FOCUS – A l’appel des syndicats Snes, FO, Sud et CGT, plus d’une centaine de personnes se sont mobilisées à Grenoble, ce jeudi 8 septembre, contre la réforme des collèges portée la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Mais pas seulement, les causes de mécontentement dépassant la seule remise en cause de la réforme. En ligne de mire, la prochaine mobilisation du 15 septembre contre la loi El Khomri.
Peu de monde pour cette toute première mobilisation des enseignants du second degré depuis la rentrée scolaire. Une centaine de personnes tout au plus se sont en effet rassemblées place de Verdun, ce 8 septembre, pour manifester contre la réforme du collège de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
Une manifestation qui s’est déroulée sous un soleil de plomb dans les rues de l’hyper-centre de Grenoble avant de rallier le rectorat de l’académie de Grenoble.
Quelques jours après la rentrée, l’intersyndicale composée des syndicats Snes- FSU, FO, Sud et CGT appelait ainsi à la grève contre la réforme des collèges, mais aussi à se mobiliser massivement le 15 septembre, date de la journée d’action unitaire pour l’abrogation de la loi El Khomri.
« Le collège a besoin d’être réformé mais pas de cette façon-là ! »
« Le collège a bien besoin d’être réformé mais pas de cette façon-là. Et en tout cas, pas sans les personnels. Nous sommes professionnels dans nos disciplines et nos métiers. Nous devons être entendus et ce n’est pas possible de cette façon-là », explique Corinne Baffer, enseignante et secrétaire académique Snes-FSU.
De fait, pour les enseignants des établissements du second degré, la liste des griefs contre la réforme s’allonge et le malaise de la profession n’a fait qu’enfler depuis mai 2015, date de son annonce. C’est en partie ce que les enseignants ont voulu faire savoir lors de cette manifestation qui en annonce d’autres.
Reportage Joël Kermabon
« C’est du grand n’importe quoi ! »
Quid des principaux points d’achoppement ? « Il n’y a pas de manuels, pas de progression établie, les programmes sont à découvrir, à construire dans chaque collège différemment. Sans parler des enseignements pratiques interdisciplinaires (Epi) qui arrivent comme des cheveux sur la soupe… », énumère la syndicaliste. Quant aux effectifs, l’enseignante n’y va pas par quatre chemins. « C’est du grand n’importe quoi ! Avoir trente-cinq ou trente-six élèves en seconde est monnaie courante en cette rentrée. Nous ne pouvons pas faire réussir nos élèves dans ces conditions et ce serait mentir aux familles que de leur faire croire », tance la syndicaliste.
Les organisations syndicales dénoncent également une crise du recrutement qui, selon elles, s’enkyste. « Nous avons encore perdu 3 000 postes aux concours cette année. Ce sont des professeurs qui manquent cruellement », expose l’enseignante. La question de la rémunération reste également posée. « 1,1 Smic pour les métiers de l’enseignement c’est vraiment se moquer du monde ! », s’indigne encore Corinne Baffer.
Quoi qu’il en soit, l’intersyndicale n’entend pas en rester là. « Des suites vont se construire, il s’agit de préciser et de médiatiser les conditions de cette rentrée. Nous allons continuer dans nos établissements à nous réunir avec les parents en heures d’information syndicale, en assemblées générales, pour en débattre », annonce Corinne Baffer. « Nous ne pouvons pas entendre dire que ça y est, la loi est votée et que tout va bien. Nous savons très bien que rien ne va, au contraire ! », proteste-t-elle avec véhémence. Concernant les élèves, Corinne Baffer se veut rassurante. « Malgré le mépris officiel, nous restons très attachés à nos métiers, à nos élèves et sommes tous soucieux de les faire réussir », conclut-elle.
Prochain rendez-vous le 15 septembre pour la journée unitaire d’action interprofessionnelle pour l’abrogation de la loi El Khomri.
Joël Kermabon