FOCUS – La nouvelle édition de Musée en musique promet encore de beaux rendez-vous musicaux à partir de septembre au Musée de Grenoble. Déroulé et temps forts de l’année à venir, organisée autour de plusieurs cycles : Peinture et musique, Midis en musique, Jouer les mots et Les insolites.
De la musique, et un lieu qui s’y prête bien. La nouvelle saison de Musée en musique s’annonce riche et variée. L’association, créée en 1994, affiche clairement ses objectifs : contribuer au rayonnement culturel du Musée de Grenoble, faire communiquer arts plastiques et musique et participer au développement musical de la région. Avec une volonté : élargir le public. L’an passé, près de 7000 spectateurs ont arpenté le musée en quête de musique, au cours de 28 concerts. Cette année, 32 prestations sont prévues, sans compter diverses rencontres organisées.
La 3e édition de la Folle Nuit de Grenoble, prévue le vendredi 10 février à 18 h 30 et le samedi 11 février de 11 heures à 22 heures, sera dédiée à Beethoven. Au programme : œuvre pour piano, pour musique de chambre – sonates pour violon et piano, pour violoncelle et piano, quintettes et quatuors à cordes.
« ON NE PEUT CONFONDRE UNE ŒUVRE DE BEETHOVEN AVEC UNE AUTRE »
Bernadette Lespinard, musicologue membre du comité artistique :
« Outre la douleur, la souffrance de la surdité et sa difficulté à communiquer, Beethoven est un homme très profond et en même temps odieux du fait de son handicap. Quelqu’un aux intérêts très divers, dont la politique. Il s’intéresse beaucoup aux mouvements révolutionnaires en Europe, aux Carbonari en Italie, au conflit entre les Grecs et les Turcs…
Par ailleurs, sa musique ne ressemble à nulle autre. On ne peut confondre une œuvre de Beethoven avec une autre, contemporaine. Dans la génération qui précédait, tout sonnait pareil, d’une symphonie à l’autre.
Avec Beethoven il y a une individualisation de l’expression. L’écoute de sa musique est subjective, elle parle à celui qui l’écoute. C’est pour ça qu’il a été considéré comme un romantique même s’il ne l’est pas du tout. »
Peinture et musique
« Le blanc sonne comme un silence, un rien avant tout commencement », disait Vassily Kandinsky. Des performances mettront en lien musique et peinture pour les faire communiquer. À l’image de l’improvisation de Jean-François Zygel, pianiste improvisateur et compositeur, sur des tableaux de Vassily Kandinsky.
Cet artiste russe, appartenant aux mouvement de l’art abstrait, avait d’ailleurs lui-même théorisé sur les formes, les couleurs et les sons.
Le nom des tableaux de l’artiste montre son intérêt pour la relation entre la peinture et la musique : Composition, Improvisation, Impressions. Certains spécialistes comparent les Compositions à des concertos. Quant aux Impressions, ils auraient été peints lors de l’écoute de morceaux spécifiques.
Les Midis en musique
Du classique au jazz en passant par la musique du monde. Les Midis en musique sont l’occasion de découvrir des répertoires variés. Cette année, l’Italie, Malte et la Slovaquie seront à l’honneur.
D’autre part, un hommage sera rendu à Barbara, artiste à la voix inimitable, pour le 20e anniversaire de sa mort, le jeudi 16 février. Ses chansons seront reprises à plusieurs voix et instruments pour faire parler ses textes emprunts de sentiments.
Le duo Karamande, projet réunissant la violoncelliste Amandine Lefèvre et le pianiste jazz Karim Maurice, fera un voyage du baroque au jazz, en passant par les nombreux points communs qui existent entre ces deux répertoires, et les liens entre l’improvisation en classique et en jazz.
Karim Maurice présente ce duo : « On a décidé de créer un répertoire qui mélange un peu toutes les époques et que ce soit une rencontre. Il y aura des compositeurs classiques qui seront adaptés et tirés vers le jazz, alors que la violoncelliste sera dans une démarche baroque, classique. On prendra donc des compositeurs de jazz, de type Duke Ellington, et on fera l’inverse. »
Le pianiste Karim Maurice, récompensé au Made In New-York Jazz Competition, a partagé une de ses compositions avec la presse lors de la présentation de Musée en musique 2016 – 2017, le 9 juin dernier. A écouter ci-dessous, sur fond d’images tournées au Musée de Grenoble :
Jouer les mots
Les mots s’invitent dans le cadre du rendez-vous entre musique et théâtre, musique et philosophie. Pour le 400e anniversaire de William Shakespeare, Daniel Bougnoux, philosophe, viendra présenter son ouvrage sur le poète, dramaturge et écrivain.
Un théâtre musical prendra forme suite à cette présentation pour se poser la question : qu’est-ce que l’homme ? C’est entre le monde des humains et celui des fées que le lutin Puck (appartenant à la mythologie irlandaise) nous amènera à méditer sur la condition humaine au fil de ses transformations.
Le deuxième rendez-vous de ce cycle Jouer les mots sera l’occasion d’appréhender Frank Litz. « Inventeur du récital et compositeur révolutionnaire, il est le premier à jouer par cœur, à rentrer seul en scène, à placer le piano et à l’ouvrir. C’est un génie absolu. » C’est ainsi que le décrit Pascal Amoyel, pianiste qui se fera comédien pour cette découverte de Litz.
Enfin, Raphaël Enthoven, philosophe et présentateur de l’émission Philosophie sur Arte, viendra le jeudi 13 avril 2017 réciter Montaigne, Rabelais, Montesquieu, Rousseau, Diderot et Voltaire, sur la musique de Bach, Ravel et d’autres, interprétée par la violoniste Geneviève Laurenceau.
Les insolites
« Ce sont trois propositions qui bousculent le concert en proposant des formes changeantes, inventives et originales. » Vexations d’Erik Satie est, en effet, une forme originale de concert qui durera treize heures ! La même partition sera jouée 840 fois par vingt pianistes. A la clef, une perte des repères perceptifs habituels, un affranchissement de notre conception linéaire du temps musical. Une vingtaine de peintres réaliseront autant de toiles, en parallèle de cette performance.
Les ombres errantes, en partenariat avec l’auditorium du Louvre et le Cercle de Bernard Lazare, sera une rencontre entre le piano et les ombres chinoises. Alors que le pianiste israélien Iddo Bar-Shaï interprétera du François Couperin, l’ombromane Phillipe Beau fera pénétrer les spectateurs dans l’univers intime et délicat du compositeur du XVIIIe siècle.
Une sieste musical clôturera le cycle Les insolites, en présence des Sparkling Voices, quintette vocale jazz.
Julien Deschamps
« LA MUSIQUE TRAVERSE LES GÉNÉRATIONS, LES MENTALITÉS, LES MILIEUX SOCIAUX… »
Pascale Galliard, présidente de l’association Musée en musique, décrit le rôle et l’objectif de ces prestations musicales.
Nul besoin d’être spécialiste pour aimer la musique en général, pas plus que la musique traditionnelle ou populaire. La musique est quelque chose qui traverse les générations, les mentalités, les milieux sociaux… C’est ce que nous essayons de faire.
Nous rencontrons à l’auditorium toutes les générations : des étudiants, des personnes qui travaillent, des retraités… Tout ça se croise de façon très facile dans cette salle de 300 places, capacité idéale pour se tenir chaud et partager.