FOCUS – La fin d’un non-suspense ? La victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre est à présent acquise. Selon les premiers chiffres disponibles, l’Isère s’inscrit cette fois-ci encore dans la tendance nationale, avec quelques exceptions toutefois sur certains bureaux de vote de Grenoble.
Une fois encore, l’Isère s’inscrit dans la ligne nationale, au soir des résultats du second tour de la primaire de la droite et du centre. Les électeurs du département, qui avait déjà placé François Fillon en tête le 20 novembre dernier, ont confirmé leur vote : en Isère comme dans le reste de la France, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy s’impose comme le candidat des Républicains pour l’élection présidentielle de 2017.
Si le nombre de participants définitif n’a pas encore été communiqué, le parti des Républicains de l’Isère note dans un communiqué que « les chiffres partiels transmis par les présidents de bureaux de vote font parfois état d’une participation équivalente, parfois supérieure et parfois légèrement inférieure suivant les bureaux, tous notant que de nouveaux électeurs ont également participé par rapport au premier tour. »
Pas d’incidents notables
Le parti se félicite au passage d’un second tour s’étant déroulé « sans incident notable » : « Il semble que les Isérois, qui étaient plus de 70 000 la semaine dernière, soient revenus aux urnes avec le même calme et la même détermination pour choisir leur candidat du second tour. »
Le président du Conseil départemental de l’Isère Jean-Pierre Barbier souligne pour sa part « la qualité de l’organisation de cette primaire ». « En Isère, 1 300 bénévoles se sont mobilisés de manière admirable pour tenir les 173 bureaux de vote durant ces deux tours. […] Tout s’est déroulé dans le meilleur esprit républicain, sans aucune contestation possible. C’est déjà une victoire en soit », écrit-il dans un communiqué.
Fillon largement en tête
Côté résultats, les chiffres annoncés par les bureaux de vote au fur et à mesure des dépouillements laissent apparaître une très nette victoire de François Fillon sur l’ensemble du département, même si ceux de certaines communes n’étaient pas encore diffusés dans la nuit du 27 novembre.
Le candidat dépasse ainsi 70 % des voix dans les communes du Fontanil-Cornillon, de Goncelin ou de Charavines, atteignant même les 75 % dans les bureaux de Saint-Simeon-de-Bressieux ou de Saint-Geoire-en-Valdaine.
Sans lui permettre d’atteindre pareils sommets, d’autres communes iséroises n’en ont pas moins porté François Fillon à la présidentielle avec des scores très enviables. Avec 68 % des voix à Corenc, 67 % à Allevard, 66 % à Mens, 65 % au Touvet, 63 % à Froges, 62 % à La Tronche ou encore 60 % à Montbonnot, la victoire du candidat est incontestable.
Grenoble n’est pas au diapason
En va-t-il de même à Grenoble ? Dans un tweet diffusé peu avant 21 heures, Matthieu Chamussy, conseiller municipal d’opposition grenoblois, n’hésitait pas à l’affirmer : « Sur Grenoble aussi la victoire de François Fillon est sans ambiguïté. » Et pourtant…
Sur #grenoble aussi la victoire de @FrancoisFillon est sans ambiguïté #Laprimaire
— Matthieu Chamussy (@m_chamussy) 27 novembre 2016
S’il apparaît, en fonction des chiffres tombant au compte-gouttes au fil de la soirée, que le candidat Fillon est bien en tête dans la plupart des bureaux de vote grenoblois, les chiffres obtenus sont très en-dessous de la moyenne nationale.
Si le bureau Jean Jaurès donne 56 % des voix à François Fillon, Sidi Brahim 53 % ou Maison des initiatives 52 %, l’avance est bien moins marquée à Clémenceau (51 %) ou dans le quartier Berriat (50,24 %). Quant aux bureaux Léon Jouhaux et Malherbe, ils se distinguent, en offrant à Alain Juppé une confortable première place, avec respectivement 55 % et… 62 % des voix en faveur du maire de Bordeaux !
Des chiffres qui surprennent moins une fois mis en relation avec les scores enregistrés par les candidats lors du premier tour à Grenoble. Au soir du 20 novembre, Alain Juppé arrivait déjà en tête dans un certain nombre de bureaux de vote de la capitale des Alpes. Un vote qui, au final, n’était peut-être pas qu’une conséquence d’un certain esprit anti-sarkozyste, mais également le signe d’une réelle adhésion.
Richard Cazenave, « juppéiste » déçu
Alors que la plupart des figures de la droite en Isère – Matthieu Chamussy, Jean-Pierre Barbier ou encore Alain Carignon – s’étaient rangées derrière la candidature Fillon pour le second tour, Richard Cazenave, conseiller communautaire Les Républicains et soutien affiché à Alain Juppé, trouve dans ces chiffres grenoblois une consolation, malgré la déception de la défaite.
Quelles sont, selon lui, les raisons de l’échec d’Alain Juppé, pourtant donné favori avant le premier tour ? « Lors du premier débat, sur la question de l’Islam, j’avais demandé à ce qu’il y ait une réaction très ferme et j’ai été minoritaire, estime Richard Cazenave. On a considéré qu’il fallait rester au-dessus de la mêlée, ne pas rentrer dans ces débats de caniveau. Je le regrette : je suis beaucoup sur le terrain, j’entends les gens, et je savais que cette question était en train de leur bouffer le foie. »
« Et puis, sur l’affaire Bayrou, il fallait que l’on ait la force d’expliquer avec suffisamment d’énergie que le soutien de Bayrou ne signifiait pas que nous étions à genoux devant lui. On trouvait que c’était un débat subalterne, une querelle bien inutile qui nous était faite, et cela n’a peut-être pas été dit avec suffisamment de clarté… », conclut-il, non sans amertume.
Les prochaines perspectives
Mais le camp Juppé aura-t-il tout le temps de faire le point sur sa défaite et le bilan de sa campagne ? Maintenant que la droite a son candidat, et dans l’attente d’un ou plusieurs adversaires de gauche désignés, c’est bien la perspective de la présidentielle et des législatives de 2017 qui seront dans tous les esprits. En Isère comme ailleurs…
Une perspective que Richard Cazenave ne perd d’ailleurs pas de vue, non sans méfiance : « Nous sommes aujourd’hui dans une fédération où la famille Sarkozy tient l’ensemble des leviers. Il faudra nous dire comment, dans l’avenir, avec quelles investitures législatives, on pourra rassembler toute la famille des Républicains et du centre. »