REPORTAGE VIDÉO – Une soixantaine de policiers se sont rassemblés silencieusement ce mardi 11 octobre vers 12 h 30 devant l’Hôtel de police de Grenoble, à l’appel de plusieurs organisations syndicales. Les fonctionnaires entendaient ainsi exprimer leur solidarité avec leurs collègues de Viry-Châtillon (Essonne) lâchement attaqués au cocktail Molotov ce samedi 8 octobre.
Trois jours après l’attaque à l’aide de cocktails Molotov de quatre fonctionnaires de police à Viry-Châtillon, dans l’Essonne, les policiers grenoblois tenaient à témoigner leur soutien à leur collègues agressés. C’est dans le silence que près d’une soixantaine d’entre eux se sont rassemblés durant une heure, ce mardi, sur le coup de midi, devant le commissariat.
Après cette attaque « avec la volonté de tuer », l’émotion reste très vive dans les rangs de la police un peu partout en France où des rassemblements similaires étaient organisés. Sont notamment en question le manque de moyens et la demande de prise en considération effective des difficultés rencontrées au quotidien. Mais pas seulement. Les policiers souhaitent également que la justice inflige des peines plus sévères à leurs agresseurs.
Une grève du zèle ou des rassemblements silencieux
Suite à l’attaque, Manuel Valls, le Premier ministre, et Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur s’étaient aussitôt rendus au chevet des deux policiers de l’Essonne atteints de graves brûlures. Une occupation politique du terrain, selon Alliance, le syndicat majoritaire chez les gardiens de la paix, qui n’a guère rassuré les fonctionnaires de police.
Pas plus que cela n’a convaincu ce syndicat qui appelait aujourd’hui à une grève du zèle, se démarquant en cela des autres organisations syndicales de la police nationale. Qui appelaient, quant à elles, à des rassemblements silencieux devant les commissariats ou dans les services.
Yannick Biancheri, le secrétaire départemental SGP Police FO de l’Isère, et Valérie Mourier, la secrétaire départementale d’Alliance police nationale, reviennent sur les actions syndicales envisagées. Mais aussi sur les revendications portées par les policiers, confrontés quotidiennement à une délinquance qui a, selon eux, largement dépassé les bornes.
Reportage Joël Kermabon
« Nous ne nous sentons pas soutenus par la hiérarchie nationale »
« Il y a une divergence sur les modalités d’action mais pas sur le but commun qui est d’aider la police à intervenir dans de bonnes conditions », reconnaît Yannick Biancheri. Pour ce dernier, une grève du zèle n’apportera rien. « Nous n’avons pas les moyens de faire du zèle, nous sommes déjà à flux tendus […] Cela fait déjà quelques années que nous sommes en grève du zèle et que, pour autant, l’administration n’en tient pas compte », explique le syndicaliste.
Pour ce dernier, il faut durcir le mouvement, appeler à d’autres rassemblements. « Si l’administration ne nous répond pas avec des chiffres concrets, nous envisagerons d’autres actions », prévient Yannick Biancheri.
Pour ce qui est de la mobilisation, ce n’est pas gagné. C’est du moins ce que souligne Valérie Mourier.
« Vous voyez, là, nous ne sommes qu’un petit nombre. Chacun à ses obligations personnelles, il est toujours très difficile de mobiliser. Par contre, Alliance est là pour motiver les collègues et pour que le mouvement perdure. Cette grève du zèle, nous avons envie qu’elle continue et puisse durer, pourquoi pas, plusieurs semaines », déclare la syndicaliste d’Alliance.
Quid du soutien de la hiérarchie ? « La hiérarchie locale nous soutient. Notre directeur est là parmi nous. Par contre, au niveau national, ce qui est Direction centrale ou Direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN), nous ne nous sentons pas soutenus », regrette Valérie Mourier.
Et de conclure.« Effectivement, ils ont peut-être des comptes politiques à rendre, mais nous, nous sommes au-delà de ça et nous aimerions un soutien plus fort de leur part. ».
Joël Kermabon