EN BREF – Pour sa 3e édition, les rencontres Montagnes et sciences partent sur les traces des chasseurs de cristaux. A l’occasion de la projection en avant-première de leur film samedi 19 novembre, quatre cristalliers lèvent le voile sur le filon qu’ils ont découvert il y a quelques années à Chamonix. Le lieu, tenu secret jusque-là, va être dévoilé au grand public.
Ils explorent secrètement les entrailles des massifs cristallins à la recherche de minéraux. A la fois explorateurs et alpinistes, ils sont chasseurs de cristaux. Parfois précédés d’une réputation sulfureuse de pilleurs de montagnes, prêts à tout pour s’adonner à un commerce plus ou moins licite… Plus souvent, simples aventuriers, tout aussi curieux que discrets.
Quatre-vingt cristalliers à Chamonix
Une pratique confidentielle ? Loin de là. A Chamonix, l’un des temples des cristalliers avec le massif de l’Oisans, ils sont quatre-vingt déclarés sur les registres de la mairie. Samedi 19 novembre, en exclusivité pour la 3e édition des rencontres Montagnes et sciences à Grenoble, quatre d’entre eux lèveront le voile sur leur activité. Sur leur montagne, leur filon…
Dans le jargon des cristalliers chamoniards, on appelle cela un four. En fait, une cavité naturelle d’où les chasseurs de minéraux extraient les cristaux de quartz.
Un lieu tenu secret jusque-là. Et que les quatre cristalliers – deux guides, un charpentier et un moniteur de ski de fond – ont décidé de révéler au grand public par le prisme de la caméra du réalisateur Pierre Cadot. Ils seront tous là, d’ailleurs, samedi sur la scène du Palais des sports pour partager leur passion. Car, de cette activité, les quatre Chamoniards ne vivent pas. Tout juste vendent-ils une part négligeable du fruit de leur collecte pour rembourser les frais de leurs expéditions.
« Il s’agit d’une démarche non commerciale, une démarche de passionnés », explique Eric Larose, initiateur et organisateur des Rencontres Montagnes et sciences. Leurs cristaux, plusieurs variétés de quartz, sont ensuite exposés dans les musées et viennent enrichir les collections.
De quoi faire vaciller la légende. Car l’activité, soumise à la concurrence de cristalliers venus parfois de très loin, est de plus en plus encadrée, quand elle n’est pas interdite dans certains massifs.
Un code d’honneur à signer à Bourg-d’Oisans
Les communes les plus convoitées ont ainsi édicté leurs propres règles. A Chamonix, les chasseurs de cristaux doivent déclarer leurs trouvailles et s’engagent à proposer quelques-unes de leurs pièces aux musées. A Bourg-d’Oisans, même obligation de déclaration. Et un code d’honneur à signer, dans lequel l’amateur de chasse au trésor s’engage notamment à remettre les lieux en état, à ne pas exploiter plus de deux emplacements dans le même bassin hydrographique, et à annoncer au musée de Bourg-d’Oisans toute trouvaille présentant un intérêt scientifique.
Fini le pillage de la montagne ? La dépose par hélicoptère est désormais interdite, de même que l’usage de moyens mécaniques ou chimiques. Rangés les bâtons de dynamite, le cristallier peut seulement compter sur son marteau et son burin.
Un travail méticuleux, long et nécessitant de la patience. Un travail d’équilibriste quand il s’agit de gratter une fissure, parfois suspendu au-dessus du vide contre une paroi. Pas sûr dans ces conditions que, le filon dévoilé, nombreux soient ceux qui emboîteront le pas aux cristalliers de Chamonix…
Patricia Cerinsek
LES RENCONTRES ESSAIMENT JUSQU’EN AUVERGNE
Pour sa 3e édition, les rencontres Montagnes et sciences élargissent leur horizon. Après avoir essaimé jusqu’à Bourg‑d’Oisans, les voilà donc propulsées jusqu’à Villard-de-Lans, Valence et Clermont-Ferrand. Le fil conducteur, lui, reste le même : proposer des projections et rencontres gratuites autour de films d’aventure scientifique en montagne.
Comme les deux premières années, place aux scolaires qui seront accueillis vendredi 18 novembre, dès 13 heures, au Palais des sports de Grenoble. Deux mille élèves sont d’ores et déjà attendus, faisant de ces rencontres le plus grand rassemblement scolaire de l’agglomération grenobloise. La programmation grand public est, elle, proposée samedi 19 novembre autour de cinq films de 30 à 52 minutes. Début des projections à 14 heures.