FOCUS – La 36e édition du Festival Jazz à Vienne débutera le 28 juin prochain sous les meilleurs auspices : taux de fréquentation record l’an passé et doublement de la subvention de la Région cette année, permettant une rallonge de quelques jours (le festival s’achève le 15 juillet) ainsi que la programmation de quelque 1000 artistes… D’où la nécessité d’opérer une sélection. Voici nos coups de cœur.
La 36e édition du Festival Jazz à Vienne – qui se tient du 28 juin au 15 juillet – affiche fièrement ses chiffres. Plus de 200 concerts et plus de 1000 artistes, toutes scènes confondues. Et plus de 200.000 festivaliers en 2015, ce qui en fait le 1er festival de la région Auvergne-Rhône-Alpes et le 4e festival de musique de France en matière de fréquentation.
Chiffres auxquels on ajouterait bien le doublement de la subvention régionale reçue par le festival cette année – soit un total de 150.000 euros – sur décision de Laurent Wauquiez, nouveau président de la région Auvergne – Rhône-Alpes. Ce dont se félicite Thierry Kovacs, président du festival, maire de Vienne, conseiller régional depuis 2001 et président du parti Les Républicains en Isère depuis janvier 2016.
Quoi qu’il en soit, si le festival se place bel et bien du côté du quantitatif avec ses 1000 artistes programmés, il n’en reste pas moins que le qualitatif est aussi de la partie. Voici donc notre sélection, éminemment subjective, dans deux des trois scènes du festival : le mythique Théâtre antique, qui a vu passer les plus grands jazzmen, et le Club de minuit, plus intime.
Le Club de minuit dans le Théâtre de Vienne
Si le gigantisme du théâtre antique vous effraie, les concerts gratuits du Club de minuit – dans le Théâtre de Vienne, qui a conservé son architecture de théâtre à l’italienne – offrent une toute autre intimité. Deux propositions nous ont tapé dans l’œil.
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Vendredi 1er juillet : le duo Roberto Negro / Théo Ceccaldi
Ce n’est pas par chauvinisme – Roberto Negro a vécu quelques années à Grenoble – que nous nous arrêtons sur ce duo piano (Roberto Negro) et violon (Théo Ceccaldi).
Les deux talentueux compères entretiennent une intense complicité, leur permettant d’improviser à l’envi. Le programme qu’ils proposent pour Jazz à Vienne n’est pourtant pas entièrement improvisé, ni vraiment jazz, du reste (le festival se veut plus large que cela).
« Notre programme s’appelle « danses de salon ». On est allé piocher des danses comme la scottish, la gigue ou la gavotte, qu’on a complètement détournées pour les insérer dans un concert improvisé », nous renseigne le pianiste Roberto Negro.
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Mardi 5 juillet : Blick Bassy
Les mélodies de ses ballades, à l’instar de sa voix discrètement perchée, sont d’une douceur inoubliable. Produit par l’excellent label Nø Førmat, l’album du Camerounais Blick Bassy est composé de pures perles. Leur simplicité apparente cache un travail de composition et d’écriture d’une grande finesse. Le titre de cet opus, Akö, est le surnom que se donnent les vieux entre eux au village, chez les Bassa, sa terre familiale. Un blues envoûtant d’une rare élégance.
Au Théâtre antique
Moins intime l’ambiance du Théâtre antique ? Sans doute. Mais non moins intense si l’on en croit Claude Nougaro qui, lors de sa dernière venue à Vienne en 2001, a dit être très ému de chanter devant ce « mur d’humanité ».
L’un des temps forts qu’on a repérés au milieu de cette avalanche de têtes d’affiches plus ou moins jazz (Goran Bregovic, Caravan Palace, Diana Krall ou des légendes telles que Chick Corea et Buddy Guy) est la journée du 29 juin. Il s’agit d’un hommage rendu à celui qu’on surnommait le « James Dean du jazz » : le trompettiste Chet Baker. Des artistes aussi divers que Yael Naim, Piers Faccini (non moins beau que le célèbre trompettiste) ou Oxmo Puccino seront de la partie. Tous ont participé à la réalisation de l’album Autour de Chet.
On se réjouit de retrouver un autre trompettiste, bien vivant celui-là. À la différence de Chet Baker, son instrument à lui est doté d’un piston supplémentaire – sur une idée de son génial papa – de façon à pouvoir jouer les quarts de ton, qui font toute la richesse de la musique orientale.
Ibrahim Maalouf – car c’est bien de lui qu’il s’agit ! – est absolument incontournable depuis quelques années, présent sur toutes les scènes – trop peut-être ? Il interprétera le répertoire de ses deux précédents albums, à la beauté indéniable. En habitués du festival viennois, sa merveilleuse trompette et lui-même ouvriront les festivités le mardi 28 juin.
Adèle Duminy