Dans l'atelier de Sibylle Traynard, créatrice de bijoux. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

Rencontre dans son ate­lier avec Sibylle Traynard, créa­trice de bijoux ins­pi­rés de la nature

Rencontre dans son ate­lier avec Sibylle Traynard, créa­trice de bijoux ins­pi­rés de la nature

REPORTAGE – Si le salon Artisa pré­sente, du 30 novembre au 4 décembre à Alpexpo, de beaux objets d’art tous plus ori­gi­naux les uns que les autres, il est dif­fi­cile d’i­ma­gi­ner le pro­ces­sus de créa­tion à l’œuvre en amont. Nous avons ren­con­tré dans son ate­lier de La Tronche une expo­sante, Sibylle Traynard. Cette créa­trice de bijoux crée « des sculp­tures dans l’es­pace » ins­pi­rés de la nature et des mon­tagnes envi­ron­nantes. Découverte du métier minu­tieux, mais aussi de la phi­lo­so­phie de cette artiste.

Dans l'atelier de Sibylle Traynard, créatrice de bijoux. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

La créa­trice de bijoux nous accueille dans son ate­lier de la Tronche. Dans cet endroit entouré de ver­dure aux pieds des mon­tagnes, on entend des oiseaux, un coq… Une ambiance pai­sible, pro­pice à la créa­tion. « La créa­tion est un moment où tout est lié : la contem­pla­tion, la spi­ri­tua­lité… On est dans une bulle. »

« Il faut arri­ver à entrer dans cette bulle pour pro­duire ce qu’on res­sent », pré­cise Sibylle Traynard, qui crée des bijoux depuis qua­rante ans. Deux maîtres-mots expliquent son par­cours : la nature et la créa­tion. La dureté et la dou­ceur y sont complémentaires.

Grâce à ses parents mon­ta­gnards, elle a décou­vert très tôt la mon­tagne. « Je n’ai pas tou­jours eu une vie facile. La mon­tagne m’a beau­coup aidée à per­cer dans ce métier et à per­sé­vé­rer », confie-t-elle. Depuis sa tendre enfance, Sibylle baigne par ailleurs dans la créa­tion : « J’ai fabri­qué plein des choses. Par exemple, je fai­sais des maquettes de refuges en mon­tagne, des petits tableaux avec des clous, avec n’im­porte quoi… »

Dans l'atelier de Sibylle Traynard, créatrice de bijoux. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

© Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Ses études à l’École des beaux arts et des arts déco­ra­tifs de Genève lui offrent une for­ma­tion géné­ra­liste en art, mais sur­tout beau­coup de cours de des­sin : nature-morte, nu, géo­mé­trie dans l’es­pace, des­sin de bijoux, etc. À ce moment-là, ce n’est pas le bijou qui l’at­tire, mais la céra­mique. « Je vou­lais être potière », confie Sibylle. « Lorsque je visi­tais des ate­liers, une fois j’ai vu une bijou­te­rie et j’ai eu un déclic : “je vais faire des bijoux”, me suis-je dit. »

Métier d’har­mo­nie et d’indépendance

Grâce à des connais­sances acquises lors de ses études, Sibylle s’ins­talle « petit à petit » dans son ate­lier et déve­loppe sa propre tech­nique. « C’est le fait que ce métier soit très minu­tieux et très posé qui m’a plu. Et cela me convient bien, alors que je ne porte pas du tout de bijoux, ce qui fait le déses­poir de mes clients et de mes amis, dit-elle en riant. Par contre, j’aime les voir por­tés, avec beau­coup de pas­sion et d’harmonie. »

Dans l'atelier de Sibylle Traynard, créatrice de bijoux. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

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Pendant treize ans, Sibylle a éga­le­ment été accom­pa­gna­trice de mon­tagne, mais « à un moment donné, il a fallu choi­sir entre ce métier et la créa­tion ». Malgré leurs dif­fé­rences évi­dentes, il y a éga­le­ment des points com­muns entre les deux pro­fes­sions : tous deux exigent une grande indé­pen­dance, de l’au­to­no­mie et un esprit d’i­ni­tia­tive. « Et il ne faut pas être malade ! », ajoute-t-elle avec un sou­rire, en évo­quant la fra­gi­lité de sta­tut d’ar­ti­san ou d’auto-entrepreneur.

Un bijou comme une sculp­ture dans l’espace

Dans l'atelier de Sibylle Traynard, créatrice de bijoux. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

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Pour Sibylle, un bijou est « une sculp­ture dans l’es­pace » : « En com­men­çant la créa­tion dans ma tête, je sais déjà ce qui sera plat, ce qui aura du volume, ce qui va être mis en avant, etc. »

Inspirée par la mon­tagne et la musique, Sibylle retrouve dans la créa­tion des moments de calme et de concen­tra­tion. « J’ai une ten­dance spi­ri­tuelle. Quand je vois un cou­cher de soleil, je suis scot­chée. C’est tel­le­ment beau ! Je peux res­ter des heures à le regar­der. Cela fait par­tie de ma spi­ri­tua­lité. La nature est une grande cathé­drale. La beauté de la nature, voilà ce que je veux trans­mettre avec mes créations. »

Ses bijoux ne copient cepen­dant pas des formes de la nature : « Lorsqu’un peintre des­sine une fleur, il s’en imprègne, la regarde très long­temps avant de des­si­ner, tout seul devant cette fleur et la nature qui l’en­toure. C’est comme de la médi­ta­tion. Une fois que tout est impré­gné dans sa tête, il peut se mettre à l’œuvre. Moi, c’est pareil. »

Le bijou est pour l’ar­tiste quelque chose d’abs­trait : « Je ne repré­sente pas de petits che­vaux, des petits chiens… Cela ne m’in­té­resse pas : les bijoux comme ça, on en voit par­tout. » La créa­trice tra­vaille sans moule et fait ses construc­tions avec un cha­lu­meau. « Mais, tout d’a­bord, je fais mon cro­quis avec une tech­nique de super­po­si­tion : je fais un des­sin, puis je reco­pie sur un calque les élé­ments qui me plaisent et ainsi de suite. Au final, j’ar­rive ainsi à quelque chose qui me plaît vraiment. »

Dans l'atelier de Sibylle Traynard, créatrice de bijoux. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre'Net

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Yuliya Ruzhechka

« Il faut être curieux de tout »

Quelles sont les qua­li­tés requises dans ce métier ? Être très dyna­mique, minu­tieux, ordonné, avoir de la patience et être concen­tré, selon Sibylle… Mais pas seule­ment. « Il faut avoir beau­coup de culture visuelle, être curieux de tout : de la nature, de la pein­ture, de la sculp­ture, de l’ar­chi­tec­ture et de l’art en géné­ral. Après, l’imaginaire, on l’a ou on ne l’a pas… Quant à la tech­nique, cela s’acquiert. »

Mais sur­tout, comme tout métier d’ar­ti­sa­nat d’art, la créa­tion de bijoux est un métier de com­mu­ni­ca­tion. « C’est impor­tant qu’il y ait une entente entre l’ar­ti­san et la per­sonne qui vient dans son ate­lier ». Et dans ce métier, les arti­sans ont besoin de visi­bi­lité et doivent donc par­ti­ci­per à les salons et expositions.

Découvrez les cou­lisses de l’a­te­lier de Sibylle Traynard dans notre diaporama.

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Comment crée-t-on un bijou ?

La ren­contre avec le client est la pre­mière étape du tra­vail de bijou­tier. Ensuite, à par­tir de cette dis­cus­sion, l’ar­ti­san com­mence à éla­bo­rer une esquisse. « À par­tir du cro­quis, je réflé­chis à com­ment je vais pro­cé­der. Je décide du volume », pré­cise Sibylle.

Ensuite, elle pro­cède à la fabri­ca­tion avec un fil ou une plaque et com­mence l’ou­vrage. « Cela peut être de la découpe avec la scie. Parmi mes outils, j’ai aussi des limes, des pinces pour don­ner une forme. Mais mon outil prin­ci­pal est un cha­lu­meau. Il sert à faire de la construc­tion. Comme je n’ai pas de moule, je construis mes bijoux en sou­dant des plaques. »

Sibylle Traynard tra­vaille l’or et l’argent, des matières pre­mières fran­çaises : « Ici, on a une bonne qua­lité de métal. La créa­tion de bijoux est très sur­veillée en France. On a un cahier de police où l’on note tout ce qui concerne le bijou, avec le poids, la nature du métal et de la pierre. Tous ces bijoux sont réfé­ren­cés et, à n’im­porte quel moment, des bijou­tiers peuvent se faire contrô­ler par des doua­niers qui sur­veillent l’en­trée et la sor­tie du métal. »

YR

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