FOCUS – Les professionnels des filières sport, loisir et « santé – bien-être » se sont réunis ce jeudi 16 juin, lors de la 7e édition de la journée Inosport, au Campus de la Brunerie, à Voiron. L’occasion de partir à la rencontre des nouvelles technologies au service des pratiques sportives. Zoom sur les entreprises innovantes SquadRunner et Holodia et les lauréates régionales Rip’air et eBikeLabs.
Qu’ont en commun le sport, les technologies et les jeux vidéo ? Pour y voir plus clair, il fallait aller, jeudi 16 juin, du côté de Voiron, à la Brunerie, où se tenait la 7e édition de la journée Inosport.
Dédiée aux professionnels des secteurs du sport, du loisir et de la « santé – bien-être » afin d’anticiper les évolutions du marché, cette rencontre était aussi l’opportunité de découvrir les nouveautés dans le domaine sportif.
Car, dans ce domaine, de plus en plus de technologies font leur apparition, notamment pour rendre plus attractives certaines pratiques sportives jugées répétitives ou ennuyeuses. Faire un match entre amis s’avère ainsi souvent plus stimulant, notamment socialement, qu’aller courir seul après le travail. La technologie pourrait-elle donc rendre plus ludique la pratique de l’exercice physique ? C’est en tout cas l’objectif que se sont fixé SquadRunner et Holodia, deux jeunes entreprises françaises du secteur des technologies appliquées au sport, présentes à la journée Inosport.
SquadRunner : une application pour courir en équipe
Basée à Paris, SquadRunner développe une application sortie il y a huit mois et conquiert de plus en plus d’adeptes de la course à pied. SquadRunner, « c’est la première compétition internationale de course en équipe », nous explique Brice Chapignac, cofondateur de l’entreprise.
Présents dans 85 pays avec environ 7500 km au total parcourus chaque jour, les participants forment des équipes avec leurs amis, leurs familles ou collègues de travail qui ont l’habitude de courir mais ne peuvent pas forcément le faire ensemble, à cause du temps ou de la distance.
« A chaque fin de mois, les meilleures équipes de la planète montent en ligue supérieure et les moins bonnes redescendent en ligue inférieure. » Le concept de l’application reprend ainsi le mécanisme du football pour l’appliquer à la course à pied. Tous les membres font gagner des points à leur équipe à chaque fois qu’ils courent.
Comment ? L’application est dotée d’algorithmes intelligents qui permettent de « maximiser la motivation ». Et pour cause, Brice Chapignac et les deux autres fondateurs sont ingénieurs de formation.
Holodia : le sport en salle avec des environnements virtuels
Firme strasbourgeoise créée il y a trois ans, Holodia surfe sur la vague de la réalité augmentée et sur l’influence grandissante des lunettes dédiées à ces nouvelles expériences virtuelles.
« La réalité virtuelle assis dans son canapé, ça ne marche pas. Il y a des problèmes de nausée », nous confie Olivier Zitvogel, fondateur de l’entreprise Holodia.
Le chef d’entreprise s’est posé une question simple : qu’est-ce qui permet d’être en mouvement, et en même temps de faire du surplace ? La réponse lui serait venue lorsqu’il était dans une salle de fitness.
Équipée du Holofit, lunettes de réalité augmentée couplées avec un ordinateur, la personne pratique son sport en salle ou chez elle, sur un rameur, un tapis de course ou un vélo d’appartement, tout en voyant défiler des environnements virtuels.
Motiver ceux qui n’aiment pas le sport en salle ?
Pas toujours aisé de trouver la motivation nécessaire pour faire du sport, en dépit des multiples campagnes de sensibilisation à la pratique sportive. « Courir seul ou pratiquer un sport seul est de moins en moins apprécié », observe Brice Chapignac, le patron de SquadRunner.
Pour lui, les habitudes sont en train de changer. Ce qui est nouveau, c’est de vouloir pratiquer en groupe des sports qu’on avait l’habitude de pratiquer seul.
« Les groupes de sport se multiplient. On le voit à New-York, à Paris, avec des séances de running [course à pied, ndlr] qui s’organisent tous les soirs. »
S’il pense que la pratique du sport en extérieur sera toujours préférée à celle en salle, Brice Chapignac mise néanmoins sur cette dernière. « En intérieur, les pratiquants n’ont pas de décor qui défile. Le produit en tant que tel peut motiver des gens qui n’aimeraient pas le sport en salle ».
« Ludification » et performance
L’application SquadRunner et le Holofit ont, par ailleurs, en commun le fait d’intégrer des éléments de gamification, ou ludification en bon français. Ce terme ne vous parle pas ? Il s’agit de s’appuyer sur la prédisposition humaine au jeu pour obtenir des comportements actifs et impliqués sur des tâches considérées comme sans intérêt ou rébarbatives.
Pour Olivier Zitvogel, ces éléments de ludification permettent d’accroître la motivation à l’effort et de renouveler la séance. « On constate que les gens oublient qu’ils sont en train de faire du sport. Le temps passe beaucoup plus vite. Ils vont faire une séance de 25 minutes, en pensant en avoir fait 5. »
Dimension ludique et système de récompense seraient donc les moyens d’arriver à dépasser l’aspect rebutant lié au fait de ramer sans jamais avancer d’un pouce. Voire d’accroître les performances.
Un constat partagé par Brice Chapignac : « Suite à la lecture de recherches sur la motivation, nous avons compris que c’était dans l’adversité, le collaboratif et la gamification qu’il fallait aller chercher de la motivation ». Partager sa course et recevoir quelques blasons, comme le proposent d’autres applications, sont donc loin d’être suffisants pour lui. « Je pense que c’est du saupoudrage de social et de gamification. L’idée de SquadRunner est vraiment de jouer la carte du collaboratif et de l’adversité. »
Vers toujours plus de technologies dans le sport ?
La technologie est-elle amenée à prendre une place croissante dans la pratique sportive ? « La technologie est toujours au service de la réalité. Elle est là pour pallier des impossibilités. Je ne vois pas le problème à ce qu’il y ait de plus en plus de technologies dans le sport et, en même temps, je pense que dans bon nombre de sports, les gens s’en passeront très bien », estime Olivier Zitvogel.
Brice Chapignac envisage même un retour en arrière. « Cela ne m’étonnerait pas qu’on revienne à des mouvances « stop la technologie ». L’alimentation industrielle était très en vogue dans les années 70, 80 et 90. Aujourd’hui, les gens reviennent aux choses essentielles et originales. Il pourrait y avoir un trop-plein de technologies et que les gens en aient ras-le-bol. »
Julien Deschamps
RIP’AIR ET EBIKELABS, DEUX LAURÉATS LOCAUX DES PRIX INOSPORT 2016
Le prix Inosport Design a été remporté par l’entreprise Rip’air, basée en Haute-Savoie, qui propose une voile de glisse permettant une nouvelle pratique du ski : la Wingjump.
Cette voile, qui se porte comme un vêtement, forme un profil aéronautique tout en allégeant le skieur. Très ludique et accessible à tous, elle permet d’allier glisse et jeu avec l’air, tant sur le domaine skiable qu’en hors-piste.
Après environ 500 essais réalisés cet hiver avec des professionnels, des écoles de ski et des débutants, la voile sera commercialisée l’an prochain.
400 utilisateurs eBikeMaps sur Grenoble
Le prix spécial du Pays voironnais a été attribué à la société meylanaise eBikeLabs pour son contrôleur eBikeMaps. La société développe une plateforme communautaire dédiée aux usagers du vélo électrique, et présélectionne des modèles adaptés à chacun parmi les 3000 qui sortent chaque année.
D’autres services permettent à l’usager de calculer son itinéraire en fonction du dénivelé, de ses caractéristiques physiques, et de l’autonomie de la batterie.
La communauté eBikeMaps compte 400 utilisateurs sur Grenoble, soit 10 % des personnes possédant un vélo électrique. L’entreprise envisage de se développer au niveau national, voire européen, si l’expérience locale réussit.