Marcher n’est pas un mot en l’air, mais un verbe sur terre.
Marcher pour ouvrir l’espace. Pour libérer les mots. Et ranger les couteaux.
Marcher pour quitter le divan des peurs.
Marcher pour dire Nice, Paris, Damas, Bruxelles, Tunis, Bagdad ou encore Kaboul.
Marcher pour dire Cela qui ne pourra jamais se dire. Marcher, pour prophétiser les valeurs de lenteur, de solidarité.
Marcher au chemin de l’exil sans rien connaître de l’à venir.
Marcher jusqu’à ressentir l’insondable, jusqu’à lâcher les liens de l’entendement.
Marcher pour affirmer la verticalité de l’être.
Pour l’établir entre Terre et Ciel.
Pour proclamer l’Homme debout, quelle que soit la posture manifestée. Enfance, dépendance, exclusions, exils, soumissions, infamies, emprisonnement, maladie, vieillesse.
Marcher pour inviter le Soi, l’Intelligent, le Beau. Marcher pour congédier le meurtre, fut-il politiquement correct, patriotiquement correct ou, pire encore, religieusement correct.
Ainsi, cet été 2016, une marche offerte entre Grenoble et Nice, suite aux dramatiques violences du 14 juillet. Aujourd’hui, les dates, le trajet, les kilomètres, les dénivelés et autres marques du passé se dissolvent dans l’Ici et le Maintenant. Voyage en simplicité, sans blog ni relation presse, à travers cols et vallées en Belledonne, Oisans, Queyras, Ubaye, Tinée et Pays niçois. Voyage hors temps et donc sans destination, qui ne commence ni ne finit. Voyage sans personnage, sans séparation entre marcheur et hospitalier.
Merci aux apparitions de l’amie, notamment les trois derniers jours dans cet espace commun jusqu’au lieu du crime. Merci aux apparitions des balises et des refuges, des bergers et des promeneurs, des soleils et des lunes, des pluies et des vents, des lacs et des torrents, des marmottes et des rapaces, des biches et des renards, des vents dans les mélèzes, des jaunes arnica, des violets aster, des rouges joubarbe et tant d’autres merveilles manifestées en miroir de la montagne vivante que nous sommes ensemble.
Anonyme parmi des milliers d’autres, la bougie, déposée ce 7 août après-midi sur la promenade des Anglais, témoigne de la Vie intemporelle que nous sommes et qui dépasse la notion même de naissance et de mort.
Petit brulot de cire qui affirme que la Lumière est la vraie nature de chacun, en dépit de l’étiquette juge-bourreau-victime qui nous colle à la peau
Juley Juley ! Nouée autour d’une rose rouge, une Kata offerte au vent niçois, petite écharpe blanche, symbole de longue vie. Venue du Ladakh, elle voulait signifier que « Si, c’est vrai qu’il y a des gens qui s’aiment », que si les enfants de Nice et de l’Himalaya « sont tous les mêmes, alors il faudra leur dire… juste un regard, facile à faire, un peu plus d’amour que d’ordinaire ».
Enfin, nous avons plongé le petit moi mortel dans la Grande Bleue.
Dans les traditions anciennes, quand la Vie conduisait le guerrier à tuer l’ennemi, il devait alors se purifier, plonger dans l’eau sacrée, comme pour prévenir l’âme de ne pas s’identifier à la mort du corps.
Ainsi avons-nous demandé à la mer de nous laver de tous les meurtres que nous avons laissé se perpétrer sur la planète en notre nom, notamment en raison de notre croyance en la dualité. Ainsi, les yeux bras et cœur ouverts à Ce qui traverse l’âme, main tenant, éternel observateur de l’Invisible. Om Shanti ! Shalom ! Salam ! Amen !
ATMA
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Faire confiance à la vie…
Faire confiance à la vie ne veut pas dire que vous serez riche et belle éternellement – cela c’est la version commerciale de la confiance en la vie
Faire confiance en la vie c’est faire confiance au fait que les guerres et les drames rejoignent cette interrogation profonde qui vous amène à cesser de prétendre être quelque chose.
Eric Baret
Les mots d’accompagnement
Cher André.
Que mon admiration et ma gratitude soutiennent ta marche. Puissent tous les paysages et les visages qui entrerons dans ton espace te remplir de joie et de courage. Avec toi dans le cœur.
CatyQuelques mots de Lanza del Vasto pour t’accompagner
Va, fou, mets-toi donc en marche avec toute ta vie, et que la route fasse chanter ton corps de roseau sec et tes jambes de vent !Les ombres des nuages passant sur les vagues de la mer, est-il un fou qui veuille en faire collection ? Allons-nous perdre notre temps, ou pour mieux dire notre éternité, à conserver dans la mémoire ce qui se passe dans le temps ? Souvenons-nous plutôt de l’être. L’être ne passe pas. Ce qui passe n’est pas. Cela ne fait que paraître. Comme le rêve à un dormeur. Et c’est le propre du dormeur d’ignorer qu’il dort et de croire à ses rêves.
Vagabond, sache la dignité de l’acte vertical uniquement humain qu’est la marche. Se tenir debout n’appartient qu’à l’homme. Même les oiseaux du ciel sont assis sur leurs pattes et couchés dans leurs ailes pour le vol. Et bon voyage à l’homme debout. Hervé
Le plaisir est partagé. Mes pensées accompagneront ta marche en août, si tu le veux bien, dépose une caresse pour moi sur les plages de la ville qui m’a vu naître, et mange une part de Socca pour moi. Poutou et sérénité. Julie
Merci de ton message. C’est en mettant de la lumière dans nos actions que la douceur peut se répandre dans le monde. Voir qui nous sommes vraiment est essentiel et influence le monde en profondeur. Tiens-nous au courant de ta marche immobile. Amitiés. José
Merci André, c’est vraiment une très belle idée. J’ai beaucoup écouté le mantra que nous avions chanté tous ensemble « gate gate paragate parasamgate bodhi svaha » aujourd’hui mais je pense que mon message préféré pour tous ceux de Nice et d’ailleurs est le mantra que j’avais déjà demandé jeudi soir. Peux-tu le dire pour moi quand tu seras à Nice ? « lokah samastah sukhino bhavantu » Merci à toi et à ta compagne pour cette très belle initiative.
Om shanti – SylvieCher André, Je te confie ma prière afin que tous les êtres sans exception trouvent en eux la paix du cœur de leur vivant. Magali
Cher André… Que la Lumière et la Transparence t’accompagnent à chaque instant… toujours le MÊME… Celui de l’Immobilité Absolue, que nous avons expérimentée lors d’un exercice de notre cher Douglas. Bon voyage dans l’Immobilité de l’ÊTRE et la Présence à ce que nous sommes vraiment et toujours, même si nous ne le savons pas ou ne l’expérimentons pas. Avec toute mon amitié. Nicole
Cher André, Avant ton départ demain, je voulais souhaiter que cette marche soit belle, simple et silencieuse, comme tu sais l’être. Je t’accompagnerai discrètement sur ce chemin. Je sais que tu n’en feras pas un truc spécial. L’envie de te mettre en marche t’a pris après les événements de Nice. Ainsi soit-il ! Je t’embrasse et te serre dans mes bras. Va, le chemin t’appelle ! Anne