux des migrations organisés par le collectif Migrants en Isère.
C’est en effet à guichet fermé que l’événement s’est déroulé ce samedi 3 décembre à la MC2 de Grenoble. De fait, l’amphithéâtre qui dispose d’une jauge de 900 personnes était plein à craquer. La MC2 a même été contrainte de refuser l’entrée à nombre de personnes désireuses d’y participer.
Des intervenants sur la même longueur d’onde
Pourquoi les migrants quittent-ils leur pays ? Les migrants, des profiteurs ? La France et l’Europe sont-elles encore des terres d’accueil ? Comment construire ensemble une société diverse et solidaire ? Ou bien encore qu’en est-il des perspectives locales ? Autant de thèmes et d’interrogations qui ont été abordés au cours de quatre tables rondes animées par des spécialistes – universitaires, journalistes, écrivains, politiques, humanitaires… – et des représentants d’associations locales. Dont Migrants en Isère, le collectif organisateur fort de l’union de 14 associations.
Un grand nombre d’intervenants donc, tous plus ou moins sur la même longueur d’onde – à savoir l’accueil inconditionnel des migrants –, mais aussi l’occasion, pour le public, d’écouter la parole des premiers concernés et de rencontrer des représentants d’associations, comme la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (Cisem).
Retour en images sur quelques instantanés captés lors de la matinée de ces premiers États généraux des migrations.
Reportage Joël Kermabon
« Un terrain d’expérimentation pour tordre le cou aux préjugés »
« Cela fait un an que nous travaillons sur ce projet, ce qui nous a permis de voir des gens, de réfléchir, de travailler à des propositions constructives », explique Monique Vuaillat. « Le collectif d’associations a pensé que nous pouvions être, à Grenoble, un terrain d’expérimentation pour essayer de tordre le cou aux préjugés, précise pour sa part Denis Hatzfeld, président du Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade), également coordinateur de l’événement. Et, d’autre part, de faire des propositions concrètes à destinations des citoyens, des collectivités territoriales et ainsi avancer dans la solution des problèmes concernant les migrants ».
Quant à l’objectif final, Monique Vuaillat se veut optimiste mais reste sur ses gardes. « Maintenant, l’enjeu va être de faire acter les propositions par les élus de nos collectivités territoriales, de travailler avec eux pour essayer de les mettre en œuvre et de hausser le ton si ça n’avance pas », avertit-elle.
Même discours du côté de Jo Briant du Centre d’information inter-peuples (Ciip), une des associations composant la Cisem. S’il se félicite du succès rencontré par l’opération, il estime que beaucoup de chemin reste à faire.
Migrant, parfois un parcours du combattant
Nous avons également rencontré Didier Temeteme, arrivé en mars 2013 en France après avoir fui la République démocratique du Congo. L’homme dit avoir été torturé par la police congolaise et en garder de graves séquelles aux yeux. « Comme la République congolaise est un pays francophone, je me suis tout naturellement tourné vers la France pour y demander l’asile, mais je n’ai pas été entendu. J’ai été débouté par l’office français de protection des réfugiés apatrides (Ofpra). J’ai fini par trouver un hébergement et commencé à me battre pour survivre », explique-t-il.
Didier Temeteme s’est impliqué dans l’élaboration de ces États généraux des migrations aux côtés des militants de l’Apardap qui l’ont aidé. Il nous explique, en pointillés, les difficultés rencontrées par nombre de migrants comment, à son sens, devraient évoluer les choses.
Reportage Joël Kermabon
Daniel Pennac, grand nom de la littérature, qui est intervenu lors l’une table ronde a pour sa part rappelé que chaque décennie avait connu sa vague de migration et que, de tous temps, les peuples du monde s’étaient mélangés. Quoi qu’il en soit, cette grande messe des migrations qui se déroulait dans l’entre-soi, en terrain ami, aura surtout permis des échanges entre personnes acquises à la cause.
Joël Kermabon