TÉMOIGNAGE – Nuit debout Grenoble fait sa rentrée ce dimanche 4 septembre à 17 heures, sur les marches de la MC2. Le mouvement semble loin de s’être résigné à l’adoption – par le 49.3 – de la loi Travail. Qu’est-ce qui motive ses participants à poursuivre ainsi leurs actions ? Nous avons rencontré une militante de la première heure pour en savoir davantage.
Nous tenions beaucoup à discuter avec cette jeune femme. Parce que nous l’avons souvent croisée à Nuit debout, ces derniers mois. Tantôt mettant la main à la pâte, tantôt donnant son avis… et toujours soucieuse du sens derrière les mots, les actes, toujours préoccupée de cohérence, attachée à la bienveillance et au respect.
Il se dégage d’elle à la fois douceur et force, et notamment l’envie débordante d’un changement de société, doublée d’un appétit de faire ensemble.
Au fil de la discussion, nous découvrirons davantage sa personnalité et ses nombreux talents. Nous ne pourrons toutefois pas vous montrer cette jeune militante, car elle ne souhaite pas se mettre en avant. Excès de pudeur ? Non. Elle a peur, est inquiétée, ces temps-ci, par des inconnus. Rapport à son militantisme ? « Oui, sans doute… Il y a beaucoup de gens qui s’en prennent à Nuit debout, qui ont intérêt à ce que le mouvement cesse. » Sur ce point, elle ne préfère pas s’étendre.
En revanche, elle maintient que, oui, elle veut témoigner. Car explique-t-elle : « Je pense que ce que je dis peut servir à mieux comprendre comment fonctionne Nuit debout et attirer les gens vers nous. » Au fait, comment pourra-t-on l’appeler puisqu’il ne faut pas dévoiler son prénom ? « Appelez-moi Alice dans votre article ! », suggère-t-elle sans hésiter, en nous quittant.
Place Gre’net : Alice, comment avez-vous connu le mouvement Nuit debout ?
Alice :
« Je n’ai pas attendu Nuit debout pour être concernée par la vie politique française. »
Qu’est-ce que le mouvement Nuit debout ? Quelle est sa raison d’être ? Qui rassemble-t-il ?
Alice :
« [Nuit Debout est] la nécessité absolue que sans cadre, sans partis, sans récupération, on se retrouve à définir ensemble, et à lutter ensemble pour ce qui nous semble juste ou injuste. Je ne vois pas d’autres façons de s’en sortir… Il faudrait que ce soit généralisé, c’est-à-dire que sur cette petite place, le soir, les gens descendent, que ce soit véritablement un grand mouvement qui atteigne tout le monde. »
Comment peut fonctionner un mouvement qui n’a pas de leader ?
Alice :
« … Pour moi, Nuit debout ira vers la force vitale. […] C’est-à-dire que les solutions qui marchent pas ou marchent moins bien et auront moins de capacité à prendre corps au sein d’une assemblée hétéroclite ne seront pas les bonnes solutions. »
Comment les décisions se prennent-elles à Nuit debout ? Vous-même, proposez-vous des idées qui sont discutées et votées ? Comment considérez-vous votre rôle au sein de Nuit debout ?
Alice :
« Je me vois bien comme une sentinelle, comme quelqu’un qui veille sur ce que je considère comme des dérives […] Ça m’est arrivé à deux ou trois reprises de dire « Mais attendez ! Ce n’est pas noir ou blanc. »
A quoi a servi le mouvement Nuit debout Grenoble jusqu’ici, selon vous ?
Alice :
« A Grenoble, on a été utiles à plusieurs reprises pour des mobilisations. On est en capacité d’être très réactifs… »
Nuit debout veut changer le système… mais comment compte-t-il s’y prendre concrètement ?
Alice :
« Si on veut ne pas aller dans le mur […] il faut écrire ensemble une nouvelle Constitution, de nouvelles règles du jeu. […] Il y a des choses qui ne me paraissent clairement pas raisonnables, par exemple de laisser la fabrication d’armes à des entreprises privées… »
Que va-t-il se passer à l’occasion de cette rentrée ?
Alice :
« Concrètement, on a des espoirs à la rentrée de conserver cette dynamique citoyenne, de la relancer […] Il y a aussi les échéances politiques, électorales. Il y a des gens à Nuit debout qui sont pour ne pas aller voter. Moi, j’ai des arguments pour dire que ce n’est pas une bonne solution… »
Nuit debout va-t-il prendre part au débat sur les présidentielles ? Et se positionner ?
Alice :
« Chacun viendra exprimer pourquoi on doit faire comme ceci et comme cela… Le débat contradictoire nous amènera individuellement […] des éléments de réflexion »